Constantinople
sur Eric Christ au format (889 Ko)
Contient : constantinople (87)ConstantinopleLes Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). (...)
De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables de l'Etat byzantin, par exemple la fréquence et la gravité des révolutions de palais ou des mouvements populaires, la pesanteur de la centralisation administrative, l'immense prestige du patriarcat byzantin qui survécut longtemps à la chute de l'Empire. On peut même dire queConstantinople, comme l'ancienne Rome, mais d'une autre manière, a créé l'empire dont elle devait devenir la capitale: en déplaçant vers l'est le centre de gravité du vieux monde romain, Constantin assurait à l'Orient grec une cohésion qu'il n'avait jamais connue, mais en même temps rendait inévitable à plus ou moins long terme l'abandon de la pars occidentalis . (...)
La «ville de Constantin» et sa fondation Peu de souverains ont fait l'objet de discussions aussi passionnées que Constantin. La création deConstantinoplen'a pas échappé à ces controverses: l'empereur a-t-il voulu remplacer Rome, ou la dédoubler, ou simplement laisser après lui une grande cité qui portât son nom? (...)
La «nouvelle Rome» et ses institutions Quelles que fussent les intentions exactes de son fondateur,Constantinople, siège désormais stable d'un gouvernement de plus en plus centralisé, sanctuaire du culte impérial, ne pouvait tarder à modeler ses institutions sur celles de l'ancienne Rome: ce fut chose faite dès le IVe siècle. (...)
Enfin, en tant que responsable de l'ordre public, l'éparque contrôle les corps de métiers, comme à Rome. Mais, à la différence de Rome,Constantinopleest un grand centre industriel et commercial, et l'éparque, qui surveille étroitement la qualité de la production, en vient à jouer un rôle économique de plus en plus important. (...)
En principe, l'éparque administre la ville conjointement avec le Sénat, qu'il préside et représente devant l'empereur, et dont les membres ne relèvent juridiquement que de lui. En fait, le Sénat deConstantinople, s'il a joué constamment un rôle non négligeable dans l'Empire, a cessé très rapidement d'être un organe d'administration municipale. (...)
La capitale de l'Empire resta une cité nerveuse, inquiète, prompte à l'émeute comme à la panique, et dont les souverains ne pouvaient impunément ignorer ou négliger l'opinion. Il y eut beaucoup plus d'empereurs faits ou défaits par la rue àConstantinoplequ'à Rome. La «reine des villes» et ses monuments Chacun connaît la page où Villehardouin décrit l'émerveillement - et la convoitise - des croisés à la vue de la ville impériale: «Et sachiez que il n'i ot si hardi cui la chars ne fremist...»Constantinoplefut, jusqu'aux Temps modernes, la plus belle réussite de l'urbanisme occidental, pour son malheur, du reste, car sa richesse et sa beauté incomparables attirèrent sur elle l'insatiable cupidité des Latins. (...)
La Régia n'était elle-même que la première section de la Mésè («rue centrale»), artère principale deConstantinoplequ'elle traversait d'est en ouest, et le long de laquelle on rencontrait d'autres places importantes, tels le forum Tauri (ou de Théodose) où se faisaient les réceptions des ambassadeurs étrangers, et le forum d'Arcadius. (...)
Toutes ces grandes rues, soigneusement pavées, étaient bordées de vastes portiques à un ou deux étages, les 'emoloi, qui donnaient à la capitale son aspect le plus caractéristique, et servaient à la fois de souks, d'abris contre la pluie, de salles de réunion et de refuges nocturnes pour les vagabonds. Les monumentsConstantinople, capitale politique et religieuse, grand centre commerçant, se distinguait par le nombre de ses palais, de ses édifices administratifs, de ses églises, de ses marchés, de ses ports et de ses maisons de tolérance. (...)
Le monument civil le plus populaire, l'Hippodrome, n'était pas proprement byzantin: il datait de Septime Sévère, mais les empereurs chrétiens l'avaient magnifiquement orné avec les dépouilles de l'Egypte, de Delphes et de Rome.Constantinoplepossédait, à l'époque de sa plus grande splendeur, plus de 500 églises (en comptant les multiples chapelles de couvents). (...)
Parmi les plus vénérées, on peut citer - outre Sainte-Sophie, la «Grande Eglise», qui fut toujours le centre de la vie religieuse de Byzance - l'église des Saints-Apôtres, nécropole des empereurs byzantins, et dont on faisait remonter la construction à Constantin; la Néa bâtie à grands frais par Basile Ier (867-886) et dont la richesse n'avait d'égale que l'étrangeté de sa collection de reliques (la trompette de Josué, la corne du bélier d'Abraham, du bois de la vigne de Noé, etc.); l'église de la Vierge des Blachernes où l'on conservait le palladium deConstantinople, le voile de la Vierge que l'on promenait en procession le long des remparts quand la ville était assiégée. (...)
Non pour la date de sa fin: l'Empire est mort avec son dernier souverain, Constantin XI, au matin de la chute deConstantinople, le 29 mai 1453, sur la brèche de la porte Saint-Romain. C'est sa date de naissance qui est controversée, quoique les Byzantins n'aient jamais eu là-dessus d'hésitation: pour eux, leur Empire date du règne d'Auguste. (...)
Le second est l'existence, à partir de 330, d'une « nouvelle Rome » dans la partie orientale de l'Empire: romaine en effet par ses institutions, elle est grecque par son peuplement, sa langue et sa culture; et c'est par elle que le monde grec recevra enfin l'organisation politique puissante qu'il n'a encore jamais connue. Et ce rôle politique deConstantinoplese double d'un rôle stratégique que la Rome impériale n'avait pas joué: à l'Empire assiégé de toutes parts, elle servit souvent de donjon, imprenable jusqu'en 1204. (...)
Appliqué à la littérature, le terme « byzantin » désigne les oeuvres d'expression grecque de l'époque byzantine. Si l'on peut clore l'histoire de cette littérature à la chute deConstantinople, le début en est plus difficile à déterminer. Krumbacher le fait remonter à Constantin, d'autres seulement à Héraclius. (...)
En temps normal, le non-conformisme ne s'accordait guère avec le tempérament byzantin - non qu'il fût moutonnier (Constantinopleest par excellence la ville des émeutes), mais parce que, dans son nationalisme ombrageux, surtout à partir d'Héraclius, il se dénie toute liberté à l'égard de la mission assignée par Dieu à l'Etat romain. (...)
L'art byzantin est une filiation et une rupture. Byzance avait succédé à l'Empire de Dioclétien mais son art fut essentiellement celui deConstantinople, ville brusquement surgie en 330, par la seule volonté de Constantin le Grand, qui lui donna son nom en même temps que le tracé de ses rues, de ses péristyles, de ses églises, de ses places. (...)
Ce qui subsiste touche avant tout à l'art religieux. Il ne reste presque rien des palais prestigieux deConstantinople, et encore moins de leur mobilier d'apparat. Des musées et quelques collections privilégiées conservent des épaves de ces richesses évanouies. (...)
Même dans le domaine de la culture, le grec n'a pas encore conquis toutes les positions: ainsi, l'université deConstantinopleréorganisée par Théodose II compte seulement seize chaires grecques pour quinze latines. (...)
A trois reprises, les Balkans sont ravagés par les Barbares: sous Arcadius, par les Wisigoths d'Alaric, que Théodose avait installés en Mésie; en 441-443, par les Huns d'Attila; sous Zénon, par les Ostrogoths de Théodoric. Chaque fois, les Augustes deConstantinopleréussissent à détourner vers l'Occident le flot barbare, soit par des tributs que la richesse encore très grande de l'Orient leur permet de payer, soit par l'habileté de leur diplomatie; ce faisant, ils sacrifient délibérément à la sécurité de leur domaine la pars occidentalis , indéfendable et déjà ruinée. (...)
Cette manière de subvention détournée en stimulant la production industrielle, profitait au fisc. L'influence des Goths se fit sentir àConstantinoplemême, par l'intermédiaire des chefs de l'armée, jusque sous Léon Ier. Celui-ci voulut la neutraliser en faisant appel à d'autres Barbares installés en Asie Mineure, les Isauriens. (...)
Dans le même temps, l'opinion était déchirée par deux grandes querelles dogmatiques, envenimées l'une et l'autre par la rivalité des patriarcats d'Alexandrie et deConstantinopleque l'exil de Jean Chrysostome (404) avait pour toujours dressés l'un contre l'autre. (...)
Constant se vengea sur le pape Martin Ier, coupable d'avoir condamné le monothélisme et surtout de n'avoir pas demandé à l'autorité byzantine de ratifier son élection; il fut amené àConstantinopleet, après une parodie de procès, déporté à Kherson où il mourut de misère (656). Le principal défenseur de l'orthodoxie en Orient, Maxime le Confesseur, fut également persécuté et mourut en prison en 662. (...)
L'Occident était pour Constant II un tel sujet d'inquiétude qu'il finit par s'y établir, abandonnantConstantinopleoù, du reste, ses brutalités l'avaient rendu impopulaire. Il périt assassiné à Syracuse où il résidait depuis cinq ans (668). (...)
Les Arabes : C'est sous son fils Constantin IV qu'eut lieu le premier grand assaut des Arabes contreConstantinople. Le siège, mené à la fois par terre et par mer, dura quatre ans (674-678) et se termina par la défaite complète de l'assaillant, grâce au feu grégeois qui fait ici son apparition dans l'histoire. (...)
Du moins restaura-t-il la paix religieuse en liquidant le monothélisme, que la perte désormais assurée des provinces orientales rendait sans objet. Ce fut l'affaire du troisième Concile deConstantinople(680-681). Par malheur pour l'Empire, Constantin IV mourut jeune, laissant le pouvoir à un jeune homme de seize ans, Justinien II, fort doué, mais d'un tempérament despotique et mal équilibré. (...)
Désormais le patriarche sera, à de rares exceptions près, le fidèle agent de la politique impériale; en retour, les empereurs serviront, d'une part, l'ambition des patriarches contre l'autorité romaine, d'autre part, la vaste expansion du christianisme oriental à travers les pays slaves. Cette époque décisive commence par le règne brillant de Léon III, qui sut défendreConstantinoplecontre les Arabes avec autant d'efficacité que l'avait fait Constantin IV, et les refoula hors de l'Asie Mineure avec l'aide des Khazars. (...)
C'est lui aussi qui proscrivit le culte des images ; cette mesure le brouilla avec la papauté, à qui il enleva, par mesure de représailles, sa juridiction sur l'Illyricum et l'Italie du Sud pour la donner au patriarche deConstantinople. Celui-ci, qui avait déjà trouvé profit à l'abaissement des patriarches d'Antioche et d'Alexandrie devenus sujets des musulmans, se voyait ainsi nanti en Orient d'une autorité spirituelle comparable à celle du pape en Occident. (...)
L'affaire Photius coïncide avec le début de l'expansion de l'Eglise grecque en Europe orientale: c'est le temps où Cyrille et Méthode vont conquérir à l'Evangile les Slaves de la Grande-Moravie (863-885), où un prince bulgare reçoit le baptême àConstantinople(864), où les premiers missionnaires paraissent chez les Russes, dont l'existence a été brutalement révélée aux Grecs par l'attaque de la capitale en 860. (...)
Romain, arménien comme Basile Ier, se révéla aussi bon stratège que bon diplomate. Pour détourner deConstantinoplele tsar dont l'ambition suprême était d'être couronné empereur des Romains, il sut détacher les Croates, puis les Serbes de l'alliance bulgare, ce qui eut pour résultat de faire entrer ces peuples dans la sphère d'influence byzantine et d'engager Syméon dans des guerres désastreuses. (...)
Quant aux relations avec les Russes, elles devinrent satisfaisantes, lorsque l'assaut manqué de 941 contreConstantinopleleur eut démontré qu'il était plus avantageux de commercer avec l'Empire que d'essayer de piller sa capitale. (...)
Sur son lit de mort, il maria l'une de ses trois filles, Zoé, qui avait la cinquantaine, à l'éparque (préfet) deConstantinople, Romain Argyre. Avec le premier des « époux de Zoé » commencent à la fois la décadence de l'Empire et le règne de la noblesse civile et constantinopolitaine, dont la rivalité avec la noblesse militaire et rurale de la province explique l'instabilité du pouvoir pendant le demi-siècle qui va suivre. (...)
La régence de Marie d'Antioche, en favorisant maladroitement les Latins détestés, lui permit de se poser en chef de l'opposition nationaliste. Le succès de sa rébellion, en 1182, fut le signal du massacre général des Latins àConstantinople, où il entra en triomphateur et ceignit la couronne du jeune Alexis II, qu'il fit étrangler ainsi que la régente sa mère. (...)
La détresse de Byzance devint si évidente que la conquête de l'Empire, plusieurs fois manquée par les Normands d'Italie, rêvée plus récemment encore par Frédéric Barberousse, parut possible au doge de Venise Enrico Dandolo: il y était stimulé à la fois par la haine et le mépris réciproques qui séparaient les Grecs et les Latins depuis le schisme et les croisades, et par le désir qu'avait Venise d'installer àConstantinopleun gouvernement à sa dévotion pour pouvoir exploiter l'Empire sans risques et sans contrainte. (...)
Dandolo était un politique de génie: il sut mettre à profit à la fois la quatrième croisade lancée par le pape Innocent III et les prétentions du jeune Alexis Ange, fils d'Isaac que son frère Alexis III avait détrôné et aveuglé. Sous le prétexte de chasser l'usurpateur, les croisés se laissèrent volontiers détourner versConstantinopleet la prirent. Mais Isaac II et Alexis IV ne purent payer l'énorme salaire qui leur était demandé, et la population se rebella contre la présence des Latins. (...)
Chose curieuse, ce fut la décadence même de l'Etat byzantin qui aida à sa survie: dans un pays où les forces centrifuges l'emportaient désormais sur la volonté centralisatrice d'un pouvoir affaibli, il ne suffisait plus de frapper à la tête et de s'emparer de la capitale pour voir l'ensemble de l'Empire tomber sous la domination du conquérant. Ses parties les plus éloignées deConstantinople, à l'est la région de Trébizonde, à l'ouest l'Epire, restèrent grecques et se constituèrent en royaumes indépendants. (...)
Surtout, l'Asie Mineure dut à l'énergie de Théodore Lascaris, gendre d'Alexis III, qui semble avoir été élu empereur par le clergé quelques heures avant la prise deConstantinople, d'échapper à la conquête pour sa plus grande partie et de former le noyau à partir duquel sera reconstitué l'Empire, en moins de soixante ans, avec une habileté digne des plus grands souverains de Byzance. (...)
Venise : Dans le partage de ce que les croisés avaient pu conquérir, Venise se taillait la part du lion: avec les principaux ports et la plupart des îles, un très vaste quartier deConstantinople, une franchise commerciale absolue dans tout l'Empire et le monopole de l'élection du patriarche, les Vénitiens devenaient les véritables maîtres de la conquête franque et en recueillaient les meilleurs bénéfices. (...)
Le centre en fut Nicée, où Théodore avait trouvé refuge. De cette place très forte qui barrait la route de l'Asie Mineure aux attaques venues deConstantinopleet qui était en même temps un centre religieux vénéré des Grecs, Théodore fit une capitale administrative et un centre de culture, d'ailleurs bien modeste encore. (...)
Sous Théodore Ange, qui prit le titre de basileus, l'Etat d'Epire s'étendit à une vitesse foudroyante, presque jusqu'aux portes deConstantinople. Mais ce ne fut là qu'un feu de paille. Théodore avait compté sans un troisième compétiteur, Jean Asên II, tsar de Bulgarie, qui convoitait aussi le titre d'empereur des Romains, et qui l'écrasa à Klokotnitsa en 1230. (...)
A sa mort, l'Empire, qui avait récupéré presque toutes les conquêtes des Latins dans le nord-ouest de l'Asie Mineure ainsi que les grandes îles de la côte asiatique, de Lesbos à Rhodes, s'étendait désormais sur les deux rives de l'Hellespont, sur toute la côte nord de la mer Egée, englobait la Thrace jusqu'à la Maritsa, la Macédoine jusqu'à la hauteur de Skoplje et même atteignait l'Adriatique au nord de Dyrrachium. La reprise deConstantinopleapparaissait imminente; les difficultés de Théodore II en Epire, sa mort prématurée et l'usurpation de Michel VIII la retardèrent de quelques années. (...)
Gênes : La coalition fut battue à Pélagonia en Macédoine (1259), et deux ans plus tard une petite troupe de Grecs occupa par surpriseConstantinopleque, à leur grand étonnement, ils trouvèrent presque sans défenseurs. Le 15 août 1261, Michel VIII était couronné dans Sainte-Sophie par le patriarche. (...)
Malgré des efforts sincères de part et d'autre, l'union ne se fera pas et le secours promis n'arrivera jamais jusqu'àConstantinople. Du côté de l'Occident, les raisons principales de cet échec sont dans l'éclipse que subit, aux XIVe-XVe siècles, l'autorité pontificale et, avec elle, le sentiment de l'unité chrétienne, dans la désunion des Etats européens, surtout dans l'égoïsme féroce et aveugle des républiques maritimes d'Italie. (...)
Jean VI essaye-t-il en 1348 d'abaisser les droits de douane pour rendre quelque vie au port grec deConstantinople, aussitôt les Génois, en pleine paix, détruisent les navires byzantins et interdisent aux bateaux étrangers l'entrée de la Corne d'Or. (...)
Même lorsque Jean VIII aura déterminé son patriarche, Joseph II, et une partie des évêques à s'abaisser devant Rome et à souscrire à l'union au concile de Florence (1439), le peuple et l'immense majorité du clergé s'y opposeront avec une telle violence que l'empereur n'osera pas faire proclamer le décret d'union àConstantinople. Dans ces conditions, Byzance ne pouvait qu'assister impuissante au duel qu'allaient bientôt se livrer les Turcs et les Serbes pour la domination des Balkans, certaine de figurer de toute manière dans le butin du vainqueur. (...)
A ce moment, les empereurs byzantins étaient déjà passés sous la vassalité des Turcs et leur payaient tribut: désormais les sultans faisaient et défaisaient à leur guise les souverains qui avaient jadis régné de l'Espagne à l'Arménie. La prise deConstantinople: A l'avènement de Manuel II (1391), l'Empire était réduit à sa capitale et à la principauté de Morée, dont la prospérité, sous l'intelligent gouvernement de vice-rois héréditaires, contrastait avec la misère deConstantinople. Il est même probable que, sans les Turcs, la Morée grecque aurait été le point de départ d'une nouvelle renaissance byzantine: les ruines de Mistra, sa capitale, sont encore là pour attester le haut niveau de la civilisation dans ce dernier réduit de l'hellénisme. En revanche, la chute deConstantinopleparut imminente après le désastre de Nicopolis (1396) où s'abîma la croisade organisée par le roi de Hongrie Sigismond et le comte de Nevers. (...)
L'invasion inopinée de l'empire osmanli par les Mongols de Tarmerlan et la défaite de Bajazet à Angora (1402) procurèrent à Byzance un sursis de cinquante ans, lui permettant même de reconstituer un embryon d'empire en Thrace et d'améliorer encore sa situation en Morée, dont les Latins furent presque entièrement éliminés. Mais l'abaissement des Osmanlis fut de courte durée. Dès 1422, ils reparaissaient sous les murs deConstantinople; en 1430, ils reprenaient Thessalonique. Manuel II était mort en 1425, regretté de tout le peuple; homme bon et de grand caractère, respecté des Turcs eux-mêmes, au surplus grand ami de la culture et écrivain de talent, il avait su attirer les étudiants occidentaux dans l'Université réorganisée par ses soins. (...)
L'union, obtenue au prix de grandes concessions de la part des Grecs, fut proclamée à Florence (6 juillet 1439), et une croisade organisée sous la direction du roi de Bohême, Vladislas II, du régent de Hongrie, Jean Hunyadi, et du légat du pape. Elle fut écrasée à Varna (1444) par Mourad II; àConstantinople, le parti de l'union n'avait pas eu un meilleur sort. Ce double échec scellait le destin de l'Empire. A son avènement, en 1451, Mahomet II décidait de faire deConstantinoplesa capitale. Le dernier empereur grec, ancien despote de Morée, Constantin XI, ne pouvait espérer aucun secours de l'Occident, en dehors d'un petit contingent génois; il choisit cependant de résister à la formidable armée turque, vingt fois plus nombreuse que ses troupes. (...)
La littérature byzantine : Le temps des incertitudes (395-610) : De la mort de Théodose à l'avènenement d'Héraclius, on compte deux siècles pendant lesquels Byzance hésite encore entre sa vocation orientale et le mirage d'une restauration de l'Empire universel où s'épuisera Justinien.Constantinoplen'est pas encore le centre unique d'un empire où le grec n'est pas encore la seule langue de culture, où la foi de Chalcédoine n'a pas encore rallié toutes les âmes. (...)
Renaissance des lettres (843-1025) : Avec la dynastie macédonienne commencent pour les lettres byzantines des temps meilleurs, annoncés dès la fin de la période précédente par la réorganisation de l'Université sous Théophile, puis sous Bardas, ministre de Michel III. C'est alors seulement que, dans l'Empire en pleine expansion,Constantinopledevient vraiment la capitale intellectuelle. Elle le doit surtout à deux personnages exceptionnels et aux cercles de lettrés réunis autour d'eux. (...)
Pourtant, la documentation conservée est très lacunaire et elle n'est pas représentative de l'ensemble de la création artistique. Les monuments deConstantinopleont beaucoup souffert des destructions, plus que ceux des provinces et de la périphérie du monde byzantin. (...)
L'étude de celle-ci souffre, en outre, du petit nombre d'oeuvres datées avec certitude et localisées avec précision. Si le rôle deConstantinoplefut, sans nul doute, primordial dans l'élaboration de l'art byzantin et dans sa diffusion, il faut se garder d'attribuer à la capitale toutes les oeuvres de bonne qualité. (...)
Des villes sont créées sur des points facilement défendables (Monemvasie), parfois pour une brève période (Arif en Lycie?). Seuls se maintiennent de très grands centres urbains comme Thessalonique, Smyrne etConstantinople. A partir de la seconde moitié du IXe siècle, un certain renouveau de l'habitat se manifeste avec l'apparition de bourgs fortifiés. (...)
Artisanat et commerce sont florissants si l'on en croit les sources (Nicolas Choniate, Anne Comnène, Benjamin de Tudèle, Idrisi) et certaines découvertes archéologiques (ateliers de verriers et de potiers à Corinthe par exemple). Au XIIIe siècle, marqué par l'occupation latine deConstantinople, certaines régions d'Asie Mineure semblent relativement prospères (empires de Nicée et de Trébizonde). (...)
Certes, la capitale et les grands centres offraient, d'après les sources, des bâtiments prestigieux (constructions des empereurs iconoclastes au Grand Palais ; aménagement du Palais des Blachernes; palais de fantaisie décrit dans l'épopée de Digenis Akritas). Le palais de Tekfur Saray àConstantinople, ceux de Bryas (dans l'actuelle ville de Maltepe dans le golfe d'Izmit), de Trébizonde et de Nymphaion (près d'Izmir) sont peut-être à rapprocher, par leurs corps de logis allongés, du palais des Despotes à Mistra. (...)
Ce dernier parti, calotte occidentale et coupole (fortement décalée vers l'est), semble avoir été adopté pour la basilique B de Philippes, construite peu après Sainte-Sophie. A Saint-Jean-d'Ephèse, dont Procope souligne la ressemblance avec l'Apostoleion disparu deConstantinople, le plan cruciforme a permis d'épauler la coupole centrale par quatre coupoles au nord, au sud, à l'est et à l'ouest, ce bras recevant, en raison de sa longueur, une coupole supplémentaire. (...)
) et Dere Agzi (seconde moitié du IXe s.), complètent ce maigre corpus. Vers la même époque commence àConstantinopleun nouvel essor de l'architecture religieuse, lié à celui des couvents dans lesquels l'aristocratie, à commencer par les familles régnantes, place ses capitaux et auxquels elle demande de prier pour ses disparus. (...)
Mais très tôt apparaît le plan en croix grecque inscrite, avec des accents provinciaux très marqués à Skripou (où les berceaux nord et sud sont en forte saillie), construite en 873-874, par un certain Léon, protospathaire et propriétaire terrien dans cette région, et à Episkopi de Skyros (895). Comme àConstantinople, il y a un type simple, à quatre supports (Metamorphosis Sotiros à Athènes) et un type composé, à six supports, qui prévaut dans les catholica des couvents importants dont se couvre la Grèce du Xe au XIIe siècle (Panayia de Saint-Luc, Kaisariani, Hosios Meletios, Merbaka, Chonika, Ayia Moni). (...)
La croix, seul motif chrétien maintenu, joue un rôle important dans le décor des églises, particulièrement dans l'abside (mosaïque de Sainte-Irène, àConstantinople, de la Dormition de Nicée et de Sainte-Sophie, à Thessalonique). L'attribution à l'époque iconoclaste de plusieurs décors provinciaux découverts en Asie Mineure (Cappadoce, Isaurie), en Grèce (Magne) et dans les îles (Naxos, Crète) demeure souvent conjecturale, même si elle paraît, dans certains cas, très vraisemblable. (...)
) : A la suite de la crise iconoclaste, un système cohérent de décoration d'église, dont les principes de base resteront à peu près immuables, est élaboré et mis en place àConstantinople. Conçu pour le type architectural alors dominant (l'église en croix inscrite à coupole), il reflète les conceptions politico-mystiques contemporaines de l'Empire byzantin comme royaume chrétien idéal, reflet sur terre du royaume céleste. (...)
Cette hiérarchie de figures isolées pouvait être complétée par des scènes de la vie du Christ correspondant aux grandes fêtes liturgiques (cycle du Dodécaorton ). Ce programme iconographique fut mis en place àConstantinopledans plusieurs églises de la seconde moitié du IXe siècle, mais il n'en subsiste que quelques fragments à Sainte-Sophie, et c'est aujourd'hui dans les riches fondations monastiques du XIe siècle (Saint-Luc en Phocide, la Néa Moni de Chios, Daphni) qu'on en trouve les plus remarquables applications. (...)
Ainsi, en Cappadoce, continuat-on, jusqu'en plein Xe siècle, à décorer les églises, généralement de plan basilical, de cycles narratifs détaillés de la vie du Christ, se déroulant en frises continues sur la voûte et les parois de la nef, tandis que le Christ en gloire figure dans l'abside (églises dites archaïques). Le programme élaboré àConstantinople, qui s'imposera au XIe siècle, n'empêchera d'ailleurs pas le maintien de particularismes locaux. (...)
La Cappadoce est aussi la seule province de l'Empire qui conserve toute une série de peintures murales des IXe et Xe siècles, période fort mal documentée par ailleurs (mosaïques de Sainte-Sophie de Thessalonique et de Sainte-Sophie deConstantinople). Parmi les oeuvres de styles variés et de qualité inégale, se détachent, vers le milieu du Xe siècle, les remarquables peintures de la nouvelle église de Tokal? (...)
Les témoignages artistiques du XIe siècle conservés à travers l'Empire sont beaucoup plus nombreux et leur style, dicté semble-t-il parConstantinople, devient plus homogène. Le courant qui connut le plus d'interprétations provinciales est un style hiératique, linéaire, que l'on qualifiait jadis à tort de monastique, d'oriental ou de populaire. (...)
La recherche d'élégance décorative conduira, dans les dernières décennies du siècle, aux exagérations maniéristes et aux raffinements un peu artificiels du style dit dynamique, qui sera très populaire à Byzance et hors des frontières de l'Empire (Saints-Anargyres de Castoria, Kurbinovo, Pérachorio à Chypre, Monreale en Sicile). Originaire deConstantinople, ce style connaît une variante « art nouveau » ou « fin de siècle », dont témoignent les peintures de Saint-Hiérothée, près de Mégare (Attique), de Chypre (ermitage de Saint-Néophyte à Paphos, Lagoudéra), de Géraki (Evanguélistria) ou de l'Episkopi du Magne. (...)
L'époque de la domination latine (1204-1261) : Tout en conservant son prestige de métropole artistique,Constantinopleperd, au XIIIe siècle, son rôle de chef de file. Si des peintres grecs continuèrent à travailler sur place, parfois pour des clients latins (les franciscains à Kalenderhane Camii), d'autres se réfugièrent dans les centres restés grecs, en particulier à Nicée, ou répondirent à l'appel de nouveaux patrons, les souverains serbes ou bulgares. (...)
Le morcellement de l'Empire favorisa ainsi l'apparition de nouveaux centres et l'essor d'un art plus libre, dont on suit le mieux l'évolution dans les régions périphériques: églises de Serbie (Studenica, Mileševa, Sopo?ani) ou de Bulgarie (Bojana, 1259), décorées par des peintres grecs, dont l'origine -Constantinople, Thessalonique ou Nicée - reste difficile à déterminer. Plusieurs décors ont été également réalisés en Grèce, alors sous domination franque, et quelques-uns en Asie Mineure. (...)
Le développement des sujets locaux (portraits de personnages historiques, représentations d'événements contemporains), caractéristique surtout du décor des églises serbes, témoigne d'une évolution significative dans la conception même du décor des églises. Les Paléologues (1261-1453) : Restauré autour de sa capitale,Constantinople, reconquise en 1261, l'empire des Paléologues est un Etat réduit, affaibli et appauvri. (...)
Mosaïstes et peintres déploient à nouveau une activité intense dans les deux villes les plus importantes de l'empire:Constantinople(Fethiye Camii, vers 1310-1320; Kariye Camii , 1315-1321) et Thessalonique (chapelle Saint-Euthyme à Saint-Démétrius, 1303; Saints-Apôtres, 1310-1314 et 1328-1334; Saint-Nicolas Orphanos, 1314-1317). (...)
Peintes surtout dans la technique de l'encaustique, qui sera abandonnée après le VIIIe siècle pour la détrempe, ces oeuvres pré-iconoclastes sont conservées principalement au monastère de Sainte-Catherine, au mont Sinaï, mais elles proviennent d'ateliers deConstantinople, de Palestine, de Syrie ou d'Egypte. Si quelques rares exemplaires, toujours au Sinaï, peuvent peut-être être datés de l'époque iconoclaste, l'essor de l'art de l'icône ne commence vraiment que sous les empereurs macédoniens: loin d'être seulement destinées à la dévotion privée, les icônes deviennent alors un élément essentiel du culte liturgique. (...)
Les rares oeuvres conservées des IXe et Xe siècles sont d'un style assez sévère, tandis que les figures délicates et dématérialisées du XIe siècle sont souvent proches de celles des enluminures contemporaines: icônes et miniatures étaient vraisemblablement produites dans les mêmes ateliers et par les mêmes peintres. Quelques pièces d'une remarquable qualité artistique, provenant probablement des ateliers deConstantinople, nous sont parvenues pour le XIIe siècle. L'élégance du dessin et le raffinement des couleurs s'y allient à l'expression d'une spiritualité profonde (Miracle de saint Michel à Chonae et Echelle céleste de Jean Climaque, au Sinaï). (...)
Pour satisfaire les besoins croissants de la piété privée, du culte liturgique et de l'exportation, les icônes sont produites en grand nombre dans les ateliers deConstantinople, de Thessalonique, d'Ohrid et d'autres centres, dont l'activité reste toujours difficile à cerner. (...)
L'analyse codicologique et paléographique, l'étude des ornements et du style ont aussi permis récemment de regrouper une quinzaine de manuscrits, datant de la fin du XIIIe siècle, exécutés presque tous àConstantinople, dans le même scriptorium. Quelques oeuvres du XIVe siècle se distinguent encore par la beauté de leurs miniatures, témoignant du haut niveau qu'a pu atteindre parfois l'enluminure sous les Paléologues (OEuvres théologiques de Jean Cantacuzène, Bibl. (...)
Avec la création de la nouvelle capitale, la production s'amplifia et se diversifia, particulièrement celle de Proconnèse pour qui la construction deConstantinopleconstituait un marché d'une rare ampleur. Le marbre était en effet omniprésent dans une architecture où les colonnades, les revêtements des murs, les dallages faisaient exclusivement appel à ce matériau. (...)
En revanche, certains types apparurent comme le chapiteau ionique à imposte (ce dernier élément s'imposant peu à peu avec la substitution de l'arcade à l'architrave plus courante sous l'Empire), puis les chapiteaux à protomés animalières (Pore?) et les chapiteaux en corbeille (comme à Sainte-Sophie deConstantinopleou à Saint-Vital de Ravenne). L'accent était mis de plus en plus sur les contrastes de clair-obscur entre la surface et les parties surcreusées au trépan (acanthe appelée théodosienne), dont les exemples les plus connus, au milieu et au troisième quart du Ve siècle, sont à Saint-Jean-Stoudios deConstantinople, à l'Acheiropoietos de Thessalonique et au martyrium de Léonidès au Léchaion, port de Corinthe. Ces valeurs s'accentuent au VIe siècle, au moment où apparaît un répertoire ornemental d'aspect orientalisant, bien mis en évidence par la découverte de l'église de Saint-Polyeucte construite en 524-527 par Julia Anicia, parent de Justinien. En dépit de la prépondérance des carrières de Proconnèse et deConstantinople, dont la production était exportée à une grande échelle (cargaison naufragée de tous les éléments préfabriqués d'une église trouvée au large de Marzamemi, en Sicile), d'autres carrières de marbre blanc (Attique, Phrygie) ou de couleur (Thessalie, Carystos, Carie) produisaient en abondance des sculptures comparables. (...)
L'orfèvrerie : Les pièces conservées ne donnent qu'une faible idée de l'importance de l'orfèvrerie byzantine, mais les témoignages littéraires nous font connaître la richesse et la diversité des oeuvres disparues: table d'autel en or massif incrustée de pierres précieuses, à Sainte-Sophie, trône placé sous un ciborium d'or au Grand Palais deConstantinople, vaisselle relatant les victoires impériales, fabriquée avec l'or pris aux Vandales, sont quelques-unes des réalisations du règne de Justinien. (...)
Le bronze : Parmi l'abondante production byzantine d'objets de bronze se distinguent quelques plaques à sujets religieux, généralement dorées et d'un haut niveau artistique, véritables substituts des icônes en métaux précieux ou en ivoire (Vierge à l'Enfant du musée de Plovdiv, triptyque du Victoria and Albert Museum de Londres). Les artisans deConstantinopleont également atteint une maîtrise remarquable dans la fabrication des portes de bronze décorées de reliefs et d'incrustations de nielle, d'argent et de divers alliages: on leur doit les portes réalisées dans la seconde moitié du XIe siècle pour les églises italiennes d'Amalfi, du Mont-Cassin, de Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome, de Monte Sant'Angelo, de Salerne, de Saint-Marc de Venise et d'Atrani. (...)
La verrerie : Les Byzantins n'ignorèrent pas la verrerie de luxe, comme en témoignent plusieurs objets du trésor de Saint-Marc et, en particulier, un vase de verre pourpre décoré de figures mythologiques, très représentatif de la renaissance macédonienne. Ils fabriquèrent également des vitraux, dont on a retrouvé quelques fragments dans les églises deConstantinople(Kariye Camii, Zeyrek Camii). Les ivoires : Matériau de luxe par excellence, l'ivoire, rare et précieux, a donné lieu, dès l'époque protobyzantine, à une production très abondante (cf. (...)
(suaire de Saint-Calais, tissus aux cavaliers, suaire de Saint-Victor de Sens). Après sa victoire sur Chosroès II, en 624, Héraclius fit d'ailleurs venir àConstantinopledes tisserands persans. L'imitation des modèles est parfois si fidèle qu'il est difficile de distinguer les productions byzantines des productions sassanides. (...)
La même incertitude subsiste pour les soieries à sujets religieux, comme L'Annonciation et La Nativité du Museo sacro du Vatican, attribuées successivement à l'Egypte, à la Syrie et àConstantinopleet datées entre le VIe et le VIIIe siècle. L'industrie textile atteint son apogée sous les Macédoniens et les Comnènes; les ateliers deConstantinoplesont désormais concurrencés par ceux de Patras, de Corinthe, de Sparte, de Thèbes et de Chypre. Les motifs zoomorphes répétés dans des compositions symétriques et majestueuses, d'un remarquable effet décoratif, l'emportent nettement sur les représentations figurées (triomphe d'un empereur à cheval sur la soierie de Bamberg). (...)
Perspectives nouvelles de la recherche en archéologie et en histoire de l'art L'incessant apport de l'archéologie et des monographies relatives à des monuments, des sites ou des régions de l'empire byzantin a rendu souvent caducs les schémas et les classifications hérités des premiers historiens de l'art byzantin. Rome ou l'Orient, la prédominance des ateliers d'Antioche, d'Alexandrie ou deConstantinopleconçus comme des entités aux attributs transcendants ont cédé la place a des enquêtes régionales regroupant sans a priori esthétique les monuments, qu'il s'agisse de l'architecture de Syrie du Nord (Tchalenko), des peintures de Cappadoce (Jerphanion, Thierry, Restle), ou des manuscrits. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...