L'araignée de glace
sur Asmodée au format (159 Ko)
Medico, 1666. La tisseuse à la fourrure de velours bleu nuit avait élu domicile près de la grande fenêtre de la chambre. Immobile au milieu d'un piège semblable à un flocon de neige, elle guettait, patiente, les proies imprudentes qui finiraient immanquablement par se prendre dans ses rets. Le reflet d'un rayon de soleil joua quelques instants sur le pelage de la créature, la parant de l'éclat d'un saphir. Un papillon aux ailes multicolores se posa délicatement sur la toile, tenta de repartir ...Contient : femme (18)(...) Il mourut peu de temps après la naissance de la seconde, d'une maladie aussi étrange que virulente et laissa la comtessa seule bénéficiaire de ses terres et de ses biens. Un frisson glacé remonta dans l'échine de la jeunefemme. « Elle l'a empoisonné. Et que me réserve-t-elle, à moi ? » murmura-t-elle à mi-voix. Un coup léger frappé à sa porte lui apprit qu'elle ne tarderait pas à le savoir. (...)
« Et vous avez raison, madame. - Eh bien, notre affaire est conclue, alors ? » s'enquit promptement lafemmeen se levant de son siège. - Un mois. Un mois me paraît suffisant pour préparer ce mariage. » conclut-il en prenant congé. (...)
Pendant que son père et la Strega finissaient leur discussion, tout en se dirigeant vers les jardins du palazzo, le jeune homme s'arrangea pour rester quelques minutes, seul, avec Sandra. La jeunefemmen'avait pas bougé de son fauteuil, aussi froide et immobile qu'une statue. « J'imagine que vous n'êtes pas autorisée à porter des bijoux » dit-il tranquillement. (...)
Ce jour là, il était au bras de l'une d'entre elles, masquée de perles et de plumes et entouré de plusieurs compagnons. J'aurais tant aimé être à la place de cettefemme! La troisième fois, c'était aujourd'hui, mais je n'ai cessé de penser à lui, de... » Sandra vit également deux autres fils de soie bleutée partir de l'adolescente, l'un, qui exprimait la crainte et la jalousie, était tourné vers elle, l'autre, duquel émanait une haine profonde et une peur irraisonnée, se perdait du côté du palazzo. (...)
A présent, réfléchissez bien car je ne ferai pas deux fois cette proposition : voulez-vous prendre ma place et devenir lafemmede Flavio Rienzi de Medico ? » Léa ferma les yeux, serra les poings contre ses lèvres et répondit enfin, avec feu : « Oui ! (...)
Sa vue se brouilla quelques instants, mais la comtessa se reprit rapidement, s'appuyant sur le bénitier. Machinalement, elle se concentra et tenta de lire les filaments de la jeunefemme. Léa. Il s'agissait de Léa. Pas la moindre trace de magie en elle, une joie naïve, pleine d'espérance. (...)
» gronda Sandra. Sa mère se jeta sur elle, afin de la renverser. Sandra serra le mouchoir entre ses mains ; lafemmerecula, prise d'un violent étourdissement puis repartit à l'attaque, essayant de lui arracher le morceau de tissu et elles perdirent toutes deux l'équilibre, heurtant violemment un banc d'église au passage. (...)
» bredouilla-t-elle dans un souffle. « Et... que vous est-il arrivé ? - La destinée, Léa. » répondit la jeunefemmed'un ton las. « Reprenez-vous, à présent. Et rajustez votre voile. Je remplacerai la comtessa durant la cérémonie et dans les quelques jours qui suivront. (...)
La nourrice était là, essayant tant bien que mal de calmer le bébé. Elle jeta un regard en coin à lafemmevoilée de noir. « Il fait ses dents, madame. Ce n'est pas grave, bien que douloureux. - Peu m'importe ! (...)
Plusieurs timbres masculins et peut-être les voix de deux ou trois courtisanes. « ...voulez-vous prendre ma place et devenir lafemmede Flavio Rienzi de Medico ?... Oui ! Oui, de toute mon âme, oui ! » Ces mots, elles les avait prononcés avec tant de ferveur, de passion ! (...)
« Je pense que cet enfant a besoin de sa mère », chuchota-t-elle en pénétrant à nouveau dans la chambre du nourrisson. « Laissez-nous, Lucia. » La servante s'inclina, mit l'enfant dans les bras de la jeunefemmeet sortit, après lui avoir lancé un regard de pitié. Léa berça l'enfant quelques temps, mêlant ses propres larmes aux siennes, puis le plaça dans son berceau, saisit un oreiller et commença à appuyer. (...)
Transformer la glace en feu ! Et j'suis sûr qu'ça te f'rait pas d'mal ! - Une bière, comme d'habitude, donc. » éluda la jeunefemme. Elle commençait à s'éloigner, lorsqu'elle sentit une main épaisse lui saisir le bras. - « Tu vas pas t'en tirer comm' ça, chica ! (...)
Dans la salle régnait un silence de mort. Tout le monde attendait de voir ce qui allait se produire. La Araña était unefemmeinsensible, capable de figer un homme d'un seul de ses regards marmoréens ou d'une remarque cuisante. (...)
» commença-t-il d'un ton lourd de sous entendus. « Moi et mes compañeros, on va bien s'occuper d'toi ! » Un coup d'oeil rapide révéla à la jeunefemmeque tous ses agresseurs étaient armés - certains d'une épée, d'autres d'un couteau et semblaient être des combattants aguerris. (...)
Il avança sur elle, un rictus pervers déformant son visage grossier et s'arrêta brutalement, une lame sur la gorge. « Un pas de plus et je vous envoie rejoindre Légion. » La jeunefemmereleva la tête. Se pouvait-il qu'El Vago... Non. Ce n'était pas lui. Cinq spadassins faisaient face à ses agresseurs, cinq hommes dont elle ne distinguait pas les visages, mais qui maniaient la rapière avec une efficacité implacable. (...)
Flavio avait ordonné qu'on leur fasse servir un repas dans sa suite et qu'on leur apporte un baquet d'eau chaude. La jeunefemmes'était lavée à l'abri d'un paravent et avait enfilé l'une des chemises de son « fiancé ». Elle était assise en face de lui et le dévisageait sans rien dire, les lèvres serrées, ses grands yeux voilés par un mélange de peur et de tristesse. (...)
Je menais une existence relativement tranquille. Et j'avais un fils. En une nuit, j'ai perdu mon petit garçon, mafemmea révélé, devant un parterre estomaqué de gentilshommes et de courtisanes, qu'elle n'était qu'une senzavista et m'avait berné depuis le début - sous votre influence, bien entendu - et s'est plongé une dague dans le coeur après avoir craché tout son venin et tué son propre fils - Mais pourquoi ? (...)
» Six chevaux trottaient sur la route de méridionale de Rancho Soldano, en direction de la sierra de Hierro. Cinq hommes, et, au milieu d'eux, les mains attachées au pommeau de sa monture, unefemme. Cinq cavaliers et leur prisonnière s'en retournaient en Vodacce, pour que justice soit rendue. (...)