Weight of Years - Chapitre Rhô : L'autre pouvoir
au format (11.4 Mo)Contient : entreprises (18)(...) Devant cette situation inadmissible où un gouvernement se voyait obligé de reverser presque l'intégralité de son budget militaire à un unique groupe militaro-industriel manipulé dans l'ombre par ses anciens chefs d'Etat et hauts fonctionnaires, le Washington Post titrait : "Les Russes nationalisaient leursentreprises, nous, nous privatisons notre démocratie". Parmi ces sociétés de l'armement, seule General Electric (via sa filiale General Weapons) resta indépendante grâce à sa puissance financière et son rapprochement avec General Motors pour devenir General Mechanics, N°1 des transports. (...)
Pour la première fois les compagnies disposaient d'une machine à la fois puissante, agile et polyvalente, remplaçant d'un seul coup les chariots élévateurs, les grues, les bulldozers, les monte-charges, les foreuses, les sous-marins et autres combinaisons spatiales. Le boom de la robotique n'a pas changé fondamentalement l'activité desentreprisesmais a rendu toute activité beaucoup plus facile, plus rapide, moins coûteuse. Une dizaine de ces robots peut construire un quartier entier en quelques semaines quand il faut plusieurs mois voire des années avec les méthodes traditionnelles. (...)
Ces sociétés jusqu'alors cotées au Nasdaq/ DowJones américain, au Footsee anglais ou sur le NYSE/ Euronext se retirèrent de ces marchés financiers pour être réintroduites sur le tout nouveau ZB 100 : l'indice des 100 meilleuresentreprisesdu Zhongguo-Bharat ou "Chindia", néologisme désignant cet immense marché et tissu industriel allant de Pekin à Bangalore en passant par Shanghai et Bombay. (...)
Conséquence immédiate : par un effet de vases communicants, de nombreux actionnaires se ruèrent sur cette nouvelle place spéculative, désertant ainsi les marchés occidentaux. Les cours boursiers desentreprisesrestées sur les anciens marchés s'effondrèrent littéralement. Un vent de panique souffla sur l'économie mondiale et rien ne semblait pouvoir endiguer le phénomène. (...)
La prophétie du Grand Krach annoncée depuis le début du siècle semblait se réaliser. C'est alors qu'on observa une vague de fusions/ acquisitions sans aucune logique industrielle. Desentreprisesde tailles et de nationalités radicalement différentes se concentrèrent pour donner naissance à de véritables monstres tentaculaires et multicéphales. Le plus connu est Béhémoth, constitué d'entreprisesmultinationales de tous secteurs entrainées dans le sillage de L'Oréal et Sony dont l'équipementier léganthropique Nike-On et la maison de production ZaïbatSound. (...)
De l'autre côté de l'Atlantique, le consortium ECORIKORP (European Confederation for Research & Industry), concentration "de la dernière chance" des forces vives de l'industrie européenne reste son principal challenger. Les raisons qui ont poussées les conseils d'administration de cesentreprisesà réaliser de telles opérations restent inconnues. Le mutisme des uns et les explications évasives des autres ont fini par coller une image sulfureuse de complot interplanétaire à cette soudaine fièvre spéculative, aujourd'hui considérée comme le plus grand "délit d'initiés" de toute l'Histoire. (...)
Les carburant végétaux, la bioplastie, les piles à hydrogène, la fusion nucléaire ou encore les cellules nanocristallines ne peuvent satisfaire la demande mondiale en énergie et en matières premières, que ce soit pour les particuliers ou lesentreprises. La raréfaction des réserves mondiales a eu pour effet de rapprocher un peu plus gouvernements etentreprisespour la sauvegarde de leurs intérêts nationaux. Même le géant Béhémoth ne semble plus en mesure d'apaiser les tensions entre les USA et la Chine. (...)
Concrètement, cela se traduit par de nouvelles formes de discrimination à l'embauche, de dépendances des salariés vis-à-vis de l'entreprise et de nouveaux moyens de contrôle des travailleurs. Par exemple pour accéder à un nouveau job même non-qualifié et sous-payé, lesentreprisesexigent que le candidat possède déjà un BULB industriel dernière génération. Bien sûr vue son prix, l'engin n'est jamais à la portée d'un ouvrier et encore moins d'un chômeur de longue durée. (...)
Inutile de dire qu'en cas de licenciement ou de démission, le salarié doit rembourser intégralement la somme restante, sous peine de se voir retirer et saisir la greffe par huissier de justice et d'aller faire un tour dans l'Hufarm du coin pour payer sa dette. Par ailleurs, lesentreprisesayant retenu la leçon des opérateurs "rebelles" ont installé dans leurs BULB un émetteur GPS pour suivre les salariés à la trace, ainsi qu'un "disjoncteur" en cas de danger (malaise, crise de panique ou de désobéissance). (...)
Les syndicats font état de nombreux abus : pression des employeurs pour augmenter les horaires de travail, espionnage de la vie privée via le BULB, mise en coma sans raison valable par des contremaîtres sadiques, ... Depuis la généralisation du BULB, lesentreprisesse tournent de plus en plus vers la léganthropie commerciale et la prothochirurgie industrielle jugées moins coûteuses et moins volumineuses que les méchas. (...)
Sont alors apparues ce que l'on nomme aujourd'hui les implants de performance ou de productivité : colonne vertébrale renforcée pour supporter des charges de plusieurs tonnes, muscles câblés, poumons artificiels et peau renforcée pour les environnements toxiques ou radioactifs, mains artificielles multifonctions... Devant les protestations des syndicats et les réticences des pouvoirs publiques à légaliser ces pratiques, le discours desentreprisesest toujours le même : "seuls ces implants de productivité permettront de concurrencer les pays à bas salaires et ainsi sauvegarder l'emploi". (...)
Une récente étude montre que 65% des personnes ayant recours à la transgénèse sont des cadres supérieurs. Les raisons sont multiples : une trop grande exigence de la part desentreprises(heures de travail, stress, ...), la nécessité de "cacher" ses améliorations qui paradoxalement sont mal vues au travail, et enfin, seuls de hauts revenus peuvent recourir à cette pratique réservée aux cliniques privées à des tarifs prohibitifs. (...)
En dehors de ceux qui travaillent au noir ou de ceux arrivent à cacher leur handicap à leur employeur (voir encadré), lorsqu'ils ne sont pas refoulés manu militari par les services de sécurité au moment des tests d'embauche, la plupart n'ont droit qu'à des postes subalternes dans l'administration publique ou pour desentreprisesmiteuses bénéficiant de subventions provenant d'ONG pro-Doppelgangers. Cependant pour quelques "chanceux", leurs Déchirures peuvent se révéler très utiles auxentrepriseset certaines d'entre elles se sont même fait une spécialité d'embaucher ces "travailleurs à risque". Tout n'est pas rose pour autant car ces sociétés profitent de la situation pour proposer des salaires et des conditions de travail inacceptables comme le port obligatoire de colliers GPS générant de violentes décharges électriques. (...)
Des personnes sans scrupules n'hésitent pas à profiter de la paranoïa ambiante en divulguant leurs identités ou en faisant circuler des rumeurs pour prendre leurs places. Ainsi, la presse économique fait souvent ses choux gras en dénonçant certains chefs d'entreprisesdevenus Doppelgangers. Et on a déjà vu des patrons (Doppelganger ou non) obligés de démissionner pour ne pas voir le cours de l'action en Bourse s'effondrer aussitôt. (...)
Transgénèse et Doppelgangers dans l'entreprise : hypocrisie puritaine et bétail humain Ce dopage moderne qu‘est la transgénèse est d'autant plus révoltant que de nombreusesentreprisesl'interdisent officiellement "par mesure de sécurité" en raison de l'amalgame fait par le grand public entre la transgénèse et le phénomène Doppelganger, mais l'encouragent indirectement par la pression qu'elles exercent sur leurs managers. (...)Chapitre Rhô. Sigma : L'économie des grandes sociétés. Ce chapitre est destiné à donner aux MJ la possibilité d'intégrer des éléments économiques dans leurs scénarios. Nous ne donnons ici que des pistes à exploiter et à approfondir. Il suffit aux MJ de s'inspirer de ces pages et de l'actualité économique pour développer des intrigues basées sur les rapports de force entre les grandes firmes multinationales qui se sont constituées au XXIème siècle ou pour décrire le quotidien des PJ dans ...