Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : enfant (16)(...) Quand vous n'êtes pas les plus timides des êtres, vous en êtes les plus braves ! La raison n'a que faire auprès de vous. Quoi ! cetteenfantm'encourageait à prendre part à cette expédition ! Elle n'eût pas craint de tenter l'aventure. (...)
Tout près, au n° 5, il y avait une « restauration » française, tenue par un cuisinier nommé Vincent ; nous y déjeunâmes suffisamment pour le prix modéré de quatre marks chacun.1 Puis je pris un plaisir d'enfantà parcourir la ville ; mon oncle se laissait promener ; d'ailleurs il ne vit rien, ni l'insignifiant palais du roi, ni le joli pont du dix-septième siècle qui enjambe le canal devant le Muséum, ni cet immense cénotaphe de Torwaldsen, orné de peintures murales horribles et qui contient à l'intérieur les oeuvres de ce statuaire, ni, dans un assez beau parc, le château bonbonnière de Rosenborg, ni l'admirable édifice renaissance de la Bourse, ni son clocher fait avec les queues entrelacées de quatre dragons de bronze, ni les grands moulins des remparts, dont les vastes ailes s'enflaient comme les voiles d'un vaisseau au vent de la mer. (...)
Je tombai dans un profond assoupissement. Au bout de quelque temps, mon oncle s'approcha de moi et me souleva entre ses bras : « Pauvreenfant! » murmura-t-il avec un véritable accent de pitié. Je fus touché de ces paroles, n'étant pas habitué aux tendresses du farouche professeur. (...)
Mais non, Axel, je la réservais pour toi. - Mon oncle ! murmurai-je pendant que de grosses larmes mouillaient mes yeux. - Oui, pauvreenfant, je savais qu'à ton arrivée à ce carrefour, tu tomberais à demi mort, et j'ai conservé mes dernières gouttes d'eau pour te ranimer. (...)
Quelques secondes, des siècles, se passèrent, et enfin ces paroles arrivèrent à mon oreille. « Axel, Axel ! est-ce toi ? » « Oui ! oui ! » répondis-je. « Monenfant, où es-tu ? » « Perdu, dans la plus profonde obscurité ! » « Mais ta lampe ? » « Eteinte. » « Et le ruisseau ? (...)
Nous t'avons cherché en remontant et en descendant la galerie. Impossible de te trouver. Ah ! je t'ai bien pleuré, monenfant! Enfin, te supposant toujours sur le chemin du Hans-bach, nous sommes redescendus en tirant des coups de fusil. (...)
Tout d'abord, une chose m'importait à connaître. J'approchai donc mes lèvres de la muraille, et je dis : « Mon oncle ? » « Monenfant? » me fut-il répondu après quelques instants. « Il faut d'abord savoir quelle distance nous sépare. (...)
Relève-toi donc et reprends ta route ; marche, traîne-toi, s'il le faut, glisse sur les pentes rapides, et tu trouveras nos bras pour te recevoir au bout du chemin. En route, monenfant, en route ! » Ces paroles me ranimèrent. « Adieu, mon oncle, m'écriai-je ; je pars. Nos voix ne pourront plus communiquer entre elles, du moment que j'aurai quitté cette place ! (...)
A mon premier soupir il me prit la main ; à mon premier regard il poussa un cri de joie. « Il vit ! il vit ! s'écria-t-il. - Oui, répondis-je d'une voix faible. - Monenfant, fit mon oncle en me serrant sur sa poitrine, te voila sauvé ! » Je fus vivement touché de l'accent dont furent prononcées ces paroles, et plus encore des soins qui les accompagnèrent. (...)
Il ne fallait plus songer à dissiper ces impénétrables ténèbres. Il restait encore une torche, mais elle n'aurait pu se maintenir allumée. Alors, comme unenfant, je fermai les yeux pour ne pas voir toute cette obscurité. Après un laps de temps assez long, la vitesse de notre course redoubla. (...)
Non loin, dans l'herbe, à l'ombre délicieuse des arbres, je découvris une source d'eau fraîche, où notre figure et nos mains se plongèrent voluptueusement. Pendant que chacun s'abandonnait ainsi à toutes les douceurs du repos, unenfantapparut entre deux touffes d'oliviers. « Ah ! m'écriai-je, un habitant de cette heureuse contrée ! (...)
Mon oncle commença par le rassurer de son mieux et lui dit en bon allemand : « Quel est le nom de cette montagne, mon petit ami ? » L'enfantne répondit pas. « Bon, fit mon oncle, nous ne sommes point en Allemagne. » Et il refit la même demande en anglais. L'enfantne répondit pas davantage. J'étais très intrigué. « Est-il donc muet ? » s'écria le professeur, qui, très fier de son polyglottisme, recommença la même demande en français. Même silence de l'enfant. « Alors essayons de l'italien », reprit mon oncle, et il dit en cette langue : « Dove noi siamo ? - Oui ! où sommes-nous ? » répétai-je avec impatience. L'enfantde ne point répondre. « Ah çà ! parleras-tu ? s'écria mon oncle, que la colère commençait à gagner, et qui secoua l'enfantpar les oreilles. Come si noma questa isola ? - Stromboli », répondit le petit pâtre, qui s'échappa des mains de Hans et gagna la plaine à travers les oliviers. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...