Duels et conséquences
sur Asmodée au format (510 Ko)
Contient : basconne (14)(...) D'un seul bloc, les deux jeunes duellistes se retournèrent, pour se trouver nez à nez avec une grande femme d'environ trente ans, à la chevelure blond cendré, au regard bleu glacier : Camille deBasconne, maître de Valroux, fondatrice de La pointe au coeur. Elle toisa ses deux élèves d'un oeil sévère, les bras croisés sur sa poitrine. (...)
" Les apprentis échangèrent des regards ébahis, pendant que le maître d'armes retournait à son poste habituel. Camille deBasconne- la Dame de Coeur, ainsi qu'ils l'appelaient entre eux - était un professeur exigeant, sévère, mais, d'ordinaire, dans ce genre de situation, elle usait de paroles moqueuses et acerbes, ou donnait une leçon d'humilité de la pointe de son épée... La voir aussi froide, cassante et définitive était pour le moins inhabituel. (...)
On lui avait également dit qu'elle avait fait du duel un art, que la devise de son école était quelque chose du genre " le panache avant tout "... Pour Gabriel, dans " panache ", il y avait " feu " et " passion ". Et Camille deBasconneen était complètement dépourvue. Après avoir entouré son poignet blessé d'un linge à la propreté douteuse, Camille se rendit, à pied, à L'oiseau de feu, une taverne dans laquelle elle faisait des séjours prolongés depuis son plus jeune âge. (...)
Son identité est demeurée secrète jusqu'à présent et si votre oncle découvrait la vérité, il le ferait assassiner ! - Alors il ne doit pas savoir ? - Non. Non, par les Prophètes, non ! " s'écrit Amélie deBasconne, effondrée. " Et je dois vous demander plus, encore. " Camille la serre contre son coeur. " Que voulez-vous, maman ? (...)
Le lendemain, elle faisait de Jean - connu sous le nom de James Weller - la risée de Charousse et l'un de ses pires ennemis. Une semaine plus tard, Amélie deBasconneétait retrouvée morte dans son lit, la langue bleue et enflée. Camille savait qui était le responsable. VictorBasconnede la Mothe, son oncle bien-aimé... VictorBasconnede la Mothe, qui s'était débrouillé pour faire assassiner son père, pour obliger sa mère à se compromettre dans des manoeuvres politiques et la faire chanter. VictorBasconnede la Mothe, dont elle avait, seulement trois années auparavant, réussi à se venger. Elle avait réussi à obtenir des aveux complets et manuscrits de ses deux complices, en échange de leur vie, puis avait porté les papiers au capitaine Jean-Marie de Tréville en personne. (...)
La femme en rouge, qui n'avait rien perdu de la discussion, eut un sourire perfide et s'éloigna à son tour. A présent qu'elle avait vu l'Avalonien et Camille deBasconnecôte à côte, elle n'avait plus aucun doute. Il ne lui restait plus qu'à prévenir PierreBasconnede la Mothe - son rôle, à elle, était terminé. Camille se réveilla dans une pièce qu'elle ne connaissait pas, assez joliment meublée, allongée sur un divan de velours aux motifs chatoyants. (...)
Alors ? - Alors, James Weller, que vous avez vu tout à l'heure est mon jumeau. Il se nomme en réalité JeanBasconnede la Mothe... Ou Jean deBasconne, puisque notre famille a perdu ses titres il y a trois ans. - De la Mothe, avez vous dit... C'est étrange, j'ai déjà entendu prononcer ce nom dans la soirée. (...)
Elle lui saisit fortement les doigts et, de nouveau maîtresse de ses émotions, lui raconta toute l'histoire : comment son oncle, la baron VictorBasconnede la Mothe, avait fait assassiner son frère par ambition ; comment sa mère avait été obligée de dissimuler la naissance de son fils et de l'envoyer, au loin, sur les terres d'Avalon ; comment le baron l'avait fait chanter durant des années, alors qu'elle savait que c'était un criminel et l'avait forcée à renoncer à ses biens ; comment il avait découvert qu'elle avait un fils, quelques jours avant que James n'arrive à la Cour du Soleil ; comment Camille s'était arrangée pour que James soit à jamais écarté de sa vie ; comment, enfin, après de longues années, elle avait réussi à venger son père, sa mère et avait finalement hérité de la somme de trois mille sols, tandis que le reste de sa famille était destitué de toute charge et tout titre de noblesse. (...)
" De la Mothe... Je savais bien que je connaissais ce nom. " grommela-t-il. " C'est un certain PierreBasconnede la Mothe qui accompagnait Viviane, tout à l'heure. - Mon cousin ? " s'exclama Camille. " Mais je croyais que cet abominable petit arriviste, prétentieux et lâche s'était exilé en Vodacce ? (...)Le cliquetis des armes résonnait dans la vaste pièce aux fenêtres hautes, décorée de lambris, qui servait de salle d'entraînement pour les apprentis spadassins de l'école La pointe au coeur . Il y avait là une douzaine d'élèves, âgés de quinze ans tout au plus, qui, vêtus de chemises colorées et de plastrons de cuirs, s'exerçaient à l'art du fleuret, sous le regard impitoyable de leur maître d'armes. Un cri de rage retentit soudain, suivi de près par le bruit d'une chute. Les assauts cessèrent ...