Natis, la cité pensive
Contient : funèbre (3)(...) Il n'y a pas de bourreau à Natis. Lorsqu'un criminel est condamné à mort, il est conduit en processionfunèbrejusqu'à la Place Aimée, au pied du Château du même nom. Les juges brûlent devant tous le nom du condamné, tressé avec du chanvre, du lin, de la soie ou de l'or, selon son rang. (...)
Ils n'en sourient même pas, leurs manières font comprendre que ce n'est plus le lieu ni l'heure de se soucier de ce qu'on trouve au-delà de l'au-delà. Le pays des Morts est un lieu éprouvant : le conformismefunèbrepèse lourd. Il ne saurait être question qu'un Mort passe au pays des vivants. Grave entorse à l'ordre des choses ! (...)
Bien à part, on trouve la masse des Morts sans sépulture. Les Morts plus besogneux échangent le produit de leur artisanat (funèbre, bien entendu) comme des offrandes raisonnables, des fèves et du pain parfois un peu rassis. (...)Pour peu qu'il y passe une semaine, le voyageur, même le moins poète, ne tarde pas à sentir d'étranges nostalgies. Natis... Naguère l'orgueilleuse capitale d'un royaume chevauchant en maître Ménuzith, la Coralie et la Corbuzée, Natis n'est plus que l'ombre d'elle-même. Ses fiefs méridionaux ont été balayés comme châteaux de cartes par l'immense Urbis, les royaumes guerriers du Gandusran lui ont brisé les reins, la diplomatie vénéneuse de Zardonica a assoupi son cœur et l'a enchaîné... Les marchands ...