L'aumônière écarlate
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Contient : estrella (24)(...) Mon oncle le prit sous son aile et Domenico intégra l'école d'escrime de Gallegos. C'est là qu'il rencontraEstrella. Je ne sais comment sont les femmes de votre pays, Frédéric, mais si les Castillianes sont fières, orgueilleuses et passionnées, celles de ma région poussent ces traits à l'extrême. - Et qu'a donc exigéEstrellade ce pauvre garçon ? - Rien, justement ! Elle le considérait comme un cousin, un membre de la famille, rien de plus et cela l'a rendu fou. (...)
- Elle l'a vaincu avec une fourchette, laissa tomber le Castillian d'un ton écoeuré. Une simple fourchette ! Frédéric émit un sifflement admiratif. CetteEstrellaétait peut-être cruelle, mais du moins faisait-elle preuve d'un raffinement dans l'art d'humilier les gens que n'auraient pas dédaigné les membres d'une cour montaginoise. (...)
- Et comment se fait-il que vous ayez combattu ensemble à El Morro ? - Quelques temps après son départ, je me suis violemment disputé avecEstrella. J'ai préféré m'en aller et comme mon cousin repartait au front, je l'ai accompagné. Domenico était quelqu'un de vivant, joyeux malgré ses défauts, avant cet incident. (...)
Si tu t'obstines à garder le silence et à m'injurier, je laisserai vos dépouilles à la merci des vautours qui hantent ces montagnes, je vous jetterai aux chiens sans prière ni sépulture... Alors choisis, mais choisis vite. Le prêtre gémit, puis toussa. Une mousse rosâtre parut au coin de ses lèvres. Il dévisageaEstrellaavec mépris mais c'était tout ce qu'il pouvait faire pour marquer son courroux. Elle ne lui laissait pas le choix. (...)
Avant que nous n'ayons pu faire quoi que ce soit, il était emporté par les courants violents du rio de Dios. Qui sait ? Peut-être a-t-il réussi... - Il ne savait pas nager, coupaEstrella. Que Theus vous pardonne, prêtre. Elle se releva et, d'un seul coup d'épée, lui trancha la gorge. (...)
Alonso, malgré son attachement pour la Castille, malgré sa colère contre l'armée de l'Empereur de Montaigne, ne voyait pas pour quelle raison il ferait de l'ostracisme envers lui - d'autant plus qu'il les avait aidés au mépris de sa vie. SeuleEstrella, pour quelque obscure raison, n'avait pas daigné lui adresser la parole depuis qu'il habitait avec eux. (...)
Et, de fait, Frédéric ne s'en formalisait guère : il avait eu sa part d'aventures romanesques et libertines avant de partir sur le front, se savait assez beau parleur pour obtenir sans difficulté les faveurs de la plupart de femmes, qu'elles soient simples servantes, baronnes, ou duchesses mais entreprendre doñaEstrellaGallegos de Avila ne l'attirait tout simplement pas - ou plus. Il était las de ce genre de défis, n'avait aucune envie de faire des efforts pour une personne certes belle, mais dont le comportement hautain et cruel l'écoeurait. (...)
Mais cette capacité liée au feu... Une voix singulièrement douce le tira de ses pensées : - Pouvez-vous m'accorder quelques minutes ? Il leva la tête. doñaEstrellase tenait devant lui, mais, contrairement à son habitude, elle n'était pas vêtue d'un sombrero, d'une chemise et d'un pantalon moulant de cuir et de hautes cuissardes noires - tenue typiquement masculine qu'elle affectionnait. (...)
Vous aurez donc mon avis, qu'il vous plaise ou non. Il se redressa un peu, rejeta une mèche de cheveux en arrière et continua, les yeux rivés à ceux d'Estrella: - Vous êtes une personne cruelle et trop gâtée. Vous ignorez la tendresse, la compassion et la seule chose qui vous importe est que tout fonctionne selon vos désirs et votre volonté. (...)
Mais il a besoin de temps, de temps et de l'affection d'une soeur. Alors, si donner un peu de vous-même est quelque chose qui vous est impossible, doñaEstrella, du moins essayez de ne pas faire du mal à ceux qui ne le méritent pas. La Castilliane avait écouté sans mot dire, pâlissant à mesure qu'il continuait son discours. (...)
Pedro, l'un des plus jeunes cousins de Lucas, avait apporté sa guitare et jouait un vieil air populaire, accompagné de la voix suave de sa fiancée. Son père, Claudio, un géant fait tout en muscles, eut un sourire rêveur et se tourna versEstrella, qui s'était installée sur un tabouret et aiguisait négligemment sa rapière. - Tu devrais danser pour nous, ce soir. (...)
La soirée est belle... et je crois que notre ami de Montaigne n'a pas encore eu l'occasion de voir ce qu'était un vrai flamenco.Estrellaleva la tête et fixa un instant Frédéric, une lueur étrange dans les yeux : - Cela vous plairait-il, Monsieur ? (...)
Votre frère m'a assuré que vous étiez la meilleure bailadorra du pays... Elle hocha lentement la tête, se leva et disparut dans la demeure. Lucas la suivit longuement des yeux, d'un air perplexe. La danse d'Estrellaétait presque aussi dangereuse que la lame de son épée - et au moins aussi dévastatrice. Par prudence, il se rapprocha de son ami et, se penchant vers lui, lui chuchota, dans le creux de son oreille : - Prenez garde, Frédéric. (...)
Mais je ne pense pas qu'une danse suffise à me faire succomber... Il se trompait. Car le spectacle que lui offritEstrelladépassait tout ce qu'il avait eu l'occasion de voir jusqu'à présent, dans son périple à travers la Castille. (...)
Indécente... C'était en effet l'un des adjectifs qui convenaient le mieux à ces pas gracieux, ces postures déliées et langoureuses, ces contorsions suggestives qui réveillaient en lui un désir violent, animal. Lorsque la Zarabanda s'acheva,Estrellase laissa tomber sur le sol comme une poupée de chiffon, la main tendue vers le ciel comme dans une supplique. (...)
Frédéric ne put s'empêcher d'applaudir à tout rompre les prouesses de la jeune femme, ovation qui fut reprise par l'ensemble de la famille. Les joues rouges, les yeux brillants,Estrellase tourna vers lui avec un sourire éblouissant. - Alors ? - Magnifique ! répondit-il, sans trop savoir si ce compliment s'adressait à sa manière de danser ou à elle-même. (...)
Ses hôtes semblaient avoir retrouvé une bonne humeur et une joie de vivre dont ils ne départirent plus. Et, contrairement à ce que Lucas lui avait dit,Estrellane semblait pas avoir de ressentiment envers lui En fait, son attitude avait changé du tout au tout : elle semblait avoir réfléchi à ce qu'il lui avait reproché lors de leur entrevue et décidé de modifier son comportement en tenant compte de ses remarques. (...)
Frédéric, lui, se sentait irrésistiblement attiré par la belle Castilliane, étonné lui-même de ressentir autre chose que du simple désir pour cette femme... Son étalon gris rouanné s'était arrêté au sommet d'un col encastré entre deux hautes montagnes rouges et grises.Estrellaaimait cet endroit, sauvage et loin de toute présence humaine, qui lui permettait d'embrasser la vallée d'un seul regard. (...)
Cela fait déjà trop longtemps que j'abuse de votre hospitalité. - Ne serait-ce pas lié à ma soeur ? demanda le jeune homme. - Il est vrai que doñaEstrellane me laisse pas indifférent. Elle peut être charmante lorsqu'elle s'en donne la peine... Mais, non. (...)
Je ne pourrai pas vous aider... - Moi, je connais quelqu'un qui en a les capacités. C'était la voix d'Estrella. Aucun d'entre eux ne l'avait entendue arriver, le son des sabots de son cheval avait été étouffé par la terre souple de l'hacienda. (...)
J'ai vu brûler des femmes et des enfants, j'ai vu de valeureux soldats tenter de sauver leurs familles et y laisser leur vie, périssant à leur tour dans le brasier allumé sur l'ordre du Boucher... Oui, doñaEstrella. J'y étais et je n'ai rien pu faire. - Pardonnez-moi, Monsieur. Je ne voulais pas raviver en vous une ancienne blessure. (...)
Et vous étiez probablement trop jeune à l'époque pour comprendre ce genre de choses. - Vous croyez que... Le retour d'Estrellamit fin à leur conversation. Dans sa main, elle tenait une aumônière de soie écarlate frappée du sceau de la famille Zepeda dans sa main. (...)
Quand reviendrait-il dans ces montagnes, chez ces personnes dont il se sentait plus proche que des siens - même si cela n'était pas très difficile... Il ne se souvenait pas qu'il y ai véritablement eu un quelconque esprit de famille, chez lui - à part peut-être occasionnellement lors d'événements solennels... Une main douce et timide se posa sur son épaule. - DoñaEstrella! Vous ne dansez pas, ce soir ? - Je n'ai pas de partenaire, répondit-elle simplement. Que diriezvous d'une promenade, Frédéric ? (...)Une nouvelle de Charlotte Bousquet Rouge, orange, ocre, or... Le corps de la danseuse se tordait tel une flamme au son des tambourins. Sa peau brunie par le soleil se chargeait de reflets cuivrés et ses yeux, noirs, intenses possédaient l'éclat presque insoutenable de la neige des montagnes de la région à leur zénith. Seule au milieu de la piste, elle se laissait porter par la musique, oubliant son public, perdue dans les harmonies des mélodies, de ses rêves, de ce que son âme exprimait ; le ...