Sucrée Maison
L'auberge. Et alors ? On y passe, on y lape un brouet qui tue la faim, on y tombe de sommeil. On la quitte bientôt, avec pour souvenirs le dessin de l'enseigne, le minois d'une servante, le goût d'une sauce : d'autres auberges vont suivre, qui vont se confondre avec celle-là. Bien sûr, quand on rencontre d'autres gens du Voyage, les soirées à l'auberge prennent de la saveur. Chacun y va de son histoire incroyable, de sa fanfaronnade, de sa brève de voyage. Une bonne occasion pour faire briller les ...Contient : aide (5)(...) Il est évident que ces trois-là ont dû s'éloigner trop vers l'intérieur des terres pour avoir la force de revenir : à moins de recevoir de l'aide, ils sont condamnés. Il serait facile de leur apporter des soins. Mais franchement, des Sagouins malades, c'est bien fait. (...)
Si les Voyageurs désemparés ne font pas demi-tour vers l'étrange auberge, si leur compagnon n'a aucun moyen (magique) de les appeler à l'aide, ils ne le retrouveront sans doute jamais dans ce rêve... Car pendant ce temps, le malheureux Voyageur s'est éveillé, frais et dispos, dans un lit. (...)
Les Voyageurs peuvent toujours se dire que les Sagouins tuent de toutes façons bien plus à chaque heure qui passe, dans l'immensité des rêves ; que le duc, pour une obscure raison politique, pourrait même refuser de l'aideau seigneur de Barembise... Jésuitisme. Les Voyageurs savent bien de quoi il retourne. Leur liberté ou un demi-millier de vies d'inconnus ? (...)
Aussi y a-t-il de quoi sourire quand la fille, apercevant les Voyageurs, s'agrippe à l'un d'eux : 'Monsieur, monsieur, il faut venir à notreaide! Mon frère (son frère !) et moi sommes en danger. Nous n'avons pris aucune nourriture depuis la veille au soir, nous sommes las, nos chausses sont usées (elle l'appuie en soulevant un peu ses jupes, juste assez pour qu'on voit un mollet à croquer. (...)
Mais bientôt, surtout si la gentillesse galante d'un Voyageur ou la douceur d'une Voyageuse confidente (ou plus ?) l'yaide, elle a repris courage. La raccompagner à Sarume ? Non, jamais ! Elle est déshonorée, on la ferait murer vive. (...)