Elos la Blanche
sur L' Oiseau Oracle au format (488 Ko)
Contient : foule (9)(...) C'est à ce moment que les moins jolies sont tirées du char par les citoyens, sous les rires et les acclamations de lafoule. Celles-là vont alors cuver leur tristesse plus loin, et certaines d'entre elles, peut-être par dépit, perdent ce jour-là leur innocence. (...)
Le soir venu, les autres, lorsqu'elles ne sont plus que dix-sept, sont menées jusqu'au palais du Grand et Précieux Astrologue. Celui se réunit avec ses pairs, les Précieux Astrologues, et accompagnés de lafouleporteuse de torches, ils se rendent jusqu'à la Colline aux Observatoires. La nuit durant, ils étudient les étoiles et au matin, alors que quelques derniers fêtards s'ébattent sur les pelouses de la colline, ils rendent leur verdict et désignent celle qui sera reine d'Elos. (...)
Le premier jour du mois de la couronne, au matin, tous les Précieux astrologues de la cité viennent près de l'enclos du Précieux Cheptel, et avisent l'animal le plus robuste, qui est mené par lafoule, en une joyeuse féria, sur l'esplanade du palais de la Reine. La future Reine, durant la matinée, s'est préparée en public, avec l'aide de ses suivantes. (...)
Ceci fait elle revêt une ample houppelande blanche dans l'attente de son terrible amant. Ce dernier arrive sur la place les naseaux frémissant, l'écume aux lèvres. Lafoulemuette boucle l'esplanade et retient son souffle. L'animal épuisé par sa course se laisse alors guider par les femmes qui le mènent à l'intérieur du palais. (...)
Alors, à la lueur des torches et des flambeaux, en hurlant, en longues processions de visages sévères, les citoyens d'Elos se massent devant le Palais de sa Grande Préciosité. Lafouletrépigne, quelques lanternes viennent se briser contre la façade du Palais. Puis il paraît et le silence se fait. Seul sur le balcon, il se tient droit face à lafoulemuette. Lentement il lève les bras, comme crucifié, et d'un bond se jette dans les bras de ses enfants. (...)
Le cortège part du port ou de l'une des portes de la cité pour se rendre Place du Meurtre. Sous les vivats de lafoulel'Amiral vainqueur, avec le geste auguste du semeur répand autour de lui les pièces de monnaie et autres menus objets pris à l'ennemi. (...)
Sur la berge habitent les marins imprudents qui ont perdu leur bateau et qui passent leurs journées au bord de l'eau, immobiles, à gémir, à contempler les restes de leur fier vaisseau broyé sur les brisants. RIVE MALE : Ras quartier. C'est un des quartiers les plus pauvres d'Elos où s'entasse unefoulemiséreuse de petits artisans, d'arracheurs de dents, de porteurs d'eau, de gens des campagnes venus chercher un travail et autres personnages aux activités inavouables. (...)
C'est le lieu des éternelles querelles entre les artistes officiels et leurs collègues indépendants, c'est là aussi que les philosophes s'adressent à lafoulequi s'attroupe pour un rien ; on y vient autant pour s'amuser des élucubrations d'un vieux fou que pour admirer la rhétorique d'un Epictote ou d'un Aristète. (...)Elos la Blanche se tient en bordure de mer. A l'ombre de ses murailles antiques vivent cent mille âmes. Des ports aux larges jetées partent les vaisseaux à trois rangs de rameurs, aux voiles blanches frappées d'or. Au centre de la ville, les Palais de la Reine et de Sa Grande Préciosité et les tours des Précieux Astrologues, toujours plus près des étoiles, ponctuent l'horizon de la cité. Les fêtes, innombrables, rythment le temps qui passe. Et dans les rues, au Théâtre ou aux thermes ...