La colonne infernale
sur Loukoum On Line
Ébauche de scénario pour Space 1890, réalisée à l'origine pour le vingt-cinquième concours de scénarios de la Cour d'Obéron, et présentée ici dans une version mise à jour. Le thème du concours était une expédition lointaine, et l'élément imposé, la paix. Si vous êtes censés participer à ce scénario en tant que joueurs, ne lisez pas plus loin... Nous sommes en 1892. Les relations franco-anglaises évoluent nettement vers une entente de plus en plus cordiale, que chacun a à cœur de préserverÉbauche> ...Contient : français (14)(...) Il y a certes des rivalités coloniales, principalement en Afrique et sur Mars, mais les sphères d'influence respectives sur la planète rouge sont à peu près définies depuis un traité de 1890 entre les deux Etats, et chacun reste de son côté de la limite, fixée sur le méridien 90 ° Est. C'est la raison pour laquelle, quand arrivera aux oreilles du gouvernementfrançaisla nouvelle qu'une de ses colonnes militaires, lancée dans d'importantes conquêtes territoriales martiennes, s'est mise à tailler gaillardement dans le domaine attribué aux Anglais, ordre sera donné de la stopper avant qu'elle ne provoque un grave incident diplomatique et ne compromette la paix. (...)
En l'absence d'un officier de grade suffisamment élevé, la tête dudit corps expéditionnaire peut éventuellement être confiée à un PNJ (un vieux colonel blanchi sous le harnois, à la droiture et au comportement irréprochables), mais une telle solution privera les joueurs de la prise d'un certain nombre de décisions. Le scénario sera plus délicat à adapter si aucun des PJ n'est officierfrançais, car ils n'auront alors absolument aucun pouvoir décisionnaire pendant l'essentiel de l'histoire. (...)
Il faudra quelques jours grand maximum au Commandant (à qui sera constamment rappelé l'urgence de sa mission) pour mettre sur pied et équiper son petit corps expéditionnaire, constitué d'un petit cadre d'officiersfrançais, d'une poignée de sous-officiers (dont quelques-uns seulement sontfrançais), et de quelques dizaines de tirailleurs martiens. Seuls lesFrançaissont montés (à dos de gashant), le reste de la troupe va à pied ; ou plus précisément, ira à pied lorsqu'il faudra débarquer : car le voyage se faisant le long du réseau de canaux, tout ce petit monde prend place à bord de bateaux. La colonne Noirot-Roussel : Partie de Syrte six mois auparavant, la colonne Noirot-Roussel, constituée d'une dizaine de cadresfrançais(officiers et quelques sous-officiers), d'une centaine de tirailleurs martiens, de quelques kragons, et d'un grand nombre (plusieurs centaines) de porteurs et d'interprètes, pour un total d'environ mille personnes sous la direction du capitaine Noirot assisté du capitaine Roussel, s'est dirigée vers le nord, en suivant d'abord le canal de Triton, puis celui de Thoth, avec pour mission de capturer le chef de guerre Tarnkar, dont les guerriers nomades (Martiens des terres sèches) venus de l'est, par leurs déprédations incessantes, mettent en péril les échanges entre Syrte et le nord de la colonie française. En réalité, Tarnkar est bien plus qu'un simple chef de guerre, c'est un seigneur à la tête d'un authentique royaume, dont il se trouve que l'expansion territoriale actuelle empiète sur les mêmes territoires que lesFrançais; ces derniers ont tout d'abord cherché en vain une solution diplomatique, mais leur adversaire refusant de se soumettre et d'accepter de devenir un simple vassal de la France, le conflit armé était inévitable. Trois autres colonnes ont été lancées à peu près en même temps à la poursuite de Tarnkar, partant de Syrte vers le nord par les canaux d'Amenthes, de Galaesus nord et de Lethes ; pour chacune des quatre colonnes, l'objectif affiché est la capture du seigneur martien et la fin des ravages causés par ses troupes, mais la République compte bien en profiter pour étendre au passage son empire sur la planète rouge. (...)
Les déprédations de cette dernière ne sauteront donc pas aux yeux des PJ. La ville est quasiment déserte, si l'on excepte le poste militairefrançais, situé au croisement des canaux et bien visible avec son pavillon tricolore qui claque au vent, et quelques groupes d'autochtones ayant échappé au massacre (ou revenus plus tard) et vivant discrètement dans les ruines. (...)
Après un premier siège infructueux, leur colonne a continué sa course folle le long du canal boréosyrtien (au delà d'Adsigaa,Françaiset Anglais sont d'accord sur son nom), puis, après quelques semaines (ou mois, selon la rapidité des PJ), ayant coupé à travers le désert, elle est revenue par le canal d'Asclepius, a à nouveau assiégé la ville pendant un certain temps et fini par s'en emparer il y a quelques jours, les quelques pièces d'artillerie et les mitrailleuses faisant à nouveau la différence. (...)
Si le sol est fouillé à cet endroit, l'hypothèse est confirmée : il s'y trouve un linceul couvrant le corps d'un blanc en uniforme de lieutenantfrançais, que ses effets personnels permettent d'identifier comme étant le lieutenant Jules Chauvoin, l'un des officiers de la colonne Noirot-Roussel. (...)
Face-à-face : Restent donc en principe sur le champ de bataille une cinquantaine de tirailleurs martiens, une poignée d'officiersfrançais(dont les deux capitaines Noirot et Roussel) et quelques dizaines de porteurs seulement. A noter que le médecin-major, le docteur Paul Faivre, fait partie des morts ; parmi ses effets personnels se trouve son carnet de voyage qui contient un récit détaillé de l'équipée sauvage de la colonne Noirot-Roussel, récit qui pourra éventuellement servir de pièce à conviction si les deux hommes sont jugés un jour. (...)
Par exemple, en amenant les Martiens à croire qu'ils ne rentreront jamais chez eux (ce qui, d'ailleurs, n'est peut-être que la vérité : complètement illuminé, persuadé que la France veut s'emparer sournoisement de l'empire qu'il a conquis pour elle, Noirot veut désormais continuer à guerroyer (c'est-à-dire plus prosaïquement, à commettre pillages, viols et massacres) pour étendre encore et toujours son domaine, mais ne compte pas regagner Syrte un jour). Tenter de raisonner l'un des autresFrançaisde la colonne et le convaincre de trahir ses supérieurs. Comme pour le cas précédent, cela passera par l'infiltration dans le camp (mais alors que semer les germes de la révolte pouvait être fait par un Martien, et donc avec de bonnes chances de ne pas être repéré par les blancs, il faudra cette fois ci que ce soit un compatriote qui prenne contact avec l'officier, ce qui sera nettement plus délicat). (...)
Les autres colonnes, si on parvient à les contacter (deux d'entre elles sont parties loin vers l'est et sont actuellement occupées à étendre dans cette direction le territoire de la colonie française, avec des méthodes un peu moins barbares que celles de Noirot et Roussel, mais pas forcément toujours très reluisantes, et seule la colonne Zimmermann-Le Gall se trouve à moins de 500 km), ne seront pas forcément disposées à s'attaquer à d'autresFrançais. D'autant que Noirot et Roussel ont quitté la zone anglaise, et que les massacres qu'ils commettent, si chacun s'accorde à les considérer comme quelque peu excessifs, ne choquent pas vraiment, étant bien dans l'air du temps. (...)
Epilogue : Une fois Noirot et Roussel capturés ou tués, la colonne infernale sombrera dans le chaos, les Martiens n'ayant plus comme principale préoccupation que de regagner Syrte, et lesFrançaissurvivants n'ayant pas l'aura nécessaire pour commander à une telle troupe dans ces conditions. (...)