Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : chute (18)(...) Je tombais au fond d'insondables précipices avec cette vitesse croissante des corps abandonnés dans l'espace. Ma vie n'était plus qu'unechuteinterminable. Je me réveillai à cinq heures, brisé de fatigue et d'émotion. Je descendis à la salle à manger. (...)
il faut prendre des leçons d'abîme ! » J'ouvris les yeux. J'aperçus les maisons aplaties et comme écrasées par unechute, au milieu du brouillard des fumées. Audessus de ma tête passaient des nuages échevelés, et, par un renversement d'optique, ils me paraissaient immobiles, tandis que le clocher, la boule, moi, nous étions entraînés avec une fantastique vitesse. (...)
Il était formé par l'un de ces torrents de pierres rejetées par les éruptions, et dont le nom islandais est « stinâ ». Si ce torrent n'eût pas été arrêté dans sachutepar la disposition des flancs de la montagne, il serait allé se précipiter dans la mer et former des îles nouvelles. (...)
Afin de faciliter la descente, Hans décrivait à l'intérieur du cône des ellipses très allongées ; il fallait marcher au milieu des roches éruptives, dont quelques-unes, ébranlées dans leurs alvéoles, se précipitaient en rebondissant jusqu'au fond de l'abîme. Leurchutedéterminait des réverbérations d'échos d'une étrange sonorité. Certaines parties du cône formaient des glaciers intérieurs. (...)
Cependant, et malgré les difficultés de la descente sur des pentes que le guide ne connaissait pas, la route se fit sans accident, sauf lachuted'un ballot de cordes qui s'échappa des mains d'un Islandais et alla par le plus court jusqu'au fond de l'abîme. (...)
La descente commença dans l'ordre suivant : Hans, mon oncle et moi. Elle se fit dans un profond silence, troublé seulement par lachutedes débris de roc qui se précipitaient dans l'abîme. Je me laissai couler, pour ainsi dire, serrant frénétiquement la double corde d'une main, de l'autre m'arc-boutant au moyen de mon bâton ferré. (...)
Je n'avais plus aucun moyen de me rendre compte du temps. Jamais solitude ne fut semblable à la mienne, jamais abandon si complet ! Après machute, j'avais perdu beaucoup de sang. Je m'en sentais inondé ! Ah ! combien je regrettai de n'être pas mort « et que ce fût encore à faire ! (...)
De quelque phénomène sans doute, qui s'accomplissait au sein du massif terrestre. L'explosion d'un gaz, ou lachutede quelque puissante assise du globe. J'écoutai encore. Je voulus savoir si ce bruit se renouvellerait. (...)
Bientôt la vitesse de ma descente s'accrut dans une effrayante proportion, et menaçait de ressembler à unechute. Je n'avais plus la force de m'arrêter. Tout à coup le terrain manqua sous mes pieds. Je me sentis rouler en rebondissant sur les aspérités d'une galerie verticale, un véritable puits. (...)
J'entendais aussi un murmure vague et indéfini, semblable à celui des flots qui se brisent sur une grève, et parfois les sifflements de la brise. Je me demandai si j'étais bien éveillé, si je rêvais encore, si mon cerveau, fêlé dans machute, ne percevait pas des bruits purement imaginaires. Cependant ni mes yeux ni mes oreilles ne pouvaient se tromper à ce point. (...)
Pendant ce temps, je l'accablai de questions auxquelles il s'empressa de répondre. J'appris alors que machuteprovidentielle m'avait précisément amené à l'extrémité d'une galerie presque perpendiculaire ; comme j'étais arrivé au milieu d'un torrent de pierres, dont la moins grosse eût suffi à m'écraser, il fallait en conclure qu'une partie du massif avait glissé avec moi. (...)
L'océan est uni jusqu'à sa ligne d'horizon. Trois heures se passent. Les mugissements semblent provenir d'unechuted'eau éloignée. Je le fais remarquer à mon oncle, qui secoue la tête. J'ai pourtant la conviction que je ne me trompe pas. (...)
J'interroge alors l'horizon pur et dégagé de toute brume. Son aspect n'a pas changé. Mais si ce bruit vient d'unechute, d'une cataracte, si tout cet océan se précipite dans un bassin inférieur, si ces mugissements sont produits par une masse d'eau qui tombe, le courant doit s'activer, et sa vitesse croissante peut me donner la mesure du péril dont nous sommes menacés. (...)
Une odeur de gaz nitreux remplit l'atmosphère ; elle pénètre le gosier, les poumons. On étouffe. Pourquoi ne puis-je retirer mon pied ? Il est donc rivé au radeau ? Ah ! lachutede ce globe électrique a aimanté tout le fer du bord ; les instruments, les outils, les armes s'agitent en se heurtant avec un cliquetis aigu ; les clous de ma chaussure adhèrent violemment à une plaque de fer incrustée dans le bois. (...)
Ce quartier de roc, par suite d'une secousse quelconque, ou l'un de ces phénomènes magnétiques qui agitent l'écorce terrestre, a brusquement fermé ce passage. Bien des années se sont écoulées entre le retour de Saknussemm et lachutede ce bloc. N'est-il pas évident que cette galerie a été autrefois le chemin des laves, et qu'alors les matières éruptives y circulaient librement. (...)
Ces idées, on le comprend, se présentèrent à mon esprit sous une forme vague et obscure. Je les associais difficilement pendant cette course vertigineuse quiressemblait à unechute. A en juger par l'air qui me fouettait le visage, elle devait surpasser celle des trains les plus rapides. (...)
Je crois véritablement que nous ne glissions plus. Nous tombions. J'avais en moi l'impression d'unechutepresque verticale. La main de mon oncle et celle de Hans, cramponnées à mes bras, me retenaient avec vigueur. (...)
Tout à coup, après un temps inappréciable, je ressentis comme un choc ; le radeau n'avait pas heurté un corps dur, mais il s'était subitement arrêté dans sachute. Une trombe d'eau, une immense colonne liquide s'abattit à sa surface. Je fus suffoqué. Je me noyais... Cependant, cette inondation soudaine ne dura pas. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...