Le Termite, le Papillon et l'Araignée
sur Errance Eternelle au format (467 Ko)
Contient : duchesse (21)(...) N'étant pas les plus belles créatures qui se puissent imaginer, leur présence n'était pas non plus très recherchée et on les laissait tranquille, s'intéressant plus aux nombreux affrontements du Père des Prédateurs, du Maestre-Taureaux ou d'une autre célébrité de la cour animale. Ainsi, les deux amis vivaient heureux, leurs peuples unis et leurs terres en paix. Puis vint laDuchesse-Papillon. Elle était l'incarnation de la grâce et de la beauté. Une lumière douce et apaisante semblait accompagner le moindre de ses gestes, elle éclairait les paysages sur son passage, semblant raviver les couleurs, comme si l'Harmonde cherchait ã se rendre plus beau pour lui plaire. (...)
Régulièrement, les motifs changeaient, les teintes s'adaptant aux humeurs de la belle, aux gouts des spectateurs et ã d'autres éléments plus subtils qui faisaient que l'ensemble était parfait en toutes circonstances. LaDuchesse-Papillon, au contraire du Chevalier-Termite et du Prince-Araignée, était une personnalité très connue de la cour animale. (...)
Que ce soit le Duc-Scarabée, le Chevalier-Milles Pattes ou même le Marquis-Scorpion, tous avaient déclaré leur amour éternel ã laDuchesseaux virevoltants atours. Et tous s'étaient vus opposer un refus poli accompagné d'un énigmatique sourire attristé. (...)
On imaginait toute sorte de raisons, on s'interrogeait, on investiguait, mais, en fait, on ne savait rien. Alors, quand la discussion portait sur ce sujet, on finissait par conclure que laDuchesse-Papillon avait un secret, et que celui-ci ne faisait que rajouter ã son charme. Et on n'avait pas si tort. LaDuchesse-Papillon ne s'isolait pas pour rencontrer un quelconque amant, non plus qu'elle ne pleurait sur une tombe perdue. Non, elle s'isolait pour sa métamorphose. Car régulièrement les ailes de laDuchessedes Papillons se détachaient, tombaient et se brisaient en une multitude d'éclats colorés qui, chacun, donnait un nouveau papillon : une nouvelle espèce enchanteresse naissait ainsi des attributs de la demoiselle. LaDuchesseétait ensuite extrêmement affaiblie, vulnérable et elle s'endormait pour quelques jours tandis que ses ailes repoussaient. (...)
Le Chevalier lui aménagea une alcove confortable dans une racine du Primarbre et le Prince lui tissa un manteau de la plus belle soie, puis ils la laissèrent ã son sommeil, émus de savoir cette demoiselle sous leur toit. Quand laDuchessese réveilla, elle fut surprise de se retrouver dans cette chambre arrondie, tapissée de soie moelleuse, vêtue d'un merveilleux manteau et servie par des araignées et des termites qui exécutaient ses moindres désirs. (...)
Le Prince-Araignée, trop complexé par son physique et trop timide, n'osa pas faire la cour ã la demoiselle. Le Chevalier-Termite, lui, subjugué par laDuchesse, trouva le courage de tenter sa chance. Il l'emmena visiter les termitières de ses enfants, lui faisant visiter les palais souterrains, ses cultures de champignons, lui expliquant l'organisation de la société termite, sa rivalité avec le Seigneur-Fourmi, ses rêves de bâtir un palais ã la mesure de son peuple, une termitière géante ou chacun aurait sa place et ou pourrait naître une société idéale. La ferveur, la passion qui animaient le coeur du Chevalier touchèrent laDuchesse-Papillon. Pour la première fois elle rencontrait un être qui charmait son âme. De tous ceux qu'elle connaissait, il était le seul ã lui paraître vraiment vivant. Lui et son ami ã huit pattes. L'amour, bientot, s'insinua dans le coeur de laDuchesse. Des temps de bonheur : Leur Mariage fut annoncé ã la cour et surprit la plupart des Maestre-Animaux. Les Muses en personne bénirent cette union et laDuchesseleur demanda une faveur : Elle voulait, quand elle perd ses ailes, prendre une apparence plus proche de celle de son compagnon. (...)
Le premier Drame : L'Eternel Vagabond, qui n'avait pas été accepté par la majorité des habitants de l'Harmonde, errait, seul, et découvrit la retraite de laDuchesse-Papillon et de son Chevalier. Ils l'accueillirent en leur demeure, persuadés que le rejeter n'était pas une bonne solution. (...)
Il se rendit alors compte qu'il était très doué pour se faire apprécier et il devint rapidement un compagnon apprécié. Il fut très impressionné par le sentiment puissant unissant le ChevalierTermite et laDuchesse-Papillon, bien qu'il n'en comprenait pas la nature. Souvent, quand les mariés recherchaient de l'intimité, il se retrouvait seul avec le Prince-Araignée. (...)
Petit ã petit, la jalousie, le désir et le ressentiment enflèrent dans le coeur du Prince-Araignée : il ne supportait plus le bonheur du couple et décida que laDuchesse-Papillon devait lui appartenir. Un plan germa bientot dans l'esprit du Prince, un Drame suggéré par le Masque qui découvrit qu'il était décidément doué pour de nombreuses choses. Régulièrement, laDuchesse-Papillon quittait sa forme de chenille pour reprendre son ancienne apparence et, parée de ses ailes multicolores, aller faire chanter les couleurs de l'Harmonde. (...)
Ensuite, quand elle perdait ã nouveau ses ailes, créant une multitude de papillons, le Prince l'enveloppait d'un autre cocon, identique ã celui qu'il avait tissé le jour du mariage, pour lui permettre de renaître en chenille et de rejoindre son bien aimé. C'était la Métamorphose de Renaissance. Le plan du Prince était d'enlever laDuchesse-Papillon pendant sa Grande Métamorphose, l'emmenant avec lui dans un endroit secret et lui faisant oublier, au fil du temps, ce parvenu de Chevalier, ingrat et indigne d'elle. (...)
Le Prince-Araignée mit son plan ã exécution, le Masque l'aida ã disparaître (découvrant sans surprise qu'il était très doué pour ça aussi) et put profiter du spectacle, se régalant de chaque acte : Le réveil de laDuchesseet sa détresse, la panique du Prince découvrant qu'elle lui échapperait, son acte désespéré pour la retenir en l'enfermant ã nouveau dans un cocon de soie et en la suspendant au plafond de son antre, la lente descente vers la folie de cet être qui chérit une chose qu'il ne peut obtenir et qu'il garde prisonnière. (...)
Ceux qui ont vécu ã cette époque vous diraient que la Guerre des Eternels s'est déclenchée peu après, que les araignées, abandonnées par leur seigneur, trouvèrent refuge auprès de la Dame de l'Automne qui, touchée par cette histoire qui ressemblait tant ã un conte d'automne, les prit sous sa protection. On raconte aussi que c'est en hommage ã laDuchessequ'elle fit les ailes de Pixies semblables ã celles des papillons. On dit également que certaines araignées, les plus sages, préférèrent rejoindre Janus et tisser les fils du Destin pour lui, cherchant peut-être une explication ã ce qui étaient arrivé ã leur seigneur. Une rumeur dit aussi que les papillons, depuis ce jour funeste ou leurDuchesseã disparu, ont été envahi d'une détresse sans nom qui ne les a pas quittés et qu'ils recherchent indéfiniment celle qui doit les guider, mais que, complètement désorientés par ce drame, ils ne font que voleter en tout sens, comme s'ils erraient sans but. (...)
L'une d'elle dit que les araignées sont toujours sous les ordres du Prince-Araignée. Celui-ci, complètement asservi par le Masque, chercherait un moyen de conquérir laDuchesse, toujours prisonnière, en capturant tous ses enfants. Ce serait pour cela que les araignées tissent leurs pièges de soie collante partout au travers de l'Harmonde, cherchant ã capturer la totalité des papillons, débris éparpillés des ailes de la belle. (...)Il était une fois... L'Harmonde était jeune. Aucun homme n'avait encore contemplé ses merveilles, les Dames ne s'étaient pas encore éveillées, seules les Muses et leurs escortes foulaient cette terre en devenir. Parmi la foule des Merveilles et des Excellences, les Animaux-Maestres régnaient sur leurs cours. Entre eux naissaient des alliances et des rivalités, des jalousies et, parfois, des amitiés véritables. Le Chevalier-Termite et le Prince Araignée vivaient dans un recoin isolé de la Forêt ...