Sarah de Lindt
sur Eric Christ au format (160 Ko)
Contient : mal (38)(...) La Gnose, ce système de judaïsme mélangé à a philosophie grecque, pose une question: si Dieu existe, alors pourquoi y a-t-il leMal. Cela signifie qu'il y a deux dieux (dont on trouve la trace dans l'Ancien Testament): un Dieu mauvais (celui des Juifs et des Chrétiens) et un Dieu bon, étranger au monde, lointain et inaccessible qui n'a pas d'intérêt pour ce monde. (...)
Avoir la Gnose c'est avoir la connaissance de Dieu, de la pureté au-delà du mur fini des illusions de ce monde où se vautre lamal. Ce que nous sommes, d'où nous venons et où nous allons, ce par quoi nous sommes sauvés, quelle est notre naissance et notre renaissance, tout cela vient de la perfection ultime et bienheureuse de l'existence pure autour, en et à travers le vrai Dieu. (...)
Au-delà de l'anecdote expliquant la guerre de Troie, ce que retient surtout Sarah, c'est que le monde est issu d'un endroit parfait où tout est connecté, où chaque sentiment, chaque expérience est partagée dans une union symbiotique. Mais ce monde est difficile à accéder. Nous vivons dans un monde impur d'illusions crée par leMalqui veut nous y retenir prisonniers. Pourtant nos êtres sont issus de ce monde pur de l'Hypercosmos où règne le vrai Dieu. (...)
'Les chrétiens croient une divinité cruelle qui a crée le monde, et avec lui la mort, la souffrance et, pire encore que la souffrance physique, lemalde l'âme. Les êtres créés sont capables de haïr, de tuer, de faire souffrir leurs propres semblables. (...)
- Mais alors, pourquoi ce Dieu nous aurait crées, pour ensuite nous exposer au risque de la damnation? - Mais parce que le bien suprême est la liberté de faire le bien ou lemalet, pour donner ce bien à ses enfants, Dieu doit accepter que certains d'entre nous en fassent un mauvais usage. (...)
- Parce que si on te l'enlève, si on te met dans les chaînes, si on ne te laisse pas faire ce que tu désires, tu souffres, et donc le manque de liberté est unmal. - Tu peux tourner la tête en sorte de regarder juste derrière toi, mais la tourner vraiment, au point de pouvoir te voir le dos. (...)
- Non, car si je cherchais à tourner tout à fait la tête je me casserais le cou, si je restais sous l'eau, cela m'empêcherait de respirer. Dieu m'a créée avec ces contraintes pour empêcher que je me fasse dumal. - Et alors tu dis qu'il t'a ôté certaines libertés pour ton bien, n'est-ce pas? - Il me les a ôtées afin que je ne souffre pas. - Et alors pourquoi t'a-t-il donné la liberté de choisir entre le bien et lemal, de sorte que tu risques ensuite de souffrir les châtiments éternels. - Dieu nous a donné la liberté en pensant que nous la puissions bien utiliser. Mais il y a eu la rébellion des anges, qui a introduit lemaldans le monde, et c'est le serpent qui a tenté Eve, si bien qu'à présent nous souffrons tous du péché originel. (...)
- Dieu, certainement, mais avant qu'ils ne se fussent rebellés ils étaient bons ainsi que lui les avait faits. - Alors, lemal, ce n'est pas eux qui l'ont créé? - Non, eux ils l'ont commis, mais il existait avant, comme possibilité de se rebeller à Dieu. - Donc lemal, c'est Dieu qui l'a créé? - Ennoia, tu es subtile, sensible, perspicace, tu sais mener une disputatio bien mieux que moi, mais ne me dis pas ces choses-là du bon Dieu. Il ne peut vouloir lemal! - Bien que sûr que non, un Dieu qui veut lemalserait le contraire de Dieu. - Et alors? - Et alors Dieu, lemalil l'a trouvé à ses côtés, sans le vouloir, comme la part obscure de lui-même. - Mais Dieu est l'être suprêmement parfait! - Certes, Sarah, Dieu est tout ce qui peut exister de plus parfait, mais si tu savais quelle peine être parfait! (...)
Sarah sentit la même flamme lui traverser la poitrine, mais elle craignit sa gêne à elle, se roidit dans permettre à un seul muscle de son visage de trahir les mouvements de son coer, ni à sa voix de trembler, et elle demanda, avec théologique fermeté: 'Mais alors, la création. Lemal?' Le visage d'Ennoia reprit sa pâleur rosée: 'Mais alors l'Unique, à cause de sa perfection, tend, généreux de soi-même, à se répandre, à s'étendre en des sphères toujours plus amples de sa propre plénitude, il est comme une chandelle victime de la lumière qu'elle diffuse, plus elle éclaire et plus elle se dissout. (...)
L'Unique ne voudrait pas s'exhaler si loin de soi, mais il ne peut résister à cette dissolution jusqu'à la multiplicité et au désordre. - Et ton Dieu ne parvient pas à dissoudre lemalqui. qui se forme autour de lui? - Oh si, il pourrait. Continuellement l'Unique cherche à résorber cette sorte de souffle qui peut devenir poison, et pendant soixante-dix fois sept milliers d'années il a réussi continuellement à faire rentrer dans le néant ses déchets. (...)
- Par conséquent le monde est une maladie de Dieu? - Si tu es parfait, tu ne peux pas t'exhaler, si tu t'exhales, tu vasmal. Et puis essaie de comprendre que Dieu, dans sa plénitude, est aussi le lieu, ou le non-lieu, où les opposés se confondent, non? (...)
C'est nous qui, devant les opposés, croyons, selon notre caprice, selon notre passion, que l'un d'eux serait le bien et l'autre lemal. Or, en Dieu, les opposés s'ordonnent et trouvent une réciproque harmonie. Mais quand Dieu commence à s'exhaler, il n'arrive plus à contrôler l'harmonie des opposés, et ceux-ci se brisent et luttent l'un contre l'autre. (...)
le Démiurge a perdu le contrôle des opposés, et il a crée un monde où silence et fracas, le oui et le non, un bien contre un bien combattent entre eux. C'est ce que nous sentons commemal.' En s'exaltant, elle remuait des mains comme la petite fille qu'elle apparaissait être qui, parlant d'un rat, en imite la forme, nommant un orage, dessine des tourbillons dans le ciel. 'Tu parles de l'erreur de la création, Ennoia, et dumal, mais comme si cela ne te touchait pas, et tu vis dans ce bois comme si tout était aussi beau que toi. - Mais si lemalnous vient de Dieu, il y aura néanmoins quelque chose de bien même dans lemal. Ecoute-moi, parce que tu es une femme, et que les hommes ne sont pas habitués à penser de la bonne manière tout ce qui est. - Je le savais, moi aussi je pensemal. - Non, tu penses seulement. Et penser ne suffit pas, ce n'est pas la bonne manière. Maintenant essaie d'imaginer une source qui n'a aucun commencement et qui se répand en mille rivières, sans jamais s'assécher. (...)
Mais les racines se renforcent dans la terre, le tronc se fortifie et survit à toutes les saisons, alors que les branches tendent à sécher et à se casser, les feuilles durent quelques mois et puis tombent, les bourgeons vivent quelques semaines. Il y a plus demalparmi ces feuilles que dans le tronc. L'arbre est un, mais il souffre de son expansion car il devient multiple, et en se multipliant il s'affaiblit. (...)
Nous ne devrons plus évoquer des puissances intermédiaires: les surmontant nous en aurons vaincu le défaut, en cette retraite, en ce lieu inaccessible et saint, nous serons parvenus au-delà de la lignée des dieux et des hiérarchies des Eons, tout cela sera désormais en nous comme souvenir de quelque chose que nous avons guéri de sonmald'être. Ce sera la fin du chemin, la libération, le dénouement de tout lien, la fuite de qui est maintenant seul vers le Seul. (...)
Et ce sera à ce moment-là que, une fois remonté le courant du fleuve, et montré non seulement à nous-mêmes, mais aussi aux dieux et à Dieu, que le courant peut être remonté, nous aurons guéri le monde, tué lemal, fait mourir la mort, nous aurons dénoué le n?ud où s'étaient embrouillés les doigts du Démiurge. (...)
Nous donnerons à l'Unique la force d'émettre cette grande respiration qui lui permette de réabsorber en soi lemalqu'il a expiré.' Elle parlait comme une enfant qu'elle semblait être avec les accents d'un dieu qu'elle était. (...)
Les fissures sillonnaient les murs peints en blanc effrité et tâchés d'humidité. Une ampoule pendait du plafond; la fenêtre, large, laissant entrer la lumière à profusion étaitmalisolée; un radiateur, vieux et qui fuyait se tenait en dessous. Elle regarda dans la cuisine: même état général de délabrement, mais malgré tout, tout encore en marche. (...)
Elle quitta la scène et alla dans sa loge.. l'intérieur, Ray, son patron l'attendait. Sarah ne comprit pas pourquoi. 'Salut Ennoïa. Pasmalce soir,' dit-il, un sourire au coin des lèvres (sale pervers, pensa Sarah). 'Merci. Je peux faire quelque chose? (...)
'Ray, vous ne devriez pas faire ça,' dit-elle paniquée. 'Pourquoi?' répondit-il en lui saisissant les poignets, 'il n'y. rien demal, c'est naturel...' Sarah, se débattit, mais il était trop fort, même s'il était gros et gras. Sarah commença de crier, mais il l'en empêcha en lui plaquant une main sur la bouche. (...)
a des programmes sur la perspective 'chrétienne' à propos de l'homosexualité, des drogues, du sexe hors mariage, du divorce, ce genre de trucs... Les discussions sur le divorce et les drogues sont bien et ont aidé pasmalde monde mais je suis pas d'accord avec le reste. L'été, au moment où la plupart de ces groupes sont tenus, il. (...)
La musique martelait de manière répétitive les oreilles de la faune gothique de la boîte de nuit. Baignée dans la pénombre et illuminée de milles spots aux couleurs vives, Sarah voyaitmalles gens passer devant elle, ne distinguant sur ces hommes et ces femmes que des coiffures provocantes, des tatouages criard et un maquillage blafard dans le genre Blood Doll. (...)
Son appartement qui avait vu passer les conquêtes de Sarah: hommes de passage, amants d'un soir quand elle était trop seule. Elle avait connu pasmalde type et s'était gorgée de sexe, renouant avec la magie tantrique à leur insu (elle leur demandait de prendre des positions particulières) pour encore et toujours tenter le même but, l'unique et la seule véritable chose qui la motivait: prendre son envol et toucher sa soeur de son esprit. (...)
Sans doute pourrait-il m'aider à progresser dans mon exploration, dans ma quête: les dernières expériences que j'avais tentées m'avaient laissé pantelante, sans rien obtenir. J'avais eu plusmalque de résultat. Mary, une des soeurs au refuge me disait sans cesse que je devais arrêter, que je souillais mon âme. (...)
Sarah, Mère Sarah comme l'appelaient les clodos qui venaient régulièrement au refuge et pour laquelle ils avaient développé une affection ressemblant à de l'attachement, rentrait à son appart' miteux du Bronx. Son rencard s'étaitmalpassé. Quand elle avait pigé que le type voulait l'endoctriner aussi, elle avait piqué une crise et l'avait insulté. Le type l'avaitmalpris et avait dit en la regardant et en sortant un pendule qu'il avait balancé au bout de son nez: 'Tais-toi! (...)
Elle avait fourni un immense effort pour ne pas pleurer, car, sans s'en rendre compte peut-être, l'Euthanatos lui avait porté des coups là où cela lui faisait le plusmal. Sarah était sortie de la boîte en trombe, se faisant insultée par le videur au passage. Cela faisait plusieurs minutes qu'elle marchait seule dans la neige et elle s'imagina le tableau qu'elle faisait. (...)
Devant le regard interrogateur de Sarah, il rajoute: 'Il y a quelque temps, la fondation nous a demandé à Aleister, Peter et moi et un nouveau, Jéhan, un Français, de retrouver une certaine Julia Deith, une détective privée qui avait été engagée par la mère d'un môme, un certain Tony, qui avait disparu. Julia Deith habitait dans à Harlem, et cela faisait pasmalde temps qu'elle n'était pas rentrée chez elle. Finalement on l'a retrouvée, morte, dans le Bronx. (...)Héritière de l'empire Lindt & Sprügli, Sarah a grandi dans une ambiance de conformisme rigide. Belle, intelligente, on lui destinait tout - la tête de l'entreprise, les honneurs, l'attention - sauf une chose, l'amour. Sarah reporta tout le sien vers sa petite soeur, Emma, qu'elle adorait et qui lui ressemblait tant. Le 25 décembre 1992, à 23h34, il neigeait quand la limousine noire où était la famille De Lindt dérapa sur la neige du pont et bascula par dessus la rampe de sécurité, plongeant dans ...