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J'ai retiré deux choses de ces minutes que la Réalité transforma en éternité de souffrances : La première est que rien ne différencie un océan Réel d'un océan d'Ombre ; la seconde que l'éternité a pour les Ambriens une fin que notre Réalité n'offre pas. Ou plutôt si, elle l'offre. A plusieurs reprises même, selon les dires de ma mère. Comment ne pas la croire, elle qui par son sang est responsable de ce que j'ai coutume d'appeler de manière fort égocentrique ma malédiction. Je suis de ces ...Contient : prêtres (3)(...) Et nous nous moquions bien des regards vitreux et apathiques des mérous de basse fosse lorsque nous batifolions dans les champs alguaires de la côte. Et nous nous fichions bien de la bénédiction paternaliste des Requins-prêtreslorsque nous nous aventurions à séjourner dans les mares salées chauffées par le soleil, apparues à la faveur du jusant dans des dépressions cannelées du littoral, et formant de délicieux petits jacuzzis riches en sels et en poissons prisonniers de la marée descendante. (...)
En effet, je ne vous ai point dit que durant les heures que prirent ma traversée, un nombre important de Poissons aux yeux-de-miroir montant la garde dans l'océan autour de la Cité avaient dévoré la scène de mon initiation avec avidité, attirés par les effets Marelle et comme aimantés par le délicieux parfum de la Réalité. Ils n'avaient pas manqué de le rapporter à leurs maîtres,prêtres, notables et soldats de la ville, qui s'étaient massés en un banc massif ma foi représentatif de la kyrielle d'espèces vivant à Wenrebma...C'était bien ce jeune Dauphin blanc sociable et paresseux qui traversait une Marelle. La conclusion était évidente. Lesprêtresde la Licorne ne s'y étaient pas trompés ! J'acceptai donc la proposition de ma mère, et commençai mon apprentissage de bonne grâce. (...)