Constantinople
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Contient : grande (47)(...) La création de Constantinople n'a pas échappé à ces controverses: l'empereur a-t-il voulu remplacer Rome, ou la dédoubler, ou simplement laisser après lui unegrandecité qui portât son nom? La question n'est pas tranchée. Ce qui est certain, c'est que depuis le IIIe siècle les empereurs résidaient de moins en moins à Rome, qui était trop loin des frontières, isolée dans une Italie en pleine décadence, à l'écart de l'axe commercial Rhin-Danube, qui avait supplanté l'axe méditerranéen. (...)
Comme son collègue de Rome, il a pour charge de rendre effective l'autorité impériale dans le ressort de la capitale, jusqu'à 100 milles au-delà des murs. En fait, sa puissance est plusgrandeque celle de l'ancien praefectus urbi : il a sous ses ordres les services de l'annone et des vigiles qui, à Rome, ne dépendaient pas de lui; Justinien a en effet remplacé le préfet des vigiles par un préteur des dèmes qui est subordonné à l'éparque et chef des corps de policiers et de pompiers établis dans chacune des quatorze régions de la capitale (division imitée de l'ancienne Rome). (...)
Sa population, formée du noyau byzantin primitif auquel s'ajoutèrent très rapidement des éléments venus de toutes les régions d'Orient, puis d'Occident, ne semble cependant pas avoir dépassé le demi-million au temps de sa plusgrandeprospérité. Au XVe siècle, à la veille de la chute de la ville, elle était tombée bien au-dessous de 100 000 habitants, mais la superficie de la cité, à l'abri de ses murailles imprenables, n'avait pas diminué: aussi était-elle à demi déserte. (...)
Un autre genre de monuments remarquables est constitué par les aqueducs et les citernes indispensables pour alimenter en eau, dans une région pauvre en sources, la population d'unegrandecité. L'aqueduc de Valens, qui subsiste et fonctionne encore, traversait toute la ville parallèlement à la Mésè. Les citernes, couvertes ou non, étaient extrêmement nombreuses et sont engrandepartie conservées: la plus connue est celle de Philoxène, dite Bin-bir-direk («mille et une colonnes», en réalité 224), dont la contenance dépasse 40 000 mètres cubes. (...)
Le monument civil le plus populaire, l'Hippodrome, n'était pas proprement byzantin: il datait de Septime Sévère, mais les empereurs chrétiens l'avaient magnifiquement orné avec les dépouilles de l'Egypte, de Delphes et de Rome. Constantinople possédait, à l'époque de sa plusgrandesplendeur, plus de 500 églises (en comptant les multiples chapelles de couvents). Parmi les plus vénérées, on peut citer - outre Sainte-Sophie, la «GrandeEglise», qui fut toujours le centre de la vie religieuse de Byzance - l'église des Saints-Apôtres, nécropole des empereurs byzantins, et dont on faisait remonter la construction à Constantin; la Néa bâtie à grands frais par Basile Ier (867-886) et dont la richesse n'avait d'égale que l'étrangeté de sa collection de reliques (la trompette de Josué, la corne du bélier d'Abraham, du bois de la vigne de Noé, etc.); l'église de la Vierge des Blachernes où l'on conservait le palladium de Constantinople, le voile de la Vierge que l'on promenait en procession le long des remparts quand la ville était assiégée. (...)
Le goût du pastiche aidant, la littérature a eu tendance à devenir de plus en plus la chose d'une aristocratie intellectuelle, inaccessible à la plusgrandepartie du peuple. Cette évolution a heureusement été quelque peu freinée par l'Eglise, dont l'influence sur la littérature byzantine a revêtu deux formes. (...)
Elle a défendu l'orthodoxie, dégageant ainsi et maintenant toujours ouvert le problème essentiel de la philosophie grecque au Moyen Age: la conciliation de la doctrine chrétienne avec les systèmes platonicien, néo-platonicien et aristotélicien, dont il n'a jamais été question à Byzance de nier la valeur. Elle a, d'autre part, gouverné pour ainsi dire la sensibilité byzantine et, par là, unegrandepartie de la production littéraire. C'est essentiellement par elle et par les genres qui lui sont propres, homélie, hagiographie, que le petit peuple de Byzance a eu accès à l'univers intellectuel. (...)
Chaque fois, les Augustes de Constantinople réussissent à détourner vers l'Occident le flot barbare, soit par des tributs que la richesse encore trèsgrandede l'Orient leur permet de payer, soit par l'habileté de leur diplomatie; ce faisant, ils sacrifient délibérément à la sécurité de leur domaine la pars occidentalis , indéfendable et déjà ruinée. (...)
C'est que l'Empire manquait d'hommes, non seulement du fait de la dénatalité (qui se fera sentir au moins jusqu'à la fin du VIe siècle), mais aussi parce que le régime dominant était celui de lagrandepropriété, très peu favorable au recrutement militaire. Il faut remarquer aussi que ce tribut était moins une marque de sujétion humiliante que l'instrument d'une fructueuse opération commerciale: l'or byzantin était engrandepartie récupéré sur les marchés frontières installés par l'Etat et où, à des prix imposés par lui, les Barbares achetaient les marchandises de luxe fabriquées dans l'Empire. Cette manière de subvention détournée en stimulant la production industrielle, profitait au fisc. (...)
Enfin, il avait épuisé le Trésor au point que son successeur, Justin II, ne put payer le tribut au roi perse Chosrau Ier. L'Empire menacé : Justin II rouvrit les hostilités. Pour faire front, on dut abandonner unegrandepartie de l'Italie aux envahisseurs lombards et laisser les Avars et les Slaves ravager les Balkans et même la Grèce. (...)
L'iconoclasme: dynasties isaurienne et amorienne (717-867) : La sévérité des historiens des siècles passés à l'égard de l'Empire byzantin tient engrandepartie aux querelles religieuses qui s'y sont succédé presque sans interruption jusqu'au milieu du IXe siècle, et qui ont semblé si futiles aux esprits modernes. (...)
La violence de ces querelles vient de ce qu'elles mettaient en jeu l'unité de l'Empire; dans l'Occident déjà politiquement morcelé, mais spirituellement uni autour d'un unique patriarche, le pape, elles n'auraient pu être de sigrandeconséquence. A Byzance, la sujétion du patriarche, et par conséquent de l'Eglise, à l'empereur n'a jamais été contestée. (...)
La mort prématurée de Léon IV fit d'Irène la détentrice réelle du pouvoir, qui revenait officiellement à son jeune fils Constantin VI: elle n'eut rien de plus pressé que de convoquer, en 787, un nouveau concile, le deuxième concile de Nicée, qui rétablit le culte des images. Ce retour à l'orthodoxie ne devait pas être définitif. L'ambition d'Irène, plusgrandeque son intelligence, causa la perte de sa dynastie. Quand elle eut détrôné et fait aveugler son propre fils, l'incapable et impopulaire Constantin VI, et qu'elle se fut proclamée empereur, elle ne sut ni administrer l'Etat, ni éviter la défaite sur le front arabe et sur le front bulgare, ni surtout épargner à Byzance l'humiliation de voir ressusciter avec Charlemagne un Empire rival en Occident. (...)
L'affaire Photius coïncide avec le début de l'expansion de l'Eglise grecque en Europe orientale: c'est le temps où Cyrille et Méthode vont conquérir à l'Evangile les Slaves de laGrande-Moravie (863-885), où un prince bulgare reçoit le baptême à Constantinople (864), où les premiers missionnaires paraissent chez les Russes, dont l'existence a été brutalement révélée aux Grecs par l'attaque de la capitale en 860. (...)
Au moment où Michel III, ayant consenti à l'assassinat du césar Bardas par son favori Basile, était assassiné à son tour par son ambitieux complice (867), il commençait à apparaître que l'essor politique et économique de Byzance dépendait engrandepartie de ses relations avec le Nord. La dynastie macédonienne et l'apogée de Byzance (867-1081) : En se débarrassant par un meurtre sordide de son bienfaiteur Michel III, il se trouva que Basile Ier installait au pouvoir, pour deux siècles, la dynastie dite macédonienne - en réalité d'origine arménienne - qui allait mener l'Empire à son apogée. (...)
Au perfectionnement de l'administration, au développement économique correspond, surtout au début de la dynastie, unegrandeactivité législatrice. Les Macédoniens se sont appliqués à simplifier et à remettre à jour le lourd appareil de lois légué par Justinien. (...)
En outre, sa législation continua l'effort obstiné de Lécapène pour la protection de la petite propriété rurale; ni l'un ni l'autre, malheureusement, ne surent voir que, si cette petite propriété disparaissait, c'était engrandepartie par la faute de l'Etat lui-même et de sa fiscalité trop lourde. L'époque de lagrandeexpansion de Byzance commence, assez curieusement, par le règne d'un incapable, Romain II, marié à une belle intrigante, Théophano. Quand son mari mourut, après quatre ans de règne, Théophano, pour ne pas être écartée du pouvoir, épousa le meilleur général de son temps, le vieux Nicéphore Phocas, qui venait d'être proclamé empereur par ses propres troupes. (...)
Puis il se tourna contre les Fatimides d'Egypte qui menaçaient la Syrie et les refoula jusqu'à Césarée en annexant la Phénicie. Les faiblesses d'une trèsgrandepuissance : Les campagnes de Phocas et de Tzimiskès avaient fait de Byzance la plusgrandepuissance d'Europe et d'Asie antérieure. Mais ces deux règnes n'avaient pas été aussi bienfaisants, il s'en faut, pour l'équilibre social de l'Empire. (...)
Les mesures financières prises par Basile II ont été rapportées par Constantin VIII et par Romain III; et lagrandepropriété laïque et ecclésiastique échappe beaucoup plus facilement à l'impôt que la petite: l'une ne cesse d'absorber l'autre. (...)
La noblesse militaire au pouvoir: les Comnènes et les Anges (1081-1204) : Si les empereurs issus de la classe sénatoriale étaient tombés pour avoir fait aux dépens de l'armée les seules économies qui leur parussent nécessaires, la noblesse militaire avait aussi de lourdes responsabilités dans la ruine du régime: elle avait largement contribué à réduire au servage la plusgrandepartie de la paysannerie libre, tarissant ainsi la meilleure source de recrutement et aggravant le déséquilibre social qui tendait à faire disparaître les classes moyennes et à opposer directement - pour parler le langage des novelles - les « puissants » toujours plus puissants et les « pauvres » toujours plus nombreux. (...)
Les trois premiers Comnènes pourront bien, par leur courage, leur ténacité, leurs brillantes qualités de diplomates, reconquérir unegrandepartie du territoire envahi et conjurer pour un siècle le péril turc en Asie et en Europe, ils n'en resteront pas moins prisonniers de la classe qui les aura mis au pouvoir, et de ses intérêts: caste au loyalisme toujours douteux, dont assurément la tenue est meilleure que celle de la noblesse civile du XIe siècle et la culture souvent raffinée, mais orgueilleuse et fermée; avide de titres et de privilèges, elle n'éprouve ni pitié ni sollicitude pour un peuple qui souffre. (...)
Il fallut surtout utiliser les services des croisés, dont l'avidité stupéfia Anne Comnène, et de la marine vénitienne, qui se fit payer en privilèges commerciaux, ruineux pour l'Empire. Les exploits et les travaux d'Alexis Ier avaient, en 1118, refait de Byzance unegrandepuissance, à vrai dire rejetée vers l'Orient par la perte de l'Italie du Sud et de presque toute la Dalmatie, et menacée au sud de son domaine asiatique par les jeunes principautés franques . (...)
Surtout, l'Asie Mineure dut à l'énergie de Théodore Lascaris, gendre d'Alexis III, qui semble avoir été élu empereur par le clergé quelques heures avant la prise de Constantinople, d'échapper à la conquête pour sa plusgrandepartie et de former le noyau à partir duquel sera reconstitué l'Empire, en moins de soixante ans, avec une habileté digne des plus grands souverains de Byzance. (...)
En particulier, l'autonomie municipale, qui avait disparu depuis le temps d'Héraclius, s'était mise à renaître sous la pression des « puissants » qui tenaient déjà la plusgrandepartie de la terre. Dès le XIe siècle, on avait vu apparaître de véritables constitutions urbaines, qui devinrent très nombreuses sous les Paléologues; elles étaient en général purement aristocratiques et, par conséquent, n'étaient pas de nature à rapprocher le peuple et le pouvoir central dans l'exercice des responsabilités. (...)
D'un côté, on a les historiens proprement dits, qui limitent leur sujet à l'époque contemporaine et mettent en oeuvre avec intelligence, sinon toujours avec objectivité, une documentation de première main, dans lagrandetradition des historiens classiques, dont le souvenir imprègne jusqu'à leur langue. Tels sont Procope et ses continuateurs: Agathias, déjà cité comme poète (Le Règne de Justinien) ; plus rhéteur que Procope, Ménandre le Protecteur, dont il ne reste que des fragments; Théophylacte Simocatta (Histoires) , historien de Maurice. (...)
Ce bouleversement de l'hymnologie traditionnelle s'explique, non seulement parce que le canon permet de varier le rythme et par conséquent la mélodie, mais aussi par un souci de plusgrandeprécision dogmatique dans le texte de l'office. Cette précision a pour rançon une certaine impersonnalité de style. (...)
Savant en toutes choses, polyglotte, artiste, poète même, il régna moins sur Byzance que sur une équipe de lettrés avec laquelle il édifia un vaste monument encyclopédique, dont la plusgrandepartie a malheureusement disparu. Ce qui nous en reste, notamment le traité De l'administration de l'Empire , le traité Des thèmes , surtout le Livre des cérémonies , est très précieux pour l'histoire des institutions et de la société byzantines. (...)
Le début de cette époque est dominé par la puissante personnalité de Michel Psellos (1018-1078), petit bourgeois parvenu aux plus hautes charges, érudit universel dans lagrandetradition des lettrés byzantins, mais surtout passionné de rhétorique et de beau style: c'est lui qui, par l'étude appronfondie de Platon et des orateurs de toutes les époques, a mis au point une nouvelle prose d'art, au rythme réglé par des lois sévères, au vocabulaire extrêmement riche, qui s'affinera encore sous les Comnènes. (...)
Il n'en existe pas moins, dans l'Eglise d'alors, un courant très favorable à la culture profane, surtout chez les hauts prélats: tels le patriarche Jean Xiphilin (1010 env.-1075 env.) qui appliqua la philosophie à l'étude du droit et dont les travaux ont eu unegrandeinfluence sur l'école de Bologne, les archevêques Théophylacte d'Achrida (mort vers 1108), Eustathe de Thessalonique (mort vers 1198), bien connu pour ses commentaires des auteurs classiques, ou Michel Acominate (1140-1220). (...)
De grands historiens : Le genre historique n'a jamais eu plus d'éclat que sous les derniers Macédoniens et les Comnènes; il est presque toujous cultivé par de hauts personnages ou des gens qui ont vu de très près les événements tel Michel Attaliate, qui écrit l'Histoire des années 1034-1079 dans un style fleuri et pompeux qui sent encore le siècle de Constantin VII. Avant lui, Michel Psellos avait écrit vers 1060 une Chronographie d'unegrandevaleur littéraire, remarquable par le choix qu'il a su faire des événements essentiels, la pénétration psychologique et l'art des portraits. (...)
Son élève, l'empereur Théodore II (1222-1258), a été le plus cultivé des empereurs grecs, à la fois philosophe, mathématicien, humaniste, avec une touche de romantisme que révèle sa correspondance. Il est d'ailleurs mal connu, car son oeuvre est engrandepartie inédite. L'Empire de Nicée a eu son historien, le grand logothète Georges Acropolite (1217-1282) très bien informé et d'un réalisme politique qui le porta à travailler pour l'union avec Rome. (...)
-1327), philosophe éclectique qui chercha à concilier la physique et la cosmologie des Anciens avec la doctrine chrétienne; et surtout le grand logothète Théodore Métochite (1269-1332), savant curieux de tout, dont l'oeuvre très vaste est engrandepartie inédite. Il est connu d'abord comme restaurateur de l'astronomie (Introduction à la science astronomique ); mais il fut aussi un poète assez personnel. (...)
), par les mosaïques de Sainte-Sophie de Kiev et de nombreux autres monuments, en Grèce, en Cappadoce, en Italie du Sud et à Venise. Un second courant, plus pictural, apparu un peu plus tard, connut également unegrandediffusion. Les mosaïques de la Néa Moni à Chios, associées à Constantin IX Monomaque (1042-1055), en offrent un des premiers et des plus beaux exemples, caractérisé par l'utilisation savante et raffinée des couleurs, un modelé relativement élaboré et l'expression intense des visages. (...)
Le répertoire iconographique s'enrichit et le style suit, malgré un attachement plus marqué aux traditions, les courants de lagrandepeinture contemporaine. Les deux icônes bilatérales d'Ohrid (Vierge /Annonciation , Christ /Crucifixion ), Les Douze Apôtres (musée Pouchkine des Beaux-Arts, Moscou), l'icône de Poganovo (Galerie nationale, Sofia), L'Hospitalité d'Abraham (musée Bénaki, Athènes) sont, parmi bien d'autres, des exemples représentatifs de l'art de cette période. (...)
A la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe, les ateliers de la capitale produisirent également, pour une clientèle riche et raffinée, des icônes en mosaïque, de petites dimensions et d'unegrandevirtuosité technique (Crucifixion , Staatliche Museen, Berlin; Annonciation du Victoria and Albert Museum de Londres; Diptyque des Douze Fêtes de l'Opera del Duomo à Florence, etc. (...)
La recherche sur les ateliers de miniaturistes n'en est encore qu'à ses débuts, la notion même d'ateliers de peintres et les rapports de ceux-ci avec les scriptoria étant, à Byzance, difficile à cerner. Dans leurgrandemajorité, les manuscrits illustrés conservés sont religieux. Les Bibles sont rares (Bible de la reine Christine, Bibliothèque vaticane; Bible de Nicétas, Xe s. (...)
Destiné à l'empereur Basile Ier et probablement conçu par le patriarche Photius, il comporte une illustration abondante et de qualité, qui témoigne d'unegrandeérudition théologique et du souci d'exalter le dédicataire impérial du manuscrit (880-883). Le Rouleau de Josué du Vatican est également une oeuvre exceptionnelle, par la forme du support (le rouleau) comme par la technique (sorte d'esquisse coloriée) de ses peintures qui sont d'un caractère antique prononcé et glorifient les victoires d'un empereur byzantin (Nicéphore Phocas ou Jean Tzimiskès) par le biais de l'épopée biblique de Josué conquérant la Terre promise. (...)
En dépit de la prépondérance des carrières de Proconnèse et de Constantinople, dont la production était exportée à unegrandeéchelle (cargaison naufragée de tous les éléments préfabriqués d'une église trouvée au large de Marzamemi, en Sicile), d'autres carrières de marbre blanc (Attique, Phrygie) ou de couleur (Thessalie, Carystos, Carie) produisaient en abondance des sculptures comparables. (...)
Du bel ensemble sculpté de l'église du monastère de Constantin Lips, l'église nord de l'ensemble de Fenari Isa Camii , subsistent, outre les plaques d'iconostase, les corniches, les meneaux; tous ces éléments sont décorés d'ornements « orientaux » et d'animaux (paons, aigles) qui évoquent la sculpture de Saint-Polyeucte. Leur traitement est très stylisé et leur rendu, d'unegrandevirtuosité, rappelle celui des arts du métal. Toujours dans cette église, on a recours à l'incrustation pour certaines icônes (sainte Eudoxie) d'emplacement mal connu. (...)
Quelques objets (aiguière de Saint-Michel d'Agaune, croix-reliquaire de Pascal Ier, Museo sacro, Vatican) témoignent de la poursuite de la production à l'époque iconoclaste, mais c'est sous les Macédoniens et, surtout, sous les Comnènes que se situe lagrandefloraison de l'émaillerie byzantine. Dans les oeuvres du IXe et du début du Xe siècle, le dessin reste simple, les cloisons rectilignes, les couleurs peu nombreuses et translucides (couronne votive de Léon VI à Saint-Marc de Venise). (...)
Après l'interruption quasi totale des « siècles obscurs » (VIIe-première partie du IXe s.), une nouvelle floraison, d'unegrandeampleur mais d'assez courte durée, se produit aux Xe et XIe siècles. Les ivoires religieux sont les plus nombreux: plaques, diptyques ou triptyques, comme les luxueux exemplaires décorés de la Déisis du Palazzo Venezia, à Rome, et du Louvre (triptyque Harbaville), constituaient autant d'icônes portatives, destinées surtout à la dévotion privée. (...)
Les ivoires du « groupe de Romanos », surtout destinés à la cour impériale, sont caractérisés par unegrandeélégance formelle et un haut niveau de perfection technique (Couronnement de Romanos et Eudocie au cabinet des Médailles de Paris, triptyques du Palazzo Venezia, Rome, et du Louvre avec la Déisis, Vierge Hodigitria, Rijksmuseum et Katharijne Convent, Utrecht). (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...