Constantinople
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Contient : peinture (11)(...) Au XIIe siècle (surtout dans la seconde partie du siècle), des changements importants se manifestent dans la décoration monumentale: lapeintureremplace presque toujours la mosaïque, les programmes iconographiques s'enrichissent de sujets nouveaux liés à l'influence plus marquée de la liturgie (et des discussions théologiques) sur le décor et au désir d'éveiller la sensibilité du spectateur par l'expression des « valeurs affectives » et, en particulier, des sentiments dramatiques. (...)
Cette conception nouvelle de l'image est le fait des peintres les plus progressistes du XIIIe siècle, car bien des artistes restent encore fidèles aux principes de lapeinturedes Comnènes. L'iconographie se développe dans le sens, amorcé au XIIe siècle, d'un enrichissement des programmes: l'influence plus marquée de la liturgie, l'humanisation de l'art religieux, l'intérêt pour la réalité sensible sont les principaux facteurs de ce renouvellement. (...)
Les Paléologues (1261-1453) : Restauré autour de sa capitale, Constantinople, reconquise en 1261, l'empire des Paléologues est un Etat réduit, affaibli et appauvri. Pourtant, lapeinturene connaît aucun déclin et elle rayonne même sur un territoire plus vaste que jamais. Mosaïstes et peintres déploient à nouveau une activité intense dans les deux villes les plus importantes de l'empire: Constantinople (Fethiye Camii, vers 1310-1320; Kariye Camii , 1315-1321) et Thessalonique (chapelle Saint-Euthyme à Saint-Démétrius, 1303; Saints-Apôtres, 1310-1314 et 1328-1334; Saint-Nicolas Orphanos, 1314-1317). (...)
D'une manière générale, la tendance est à la multiplication des cycles figurés, qu'ils soient mariologiques, christologiques (Passion, miracles) ou hagiographiques. Plus riche, plus prolixe, plus complexe aussi, lapeintureperd cependant en qualité monumentale et l'effet obtenu évoque parfois une juxtaposition d'icônes agrandies. (...)
L'élégance du dessin et le raffinement des couleurs s'y allient à l'expression d'une spiritualité profonde (Miracle de saint Michel à Chonae et Echelle céleste de Jean Climaque, au Sinaï). La dernière phase, plus maniériste, de lapeintureà l'époque des Comnènes est également représentée par un chef-d'oeuvre: L'Annonciation du Sinaï, remarquable par sa technique raffinée, l'élégance des figures et leur richesse émotionnelle. (...)
La domination latine (1204-1261) n'a pas interrompu la production d'icônes et toute une série de pièces, plus ou moins marquées d'influences occidentales (icônes dites « des Croisés »), est actuellement l'objet de discussions entre spécialistes qui tentent de déterminer les centres de production (Jérusalem, Acre, la Syrie, le Sinaï ou Chypre) et l'origine des peintres (latins - italiens et français surtout - ou « orientaux »). L'époque des Paléologues marque l'apogée de lapeintured'icônes à Byzance et dans sa sphère d'influence. Pour satisfaire les besoins croissants de la piété privée, du culte liturgique et de l'exportation, les icônes sont produites en grand nombre dans les ateliers de Constantinople, de Thessalonique, d'Ohrid et d'autres centres, dont l'activité reste toujours difficile à cerner. (...)
Le répertoire iconographique s'enrichit et le style suit, malgré un attachement plus marqué aux traditions, les courants de la grandepeinturecontemporaine. Les deux icônes bilatérales d'Ohrid (Vierge /Annonciation , Christ /Crucifixion ), Les Douze Apôtres (musée Pouchkine des Beaux-Arts, Moscou), l'icône de Poganovo (Galerie nationale, Sofia), L'Hospitalité d'Abraham (musée Bénaki, Athènes) sont, parmi bien d'autres, des exemples représentatifs de l'art de cette période. (...)
Figures et scènes qui décorent ces pièces sont exécutées avec un soin méticuleux et avec un art qui peut soutenir la comparaison avec lapeinture. L'essor de la broderie religieuse se poursuivra à l'époque postbyzantine, en Grèce, en Roumanie et dans les pays slaves. (...)
La Géorgie, l'Arménie, la Nubie, l'Ethiopie ont considérablement renouvelé notre stock d'images et permettent de mieux apprécier lapeinturechrétienne du Moyen-Orient dans toutes ses différences et dans sa profonde unité. Extension dans le temps également: 1453 n'a pas marqué la fin de lapeinturede style byzantin. Celle-ci a continué pendant deux siècles au moins avec des oeuvres remarquables, comme celle de Theophane (M. (...)
En outre, la recherche des programmes que suivent ces peintures, celle des préférences régionales qui traduisent telle dévotion particulière et par là même la mentalité religieuse des fidèles d'une région, celle enfin des intentions précises qui se cachent derrière le choix et la place des images dans tel édifice particulier ont permis de voir lapeinturebyzantine autrement que comme la traduction intangible d'un archétype immuable. De même, des progrès sensibles ont été faits dans les méthodes d'étude des manuscrits (Weitzmann). (...)Les Byzantins usaient ordinairement, pour désigner la capitale de leur Empire, de trois termes qui correspondent à son origine, à son rôle dans la vie politique, à sa suprématie économique et culturelle: ils l'appelaient soit la «ville de Constantin » (Kynstantinoupoliv), soit la «nouvelle Rome », soit la «reine des villes» (ou simplement la «reine», c basiliv). De fait, aucune nation peut-être n'a donné plus d'importance à sa capitale, et cette particularité explique bien des traits remarquables ...