Le Mystère de l'abbaye
sur Arnheim
Contient : noms (2)(...) Les abbés qui s'étaient succédés à la tête de la communauté avaient souvent essayé de couper court aux rumeurs mais les paysans de la contrée, qui raffolaient des histoires dans ce genre-là, s'étaient transmis l'anecdote de génération en génération, conférant à l'abbaye une réputation inquiétante collant assez mal à l'image habituelle d'un lieu consacré. A force de recherches, frère Torradan avait retrouvé lesnomsdes trois moines et les dates de leurs disparitions. Le premier, frère Archibald, un enlumineur d'une soixantaine d'années, avait disparu autour de l'an 1100. (...)
Torradan lisait avec curiosité, une curiosité presque malsaine selon les préceptes qui avaient guidé son éducation religieuse ; mais la volonté de savoir était plus forte que l'interdit et bien avant lui de nombreux érudits de l'Eglise s'étaient penchés sur toutes sortes de récits atroces qui ne faisaient que révéler, par leur horreur, combien l'âme de l'homme est indigne de son créateur et combien l'être humain a besoin de la rédemption divine. Le manuscrit mentionnait toutes sortes de légendes grotesques et terrifiantes, où des dieux auxnomsabscons combattaient entre eux et où les vaincus, précipités du haut du ciel, étaient exilés sur Terre par leurs vainqueurs, ruminant leur vengeance pendant des éons dans les abîmes obscurs qui étaient leurs prisons. (...)En cette veille de Noël 1226, la neige était tombée en abondance sur Inverness et s'était accumulée sur les toits de l'abbaye de Saint André. Depuis deux bons mois, les moines avaient troqué leurs traditionnelles sandales contre des chausses rembourrées de laine, bien plus confortables et surtout bien plus chaudes. Les heures passées dans le scriptorium ou dans le froid de l'église, sans bouger de son siège, étaient assez éprouvantes et malgré l'approche de la grande messe de minuit, les esprits ...