Drôle de Pont
Ce scénario convient à toute espèce de Voyageurs, qu'ils soient aguerris ou non, deux ou six, haut-rêvants ou non : il faut surtout faire preuve d'astuce pour démêler l'affaire du pont, et il est même possible de la résoudre sans avoir à tirer l'épée. Le Gardien des Rêves dispose d'une grande latitude pour tirer l'histoire vers ce dont lui et ses joueurs ont envie : roleplay intense avec les Capricieux, enquête en ville, poursuite le long de l'eau, fracas et action... Il est même possible de raccourcir ...Contient : donjon (19)(...) La cité est ceinte de murailles trapues en pierres plates consolidées de tours en rondins. Sur la rive droite on trouve undonjonen pierre de taille - demeure et fierté du bicomte - ainsi que les greniers de la ville, le marché et le moulin. (...)
La nouvelle a éclaté dès mi-Château dormant, rapportée par des pêcheurs venus relever leurs nasses. Dès le lever du jour, toute la ville, des plus vils croquants jusqu'au bicomte au sommet de sondonjon, contemplait ce qui n'était plus là : sur chaque berge ne restaient plus du pont que des moignons, et dans la Sournuse, plus rien de visible, pas de piliers brisés, rien. (...)
Et pour cause : ce sont des ouvriers de la pierre appelés par le bicomte pour ravaler la face sud duDonjon, endommagée par un ouragan pendant l'hiver. Naturellement, on se gêne pas pour dire que ces foutus Cornaillers ont été appelés pour refaire le pont, ce qui prouve qu'il y a complot depuis le départ. (...)
Les Voyageurs pourraient d'ailleurs le faire chanter pour l'obliger à les aider, s'ils ne trouvent pas moyen de s'entendre (ce qui vaudrait mieux, car un tel ami est précieux). Les gens duDonjonconnaissent Bruyère, et celui-ci peut facilement y avoir des entrées s'il révèle son identité, en l'échange d'un seul concert. (...)
Si l'un d'eux épouse une fille, ou s'ils paient, ou encore s'ils promettent de ramener le pont (donc les Capricieux) et paraissent crédibles, la Goulue peut les faire profiter de bruits en provenance duDonjonet de la rive droite en général, ce qui évitera aux Voyageurs d'avoir à traverser. Au Gardien des Rêves de juger de la teneur et de la qualité des informations obtenues. (...)
Le bicomte et sa maisonnée (une quinzaine de personnes en tout) mettent un point d'honneur à ne pas fréquenter la rive gauche, même pour les chasses. Les Voyageurs, simples vagabonds, ne peuvent espérer accéder auDonjonet ses habitants qu'avec de sérieuses raisons (entrave à la justice, capture du Drôle, proposition crédible). Enquêter auDonjonest délicat, la maisonnée est unie autour du blason bicomtal et il y a peu de prises pour la corruption ou la manipulation. (...)
Il n'a pas de respect particulier pour le pacte très ancien passé avec eux : un futur gouverneur doit savoir mépriser l'inutile. Les valets duDonjonpeuvent témoigner du départ du chevalier Jancrède (voir plus bas) duDonjonla nuit précédant la Disparition, début Roseau. Cette absence a été justifiée par une ronde exceptionnelle de nuit dans la ville que personne n'a été vérifier (le chevalier est gratuit, on ne va pas le contrôler en plus). 2. Le maître architecte Santro Morabocci est logé auDonjondepuis près d'un an. Il porte un peu de la grandeur d'Esparlongue avec lui, et le bicomte y a été très sensible. (...)
Ce qui n'est pas pour plaire à la maisonnée du bicomte, à commencer par son épouse, mais aussi son fils Estol et son veneur. Il est donc possible d'entendre beaucoup médire de Morabocci auDonjon, sauf en présence de l'intéressé (ou de son bicomtal protecteur) : on commente son orgueil d'ingénieur, sa prestance déplacée, on suggère qu'il se livre à des pratiques magiques et sodomites (alors qu'il n'est pas haut-rêvant). (...)
C'est un sbire efficace, mais pas infaillible, qui peut même finir par informer des Voyageurs débrouillard au sujet du Projet. 3. Le noble Jancrède de Sorbeville est arrivé à Guessambre une semaine plus tôt. Reçu auDonjon, esprit de caste oblige, Jancrède a immédiatement plu au bicomte quand celui-ci a compris que loin d'être un de ces chevaliers pique-assiettes qui aujourd'hui pulullent, Jancrède était un véritable chevalier errant, féru de justice et insoucieux de richesse. (...)
Jancrède a accepté, car il est toujours impécunieux, et il s'acquitte de sa tâche avec toute sa loyauté et sa prestance. Il bénéficie de l'hospitalité duDonjonpour lui, son cheval et son écuyer Trèfle. Jamais le chevalier n'aurait la vulgarité de réclamer un légitime salaire pour son office - ce serait manquer de respect au bicomte et à lui-même. (...)
S'il est venu à Guessambre, ce n'est pas en cherchant aventure mais pour honorer un contrat : il devait pourfendre le Drôle sous le pont. Obtenir un office auDonjonlui a permis d'avoir une liberté de manoeuvre parfaite. La nuit précédant la Disparition, Jancrède a rejoint un passeur des Radeaux qu'il avait loué auprès de mère Marmite (voir plus bas) la veille. (...)
Les Guessambriens font le lien entre la capture de ce Drôle (qui est sûrement le leur) et la Disparition, et ce qu'ils en concluent ne va pas plaire aux Voyageurs. Heureusement, le bicomte, lui, est très curieux d'interroger les Voyageurs et les accueillent auDonjonavec leur prise. Il va sûrement écouter les conseils de Morabocci qui propose de l'offrir à Esparlongue, ce qui sera bon pour l'avenir du bicomte. (...)
Une fois l'ordre rétabli, le bicomte interdit les rassemblements près des berges, fait emmener ses précieux Cornaillers auDonjonet renforce la surveillance. Le bicomte peut décider d'organiser un attentat contre son propre bac par ses hommes (des mercenaires sans scrupules) pour pouvoir ensuite accuser les Gens des Radeaux qu'il sent menaçants. (...)
Pour éviter une désastreuse chasse au pont bicomtale, les Voyageurs peuvent songer à une intervention brutale, qui peut être efficace mais leur met tout le monde à dos - les Guessambriens veulent bien se révolter, mais pas qu'on fasse du mal auDonjonet plus particulièrement à leur bon maître (qui est surtout mal conseillé). Les Voyageurs peuvent préférer la pression de la révolte, en conjuguant hucheuses, Gens des Radeaux pour le soutien fluvial et populos guessambriens en colère. (...)
Ceux-ci craignent moins les hommes d'armes que les franc-forestiers, réputés d'une grande sauvagerie (et ils en jouent). Les Voyageurs peuvent donc se faire agitateurs (par exemple en volant auDonjondes plans du Projet, sinon la maquette elle-même, ou des documents prouvant l'invraisemblable coût du Bipont : une fois les papiers lus par un Guessambrien lettré en place publique, la révolte éclate à coup sûr), robins des bois (en neutralisant les forces bicomtales par des coups de main) et manipulateurs (en passant alliance avec le vieux veneur bicomtal, ou en payant les hommes d'armes, ou encore en allant raconter aux franc-forestiers, fausses preuves ou faux témoins à l'appui, que le bicomte compte employer des mercenaires d'Esparlongue pour les remplacer). (...)
Peut-être les rumeurs selon lesquels la Gueulante serait fille des Gens des Radeaux, déchue pour s'être rendue à terre par amour, est vraie. On dit aussi que cet amour logeait auDonjon. Laissez ce mystère où il est si vous craignez la jalousie des Voyageux et les dagues des sbires. (...)