Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : quatre (51)(...) Et le professeur Lidenbrock devait bien s'y connaître, car il passait pour être un véritable polyglotte. Non pas qu'il parlât couramment les deux mille langues et lesquatremille idiomes employés à la surface du globe, mais enfin il en savait sa bonne part. Il allait donc, en présence de cette difficulté, se livrer à toute l'impétuosité de son caractère, et je prévoyais une scène violente, quand deux heures sonnèrent au petit cartel de la cheminée. (...)
Il y avait bien les quatorzième, quinzième et seizième lettres qui faisaient le mot anglais « ice », et laquatre-vingt-quatrième, laquatre-vingtcinquième et laquatre-vingt-sixième formaient le mot « sir ». Enfin, dans le corps du document, et à la deuxième et à la troisième ligne, je remarquai aussi les mots latins « rota », « mutabile », « ira », « nec », « atra ». « Diable, pensai-je, ces derniers mots sembleraient donner raison à mon oncle sur la langue du document ! (...)
Il est vrai qu'à la troisième, on lit le mot « tabiled » de tournure parfaitement hébraïque, et à la dernière, les vocables « mer », « arc », « mère », qui sont purement français. » Il y avait là de quoi perdre la tête !Quatreidiomes différents dans cette phrase absurde ! Quel rapport pouvait-il exister entre les mots « glace, monsieur, colère, cruel, bois sacré, changeant, mère, arc ou mer ? (...)
Je savais bien que, s'il parvenait à arranger des lettres suivant toutes les positions relatives qu'elles pouvaient occuper, la phrase se trouverait faite. Mais je savais aussi que vingt lettres seulement peuvent former deux quintillions,quatrecent trente-deux quatrillions, neuf cent deux trillions, huit milliards, cent soixanteseize millions, six cent quarante mille combinaisons. (...)
Tout près, au n° 5, il y avait une « restauration » française, tenue par un cuisinier nommé Vincent ; nous y déjeunâmes suffisamment pour le prix modéré dequatremarks chacun.1 Puis je pris un plaisir d'enfant à parcourir la ville ; mon oncle se laissait promener ; d'ailleurs il ne vit rien, ni l'insignifiant palais du roi, ni le joli pont du dix-septième siècle qui enjambe le canal devant le Muséum, ni cet immense cénotaphe de Torwaldsen, orné de peintures murales horribles et qui contient à l'intérieur les oeuvres de ce statuaire, ni, dans un assez beau parc, le château bonbonnière de Rosenborg, ni l'admirable édifice renaissance de la Bourse, ni son clocher fait avec les queues entrelacées dequatredragons de bronze, ni les grands moulins des remparts, dont les vastes ailes s'enflaient comme les voiles d'un vaisseau au vent de la mer. Quelles délicieuses promenades nous eussions faites, ma jolie Virlandaise et moi, du côté du port où les deux-ponts et les frégates dormaient paisiblement sous leur toiture rouge, sur les bords verdoyants du détroit, à travers ces ombrages touffus au sein desquels se cache la citadelle, dont les canons allongent leur gueule noirâtre entre les branches des sureaux et des saules ! (...)
Sur une éminence voisine, j'aperçus l'Ecole nationale, où, comme je l'appris plus tard de notre hôte, on professait l'hébreu, l'anglais, le français et le danois,quatrelangues dont, à ma honte, je ne connaissais pas le premier mot. J'aurais été le dernier des quarante élèves que comptait ce petit collège, et indigne de coucher avec eux dans ces armoires à deux compartiments où de plus délicats étoufferaient dès la première nuit. (...)
Mais quand il apprit qu'il s'agissait de milles danois de vingtquatre mille pieds, il dut rabattre de son calcul et compter, vu l'insuffisance des chemins, sur sept ou huit jours de marche.Quatrechevaux devaient être mis à sa disposition, deux pour le porter, lui et moi, deux autres destinés à nos bagages. (...)
employer à nos préparatifs ; toute notre intelligence fut employée à disposer chaque objet de la façon la plus avantageuse, les instruments d'un côté, les armes d'un autre, les outils dans ce paquet, les vivres dans celui-là. En toutquatregroupes. Les instruments comprenaient : 1° Un thermomètre centigrade de Eigel, gradué jusqu'à cent cinquante degrés, ce qui me paraissait trop ou pas assez. (...)
Fridriksson, pour lequel je me sentais pris d'une vive sympathie ; puis, à la conversation succéda un sommeil assez agité, de ma part du moins. A cinq heures du matin, le hennissement dequatrechevaux qui piaffaient sous ma fenêtre me réveilla. Je m'habillai à la hâte et je descendis dans la rue. (...)
Elle mesure quatorze cents milles de surface, et ne compte que soixante mille habitants. Les géographes l'ont divisée enquatrequartiers, et nous avions à traverser presque obliquement celui qui porte le nom de Pays du quart du Sud-Ouest, « Sudvestr Fjordùngr. (...)
Je consultai la carte pour savoir ce qu'était Gardär. Je vis une bourgade de ce nom sur les bords du Hvaljörd, àquatremilles de Reykjawik. Je la montrai à mon oncle. «Quatremilles seulement ! dit-il.Quatremilles sur vingtdeux ! Voilà une jolie promenade. » Il voulut faire une observation au guide, qui, sans lui répondre, reprit la tête des chevaux et se remit en marche. Trois heures plus tard, toujours en foulant le gazon décoloré des pâturages, il fallut contourner le Kollafjord, détour plus facile et moins long qu'une traversée de ce golfe ; bientôt nous entrions dans un « pingstaoer », lieu de juridiction communale, nommé Ejulberg, et dont le clocher eût sonné midi, si les églises islandaises avaient été assez riches pour posséder une horloge ; mais elles ressemblent fort à leurs paroissiens, qui n'ont pas de montres, et qui s'en passent. (...)
Là les chevaux furent rafraîchis ; puis, prenant par un rivage resserré entre une chaîne de collines et la mer, ils nous portèrent d'une traite à l'» aoalkirkja » de Brantär, et un mille plus loin à Saurböer « Annexia », église annexe, située sur la rive méridionale du Hvalfjord. Il était alorsquatreheures du soir ; nous avions franchiquatremilles.6 Le fjord était large en cet endroit d'un demi-mille au moins ; les vagues déferlaient avec bruit sur les rocs aigus ; ce golfe s'évasait entre des murailles de rochers, sorte d'escarpe à pic haute de trois mille pieds et remarquable par ses couches brunes que séparaient des lits de tuf d'une nuance rougeâtre. Quelle que fût l'intelligence de nos chevaux, je n'augurais pas bien de la traversée d'un véritable bras de mer opérée sur le dos d'un quadrupède. (...)
L'instant favorable n'arriva qu'à six heures du soir ; mon oncle, moi, le guide, deux passeurs et lesquatrechevaux, nous avions pris place dans une sorte de barque plate assez fragile. Habitué que j'étais aux bacs à vapeur de l'Elbe, je trouvai les rames des bateliers un triste engin mécanique. (...)
Un passage long, étroit, obscur, donnait accès dans cette habitation construite en poutres à peine équarries et permettait d'arriver à chacune des chambres ; celles-ci étaient au nombre dequatre: la cuisine, l'atelier de tissage, la « badstofa », chambre à coucher de la famille, et, la meilleure entre toutes, la chambre des étrangers. (...)
Mon oncle, à la taille duquel on n'avait pas songé en bâtissant la maison, ne manqua pas de donner trois ouquatrefois de la tête contre les saillies du plafond. On nous introduisit dans notre chambre, sorte de grande salle avec un sol de terre battue et éclairée d'une fenêtre dont les vitres étaient faites de membranes de mouton assez peu transparentes. (...)
On eût dit une guirlande d'anges insuffisamment débarbouillés. Mon oncle et moi, nous fîmes très bon accueil à cette « couvée », et bientôt il y eut trois ouquatrede ces marmots sur nos épaules, autant sur nos genoux et le reste entre nos jambes. Ceux qui parlaient répétaient « saellvertu » dans tous les tons imaginables. (...)
Puis tranquillement, automatiquement, sans qu'un baiser fût plus accentué que l'autre, il embrassa l'hôte, l'hôtesse et leurs dixneuf enfants. La cérémonie terminée, on se mit à table, au nombre de vingt-quatre, et par conséquent les uns sur les autres, dans le véritable sens de l'expression. Les plus favorisés n'avaient que deux marmots sur les genoux. (...)
Le professeur ne le perdait pas des yeux ; il gesticulait, il semblait le prendre au défi et dire : « Voilà donc le géant que je vais dompter ! » Enfin, après vingt-quatreheures de marche, les chevaux s'arrêtèrent d'eux-mêmes à la porte du presbytère de Stapi. XIV Stapi est une bourgade formée d'une trentaine de huttes, et bâtie en pleine lave sous les rayons du soleil réfléchis par le volcan. (...)
Mon oncle employa un moyen fort simple pour obvier à cette difficulté. Il déroula une corde de la grosseur du pouce et longue dequatrecents pieds ; il en laissa filer d'abord la moitié, puis il l'enroula autour d'un bloc de lave qui faisait saillie et rejeta l'autre moitié dans la cheminée. (...)
» Les calculs du professeur étaient exacts ; nous avions déjà dépassé de six mille pieds les plus grandes profondeurs atteintes par l'homme, telles que les mines de Kitz-Bahl dans le Tyrol, et celles de Wuttemberg en Bohème. La température, qui aurait dû être dequatre-vingt-un degrés en cet endroit, était de quinze à peine. Cela donnait singulièrement à réfléchir. (...)
Vers six heures du soir, cette fête de la lumière vint à diminuer sensiblement, presque à cesser ; les parois prirent une teinte cristallisée, mais sombre ; le mica se mélangea plus intimement au feldspath et au quartz, pour former la roche par excellence, la pierre dure entre toutes, celle qui supporte, sans en être écrasée, lesquatreétages de terrain du globe. Nous étions murés dans l'immense prison de granit. Il était huit heures du soir. (...)
Du reste, je m'habituai promptement à cette idée, car le couloir, tantôt droit, tantôt sinueux, capricieux dans ses pentes comme dans ses détours, mais toujours courant au sud-est, et toujours s'enfonçant davantage, nous conduisit rapidement à de grandes profondeurs.Quatrejours plus tard, le samedi 18 juillet, le soir, nous arrivâmes à une espèce de grotte assez vaste ; mon oncle remit à Hans ses trois rixdales hebdomadaires, et il fut décidé que le lendemain serait un jour de repos. (...)
fit le professeur en notant l'observation et en établissant quelques calculs rapides. J'en conclus que nous avons faitquatre-vingt-cinq lieues depuis notre point de départ. - Ainsi, nous voyageons sous l'Atlantique ? - Parfaitement. (...)
- Sois tranquille, Axel, elles ne parviendront pas à l'ébranler. Mais revenons à nos calculs. Nous sommes dans le sud-est, àquatre-vingt-cinq lieues de la base du Sneffels, et, d'après mes notes précédentes, j'estime à seize lieues la profondeur atteinte. (...)
- Qu'indique le thermomètre ? - Vingt-sept degrés six dixièmes. - Il s'en manque donc de quatorze cent soixante-quatorze degrésquatredixièmes que les savants n'aient raison. Donc, l'accroissement proportionnel de la température est une erreur. (...)
- Va, mon garçon, à ton aise. - Au point où nous sommes, sous la latitude de l'Islande, le rayon terrestre est de quinze centquatre-vingt-trois lieues à peu près ? - Quinze centquatre-vingt-trois lieues et un tiers. - Mettons seize cents lieues en chiffres ronds. Sur un voyage de seize cents lieues, nous en avons fait douze ? - Comme tu dis. - Et cela au prix dequatre-vingt-cinq lieues de diagonale ? - Parfaitement. - En vingt jours environ ? - En vingt jours. (...)
Je crois même qu'il nous gagnait. Les objets extérieurs ont une action réelle sur le cerveau. Qui s'enferme entrequatremurs finit par perdre la faculté d'associer les idées et les mots. Que de prisonniers cellulaires devenus imbéciles, sinon fous, par le défaut d'exercice des facultés pensantes. (...)
Il s'est écoulé quarante secondes entre les deux mots ; le son met donc vingt secondes à monter. Or, à mille vingt pieds par seconde, cela fait vingt millequatrecents pieds, ou une lieue et demie et un huitième. » « Une lieue et demie ! » murmurai-je. « Eh bien, cela se franchit, Axel ! (...)
Il me fallait une nuit de repos ; je me laissai donc assoupir sur cette pensée que mon isolement avait duréquatrelongs jours. Le lendemain, à mon réveil, je regardai autour de moi. Ma couchette, faite de toutes les couvertures de voyage, se trouvait installée dans une grotte charmante, ornée de magnifiques stalagmites, dont le sol était recouvert d'un sable fin. (...)
Au bout d'une heure, mon oncle avait pu se rendre compte de notre vitesse. « Si nous continuons à marcher ainsi, dit-il, nous ferons au moins trente lieues par vingt-quatreheures et nous ne tarderons pas à reconnaître les rivages opposés. » Je ne répondis pas, et j'allai prendre place à l'avant du radeau. (...)
Je connaissais la puissance végétative de ces plantes, qui rampent à une profondeur de plus de douze mille pieds au fond des mers, se reproduisent sous une pression de près dequatrecents atmosphères et forment souvent des bancs assez considérables pour entraver la marche des navires ; mais jamais, je crois, algues ne furent plus gigantesques que celles de la mer Lidenbrock. Notre radeau longea des fucus longs de trois etquatremille pieds, immenses serpents qui se développaient hors de la portée de la vue ; je m'amusais à suivre du regard leurs rubans infinis, croyant toujours en atteindre l'extrémité, et pendant des heures entières ma patience était trompée, sinon mon étonnement. (...)
Je consulte le courant. Il est nul. Une bouteille vide que je jette à la mer reste sous le vent. Versquatreheures, Hans se lève, se cramponne au mât et monte à son extrémité. De là son regard parcourt l'arc de cercle que l'océan décrit devant le radeau et s'arrête à un point. (...)
Les caisses qui les contenaient étaient alignées sur la grève dans un parfait état de conservation ; la mer les avait respectées pour la plupart, et somme toute, en biscuits, viande salée, genièvre et poissons secs, on pouvait compter encore surquatremois de vivres. «Quatremois ! s'écria le professeur. Nous avons le temps d'aller et de revenir, et avec ce qui restera je veux donner un grand dîner à tous mes collègues du Johannaeum ! » J'aurais dû être habitué, depuis longtemps, au tempérament de mon oncle, et pourtant cet homme-là m'étonnait toujours. (...)
A l'îlot Axel, nous avions franchi environ deux cent soixante-dix lieues de mer et nous nous trouvions à plus de six cents lieues de l'Islande. - Bien ! partons de ce point alors et comptonsquatrejours d'orage, pendant lesquels notre vitesse n'a pas dû être inférieure àquatre-vingts lieues par vingt-quatreheures. - Je le crois. Ce serait donc trois cents lieues à ajouter. - Oui, et la mer Lidenbrock aurait à peu près six cents lieues d'un rivage à l'autre ! (...)
Il ne présente aucun caractère de ce prognathisme qui modifie l'angle facial12. Mesurez cet angle, il est presque dequatre-vingt-dix degrés. Mais j'irai plus loin encore dans le chemin des déductions, et j'oserai dire que cet échantillon humain appartient à la famille japétique, répandue depuis les Indes jusqu'aux limites de l'Europe occidentale. (...)
Il s'agissait de faire un trou assez considérable pour contenir cinquante livres de fulmicoton, dont la puissance expansive estquatrefois plus grande que celle de la poudre à canon. J'étais dans une prodigieuse surexcitation d'esprit. (...)
Le professeur suivait de l'oeil l'aiguille du chronomètre. « Encore cinq minutes, disait-il. Encorequatre! Encore trois ! » Mon pouls battait des demi-secondes. « Encore deux ! Une !... Croulez, montagnes de granit ! (...)
Hans, non sans difficultés, parvint à l'allumer, et la flamme, se maintenant de bas en haut, malgré le mouvement ascensionnel, jeta assez de clarté pour éclairer toute la scène. « C'est bien ce que je pensais, dit mon oncle. Nous sommes dans un puits étroit, qui n'a pasquatretoises de diamètre. L'eau, arrivée au fond du gouffre, reprend son niveau et nous remonte avec elle. (...)
Dans un rayon de 500 lieues, à l'ouest, je ne voyais sous ce parallèle que les volcans mal connus de la côte nord-ouest de l'Amérique. Dans l'est un seul existait sous lequatre-vingtième degré de latitude, l'Esk, dans l'île de Jean Mayen, non loin du Spitzberg ! Certes, les cratères ne manquaient pas, et ils se trouvaient assez spacieux pour vomir une armée tout entière ! (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...