Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : îlot (11)(...) Je consigne ici le fait sans pouvoir en donner l'explication. C'est un mugissement continu. « Il y a au loin, dit le professeur, quelque rocher, ou quelqueîlotsur lequel la mer se brise. » Hans se hisse au sommet du mât, mais ne signale aucun écueil. L'océan est uni jusqu'à sa ligne d'horizon. (...)
A huit heures du soir nous ne sommes pas à deux lieues de lui. Son corps noirâtre, énorme, monstrueux, s'étend dans la mer comme unîlot. Est-ce illusion ? est-ce effroi ? Sa longueur me paraît dépasser mille toises ! Quel est donc ce cétacé que n'ont prévu ni les Cuvier ni les Blumembach ? (...)
riposte mon oncle, un geyser pareil à ceux de l'Islande10 ! » Je ne veux pas, d'abord, m'être trompé si grossièrement. Avoir pris unîlotpour un monstre marin ! Mais l'évidence se fait, et il faut enfin convenir de mon erreur. Il n'y a là qu'un phénomène naturel. A mesure que nous approchons, les dimensions de la gerbe liquide deviennent grandioses. L'îlotreprésente à s'y méprendre un cétacé immense dont la tête domine les flots à une hauteur de dix toises. (...)
Mais il faut éviter avec soin cette trombe d'eau qui coulerait le radeau en un instant. Hans, manoeuvrant adroitement, nous amène à l'extrémité de l'îlot. Je saute sur le roc. Mon oncle me suit lestement, tandis que le chasseur demeure à son poste, comme un homme au-dessus de ces étonnements. (...)
Néanmoins, je suis forcé d'avouer que nous sommes singulièrement favorisés jusqu'ici, et que, pour une raison qui m'échappe, ce voyage s'accomplit dans des conditions particulières de température ; mais il me paraît évident, certain, que nous arriverons un jour ou l'autre à ces régions où la chaleur centrale atteint les plus hautes limites et dépasse toutes les graduations des thermomètres. Nous verrons bien. C'est le mot du professeur, qui, après avoir baptisé cetîlotvolcanique du nom de son neveu, donne le signal de l'embarquement. Je reste pendant quelques minutes encore à contempler le geyser. (...)
- Le lendemain le magnifique geyser a disparu. Le vent a fraîchi, et nous a rapidement éloignés de l'îlotAxel. Les mugissements se sont éteints peu à peu. Le temps, s'il est permis de s'exprimer ainsi, va changer avant peu. (...)
Hans comme à l'ordinaire. Le radeau court invariablement vers le sud-est. Nous avons fait plus de deux cents lieues depuis l'îlotAxel. A midi la violence de l'ouragan redouble. Il faut lier solidement tout les objets composant la cargaison. (...)
- A calculer exactement, oui, répondit-il ; c'est même impossible, puisque, pendant ces trois jours de tempête, je n'ai pu tenir note de la vitesse et de la direction du radeau ; mais cependant nous pouvons relever notre situation à l'estime. - En effet, la dernière observation a été faite à l'îlotdu geyser... - A l'îlotAxel, mon garçon. Ne décline pas cet honneur d'avoir baptisé de ton nom la première île découverte au centre du massif terrestre. - Soit ! A l'îlotAxel, nous avions franchi environ deux cent soixante-dix lieues de mer et nous nous trouvions à plus de six cents lieues de l'Islande. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...