Il y a toujours une première Goutte...
sur L' Oiseau Oracle au format (329 Ko)
Contient : larmes (28)(...) IL ETAIT UNE FOIS : Ala fin du Second Age, alors que tout allait de mal en pis. Une terrible sécheresse s'abbatit sur le Rêve. Les Sages dirent que les Dragons n'avaient plus delarmespour pleurer sur leur Rêve ravagé par la Magie des hommes et que c'est pour cela qu'il ne pleuvait plus. Un magicien particulièrement puissant inventa alors un moyen de leur tirer encore deslarmeset de faire pleuvoir à nouveau. Ce haut-rêvant créa une statue capable de propulser un morceau de glace fait deslarmesdes hommes si haut qu'il pouvait atteindre les Dragons. Cette glace retombait sur le Rêve sous forme de larme de Dragon, une gemme, entraînant à sa suite d'autreslarmesfaites d'eau celles-là. L'histoire ne retint pas son nom, pas plus que la magie qu'il inventa pour y arriver. (...)
De nos jours, elle est encore utilisée et occasionne des désordres importants et divers dans le Rêve comme le Désert des Eponges, le Pays Vert ou lesLarmesdes Limbes. LA OU TOUT COMMENCE : C'est l'aube. Le rêve se tire lentement de la léthargie dans lequel il était plongé au Château Dormant. (...)
En effet, depuis le début du Troisième Age, des gemmes tombent du ciel, plus ou moins régulièrement, le plus souvent à l'intérieur des murs de la cité, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Ce qui est sûr est qu'il s'agit toujours deLarmesde Dragon d'une grande pureté, et que cette chute est le prélude à de grandes pluies. La loi de Pluviose précise qu'une gemme tombée du ciel appartient au propriétaire de la première chose qu'elle touche. (...)
Toujours porté par son idéal, Esmyr veut continuer quoi qu'il arrive, en compagnie des voyageurs qui sans doute ne laisseront pas tomber l'aventure si facilement. Quant aux chiards, ils choisissent de suivre Esmyr et les voyageurs... Le Chemin deLarmes: Esmyr propose de débiter la glace en gros morceaux pouvant être portés à dos d'hommes pour en emporter le plus possible, quitte à réduire les provisions. (...)
Sa lecture ne donne pas des points de sort mais révèle un morceau de rêve, une pensée laissée là par le sculpteur pour qu'elle soit lue par des haut-rêvants : «Leslarmesdes hommes savent à présent faire pleurer les Dragons. Toi qui passe laisse là teslarmespour apaiser la soif de tous... » A partir de là, de telles colonnes, toutes identiques, ponctuent la route comme des bornes. une tous les dix lieues. Elles servaient à récolter leslarmesdes hommes pour l'invention (voir «Il était une fois»). Elles servent à présent à préserver la glace, mais sans que cela serve à quoi que ce soit puisque la seule glace qui puisse se transmuter en gemme doit être faite delarmes... Le désert se termine peu après la septième de ces colonnes, soit 60 kilomètres. Mais avant, une nouvelle embuche guette les voyageurs sous la forme d'une Soif (Du Voyage et des Voyageurs, page 154). (...)
Frille a été construit avec les pierres de la route. De fait, cette dernière finit ici, sur la grande place du village où trône une colonne deslarmes. Sans doute continue-t-elle plus loin dans la forêt, sans doute sa trace ne serait-elle pas très difficile à trouver mais ce dernier pied-de-nez du destin achève Esmyr. (...)
Tout à son malheur, il ne se doute pas qu'il est presque arrivé au bout de sa quête. Ce village possède le secret de l'invention à faire pleuvoir deslarmesde Dragon. Elle est même l'objet d'une dévotion de sa part et des quelques hameaux qui lui sont rattachés. (...)
En ouvrant les portes de la grange où ils sont installés, ils découvrent toutes les femmes assises en cercle, les yeux rougis, les joues ruisselantes delarmes, en train d'éplucher des tas d'oignons. Certaines mêmes font exprès de se frotter les yeux avec des oignons pour pleurer le plus possible... le tout devant le regard imperturbable et inquisiteur du vieil homme qui récolte les plus belleslarmesdans une fiole. La fiole pleine, les femmes rompent le cercle et, alors que deux d'entre-elles emportent les oignons, tout le village se rassemble comme par un appel muet. Le vieux pose la fiole sur la colonne. Le verre éclate aussitôt. Leslarmessont à présent de la glace. Puis, il remplit d'eau une sorte de bac à glaçons en bois et le place à côté de la fiole. (...)
La glace est nécessaire pour «stimuler» les candidats qui n'ont pas plus les uns que les autres envie de se sacrifier. Les familles essayent de ne pas rire, mais le spectacle est trop drôle. Auxlarmesd'oignon succèdent bientôt deslarmesde joie. Dans le ridicule, le plus fort est sans conteste un nommé Smyfe, il est si frileux qu'il saute sur place, crie, claque des dents aussi fort que des castagnètes et s'agite en tous sens. Les rires sont unanimes, c'est lui le Grand Frilleur de cette année, au grand désespoir de sa fiancée, Grassouille. (...)
Smyfe est irrémédiablement frileux et sa «danse» est vraiment désopilante. Même elle en rit... avant d'en pleurer à chaque fois toutes leslarmesde son corps. Grassouille essaye de s'interposer, de couvrir les rires pour crier sa révolte : «Ce n'est pas juste! (...)
Chacun mange sa portion sur la place de la colonne, un bal improvisé commence alors qu'au pied de la colonne où trône la glace delarmes, Smyfe et Grassouille se lamentent. LA FORET DES NOIRCEURS : Smyfe n'est pas à proprement parler un homme courageux, mais il ne se dérobe pas à ses responsabilités. (...)
Il sent que si elle le regarde encore une fois, il ne serait plus capable de la quitter. Aussi va-t-il prendre la glace delarmeset partir très tôt, avant le premier rayon de soleil. De son côté, Grassouille n'a aucune envie de perdre son amour et est décidée à le suivre pour partager le même sort que lui. (...)
Celui-ci est assez court, pas plus de deux jours. Deux jours, c'est également le temps durant lequel le bloc de glace delarmesreste utilisable malgré sa fonte lente mais irrémédiable. Au delà, le bloc est trop petit pour être de quelque utilité. (...)
Il faut alors retourner à Frille pour faire de nouveau pleurer les femmes... et manger de la soupe à l'oignon. Leslarmesdes limbes : Passées les dernières lieues de route, le voyage continue en pleine forêt suivant un parcours si tortueux à travers les vallons encaissés des contreforts de la montagne qu'il est impossible à deviner. (...)
Les arbres semblent malades, les couleurs sont ternes et tendent à se fondre dans une teinte unique tirant sur le noirâtre. Là commence le domaine des Noirceurs appelées aussiLarmesdes Limbes. Ceslarmessont la conséquence directe de l'utilisation de la machine à faire pleuvoir. Ce sont des morceaux de limbes qui tombent sur le Rêve à chaque fois que de la glace est envoyée vers les Dragons. (...)
En fait, les voyageurs sont en train de traverser une brèche des Limbes en formation. Attention, même si leslarmessont des petites flaques insignifiantes, ce sont néanmoins des morceaux de Limbes. Tout ce qui y entre est irrémédiablement effacé du Rêve : une branche, une semelle de botte, un orteil. (...)
D'aspect, le faiseur de pluie ressemble à une statue de Dragon, du moins à la forme classique qu'ils ont dans les légendes : un grand reptile aux ailes et à la queue démesurées. Ses yeux pleurent de grosseslarmesqui coulent le long de ses joues. Sa gueule grande ouverte est tournée vers le ciel comme la bouche d'un canon. (...)
Un trou est pratiqué dans la statue au niveau du nombril. On peut y introduire un objet de la taille d'un noyau de pèche. Smyfe taille la glace delarmeset la glisse à l'intérieur. Presque aussitôt, la glace est crachée par la gueule avec la puissance d'une balle de fusil. (...)La pluie est formée de milliers, de millions, de milliards de gouttes, bref d'une infinité. Mais aussi nombreuses soient-elles, elles ne tombent pas du ciel en même temps. Fatalement, il y a toujours une qui tombe avant l'autre et une en particulier qui tombe avant toutes les autres: la première goutte. Savoir laquelle et l'endroit où elle tombe sont deux grandes questions. Cela pourrait n'être qu'un problème théorique pour savants ou même une discussion purement philosophique, s'il n'y ...