Constantinople
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Contient : domaine (16)(...) Cette monarchie orientale et romaine, fortement centralisée, profondément chrétienne, centrée sur ledomainegrec, n'apparaît pleinement constituée que sous Héraclius. Mais il est légitime d'en faire remonter l'histoire à l'époque où la séparation définitive des deux parties de l'Empire constantinien, après la mort de Théodose Ier (395), va mettre les souverains de Byzance aux prises avec des problèmes propres à la pars orientalis , problèmes qui les amèneront, comme malgré eux, à transformer l'Etat romain en Etat byzantin. (...)
On pourrait dire, en forçant à peine le sens des mots, que l'art du Moyen Age a été « byzantin » dans la plupart de ses manifestations jusqu'à la fin de l'époque romane, en Occident, de même que, plus à l'est, Byzance se survit dans ledomainede l'art sacré, jusqu'à nos jours pratiquement. Les lacunes de l'information paraissent d'autant plus considérables. (...)
Parmi les hommes d'Etat qui entourent ces empereurs, il y a aussi beaucoup d'Occidentaux; du reste, la langue de l'administration et des tribunaux est encore le latin, et non le grec. Même dans ledomainede la culture, le grec n'a pas encore conquis toutes les positions: ainsi, l'université de Constantinople réorganisée par Théodose II compte seulement seize chaires grecques pour quinze latines. (...)
Chaque fois, les Augustes de Constantinople réussissent à détourner vers l'Occident le flot barbare, soit par des tributs que la richesse encore très grande de l'Orient leur permet de payer, soit par l'habileté de leur diplomatie; ce faisant, ils sacrifient délibérément à la sécurité de leurdomainela pars occidentalis , indéfendable et déjà ruinée. On pourrait se demander pourquoi l'or de Byzance, au lieu d'être gaspillé en tributs, ne servait pas plutôt à renforcer l'armée pour la rendre apte à mieux défendre les frontières. (...)
La crise du VIIe siècle (610-717) : L'idée de légitimité dynastique a fait, au VIIe siècle, de rapides progrès : jusqu'à la longue série de désastres et de coups d'Etat qui suivit la première chute de Justinien II, le trône fut constamment occupé par des membres de la famille des Héraclides, qui firent ainsi bénéficier l'Etat d'une incontestable continuité de vues, exception faite pour ledomainereligieux - continuité qui tient peut-être en partie aux traits de caractère communs aux Héraclides: un goût très vif de l'action; des dons de stratège; une piété sincère, bien que souvent mal éclairée; un sens de l'autorité dégénérant parfois en despotisme. (...)
Sans doute, les Comnènes ont-ils réussi à reconstituer une armée nationale en ressuscitant le système des biens militaires sous une forme adaptée à l'esprit du siècle. Déjà ancienne, la pronia (prouoia), concession d'un revenu ou d'undomainefaite par l'Etat à un individu à titre viager, reçoit désormais une destination militaire: des domaines, avec les parèques (serfs) qui les cultivent, passent aux mains de bénéficiaires évidemment choisis dans la noblesse - qui, en échange, non seulement doivent l'impôt du sang à titre personnel, mais la fourniture d'un certain contingent. (...)
Les exploits et les travaux d'Alexis Ier avaient, en 1118, refait de Byzance une grande puissance, à vrai dire rejetée vers l'Orient par la perte de l'Italie du Sud et de presque toute la Dalmatie, et menacée au sud de sondomaineasiatique par les jeunes principautés franques . Mais les croisades avaient eu une conséquence plus grave encore: celle de dériver vers la Syrie les voies commerciales venant de l'Est, et cela dans le temps même où le réveil économique de l'Occident, la croissance des cités d'Italie et de la Flandre réduisaient les débouchés extérieurs de l'industrie byzantine. (...)
Or, Byzance ne peut plus tenir ces deux fronts à la fois. Michel VIII, pour soutenir l'assaut de l'Occident, a dû laisser presque sans défense l'anciendomaineasiatique des souverains de Nicée. Comme les Paléologues, par manque de terres et d'autorité sur la noblesse, ne pouvaient reconstituer des biens militaires quand les Turcs eurent conquis ceux qui existaient en Asie, il fallut en revenir au système du mercenariat, doublement ruineux, pour les finances et pour la sécurité intérieure. (...)
C'est à ce cercle qu'appartenait entre autres Paul le Silentiaire, officier de la cour de Justinien, poète sensuel et passionné qui, en d'autres temps, eût pu être un grand élégiaque. La tradition alexandrine se perpétue aussi dans ledomainedes sciences, où l'on voit déjà poindre, cependant, un goût très byzantin pour les florilèges et les abrégés. (...)
C'est encore à un moine et à un adversaire de l'iconoclasme, Théophane de Sygriana (mort en 817), que l'on doit une Chronographie célèbre et très tôt traduite en Occident; en l'absence d'autres sources historiques, elle nous est précieuse par l'ampleur de son information. Mais l'influence monastique se fait sentir plus encore dans ledomainede l'hymnologie. Bien que le kontakion soit encore cultivé, notamment par Joseph l'Hymnographe et l'école sicilienne, il est progressivement évincé par un genre nouveau apparu au VIIe siècle, le canon , composition formée de plusieurs « odes » à strophes courtes, et dont le caractère n'est plus narratif ou dramatique comme dans le kontakion , mais purement lyrique. (...)
En cela, il s'opposait à des prélats humanistes comme Jean Apokavkos (mort vers 1230) ou Georges Bardanès. Dans ledomaineplus proprement littéraire, la poésie d'inspiration et de forme populaire gagne du terrain, par exemple avec Nicolas Irénikos, auteur d'un Epithalame sur le mariage de Jean III, et avec les premiers romans de chevalerie, dont l'apparition coïncide avec l'occupation franque. (...)
En réalité, la haute culture qui est de tradition dans la dynastie des Paléologues, la nouvelle Université réorganisée par Manuel II et qui attirera les étudiants italiens, le prestige du patriarcat et de son école, une décentralisation imposée par le morcellement dudomainebyzantin et qui fera de Thessalonique et surtout de Mistra des centres de culture, le grand mouvement spirituel de l'hésychasme enfin, tout cela contribue à maintenir la vitalité des lettres byzantines; et plus encore, peut-être, les contacts plus fréquents avec l'Occident et l'épanouissement d'un esprit de liberté grâce à la disparition de la contrainte exercée par un Etat puissant. (...)
Toute cette école est divisée par une querelle de rhéteurs - c'est l'époque où la rhétorique envahit tout - entre les tenants de l'atticisme (ou de ce qu'on prend alors pour l'atticisme) et de l'imitation des Anciens, tels que Choumnos, et les « Modernes » comme Métochite, dont la manière, semble-t-il, était plus exubérante et passionnée. L'influence de ces grands lettrés, au XIVe siècle, est plus heureuse dans ledomainescientifique que dans ledomainelittéraire. Les ouvrages qui ont le plus d'intérêt à ce dernier point de vue sont, en poésie, les Hymnes à la Mère de Dieu , de Nicéphore Callistos Xanthopoulos (mort vers 1350), connu aussi comme historien ecclésiastique; en prose, l'Histoire de l'ex-empereur Jean VI Cantacuzène (1292 env.-1383 env. (...)
A la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe, les ateliers de la capitale produisirent également, pour une clientèle riche et raffinée, des icônes en mosaïque, de petites dimensions et d'une grande virtuosité technique (Crucifixion , Staatliche Museen, Berlin; Annonciation du Victoria and Albert Museum de Londres; Diptyque des Douze Fêtes de l'Opera del Duomo à Florence, etc.). Les enluminures : Les miniatures de manuscrits représentent un très vastedomainede l'art byzantin,domaineen partie encore inexploité et qui pose les habituels problèmes de datation et de localisation. La recherche sur les ateliers de miniaturistes n'en est encore qu'à ses débuts, la notion même d'ateliers de peintres et les rapports de ceux-ci avec les scriptoria étant, à Byzance, difficile à cerner. (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...