A travers le philtre
Partout dans les Ombres il y a deux constantes. Le temps et l'amour, encore que je ne sois pas aussi catégorique pour le temps, mais laissons ces questions pour le moins rhétoriques et obscures pour parler de ce que je connais. Parler d'amour revient pour moi à assez prosaïquement, parler des femmes. N'étant point réputé pour mon originalité, je ne vois pas vers qui d'autre que la femme se jetterait mon dévolu. Parler des femmes... Pour hélas avoir passé plus de temps en leur compagnie qu'avec ces ...Contient : amour (11)A travers le philtre Partout dans les Ombres il y a deux constantes. Le temps et l'amour, encore que je ne sois pas aussi catégorique pour le temps, mais laissons ces questions pour le moins rhétoriques et obscures pour parler de ce que je connais. Parler d'amourrevient pour moi à assez prosaïquement, parler des femmes. N'étant point réputé pour mon originalité, je ne vois pas vers qui d'autre que la femme se jetterait mon dévolu. (...)
L'élément qui stimulait le plus mon imagination au moment béni mais fugace de mon adolescence en Avalon était le pouvoir tant surnaturel qu'absolu des philtres d'amour. Si j'avais eu le début du commencement d'une recette, j'aurais tué Père et Mère pour obtenir un des ingrédients nécessaire à son élaboration...Et Téuta aurait été la première condamnée à porter le calice à ses lèvres. (...)
Ce roman m'enchanta tellement que je décidai aussitôt de nommer ainsi les futurs enfants que j'aurais avec Téuta, anticipant légèrement et oubliant que mes désirs, à la différence de mon sang, ne sont point Réalité. La version du philtre d'amourprésenté avait pour mode d'action quelque chose de similaire à l'empreinte chez les Oies sauvages. (...)
Et ne peuvent pas s'aimer librement, par respect de convenances ou pour que d'autres goûtent mieux qu'eux à l'ironie de la situation. Le héros et l'héroïne n'ont d'ailleurs accès à un philtre que lorsque l'amourest déjà partagé, curieux non ? Il n'y a pas de remède à l'amour, juste des catalyseurs. Fort de ma réflexion que je jugeai orgueilleusement brillante, je cherchai pour Téuta et moi un catalyseur. J'eus beau faire couler de mon corps larmes, sang et sueur en son honneur, je ne trouvai en ces fluides vitaux (et Réels après tout) aucun Philtre d'amourefficace pour que Téuta ouvre les yeux, et qu'elle se dise : 'Que n'ai-je point vu le charme brûlant de ce jeune homme plus tôt !'. (...)
Lorsque je me remémore ces soirées d'avant mes six ans où il prenait le temps de me lire des passages de mes livres de guerres et de bagarres favorites, j'en attrape une bouffée de nostalgie. Ce fut Benedict qui à la fin du tragique roman Téuta me donna la plus belle preuve d'amour. Une histoire romantique se termine mal. Ca, j'y étais préparé. Partir en Ambre entraîné de force par le Parâtre, abandonnant son premieramour, cruelle séparation déchirant deux pauvres petits coeurs m'aurait convenu. Ou alors : ma vie pour sauver la sienne, sa mort pour entraîner la mienne...Mais je ne voulais pas me résoudre à ce que cela soit une histoire sansamourpartagé. Je ne voyais plus que ma déchéance ou ma disparition pour éveiller en elle un sentiment amoureux, même à titre posthume. (...)
Les sentiments étaient les mêmes. La miséricorde et la compréhension salvatrices, la complicité et l'amourme firent sourire. Comme tout grand général, Benedict sait prendre la parole aux moments stratégiques, et dire aux hommes le maximum de bons mots en un minimum de temps, bataille oblige...Ces mots là, ils étaient pour moi, moi seul. (...)