Chapitre X – Les Quatre Piliers
sur Pénombre au format (51 Ko)
Durant les deux mois que durèrent cette mission, j'eus à plusieurs reprises des doutes au sujet du Champion d'Emeraude. Cela ne m'empêcha pas d'accomplir mon devoir et il s'avéra ensuite que nous n'avions pas les éléments essentiels de cette affaire. Et pourtant, il demeure des zones d'ombres. Dés le début, les choses semblèrent quelque peu... particulières. Le printemps puis l'été s'étaient succédé sans accroc particulier lorsque je fus convoqué par Doji Satsume-sama et dans son antichambre ...Contient : petit (12)(...) Il laissa Fujifusa-san installer sur un reposoir près de lui le vieux katana et nous expliqua ce qu'il attendait de nous. Notre mission était de nous rendre dans un insignifiantpetitvillage des terres de mon clan, au bord de la mer. Tako Mura, le Village du Poulpe, n'était en temps normal qu'une communauté de pécheurs sans importance mais il hébergeait le temps d'une soirée un concours de poésie qui accueillerait cette année trois prestigieux artistes. (...)
Pour tout dire, j'espérai sincèrement que tous ces incidents n'étaient rien de plus que ce qu'ils semblaient être car dans la perspective opposée, les présages funestes se multipliaient. Juste avant d'entrer au village, nous nous sommes brièvement arrêtés près d'unpetitdojo. A ma grande surprise, il arborait le mon de notre école alors que tous ses sensei résident normalement à l'Académie. (...)
Il se nommait Kakita Kaneda et il nous expliqua les étranges coutumes locales approuvées par le Fils du Ciel depuis des siècles. Traditionnellement, le maître de cepetitvillage était un samurai qui parvenait à vaincre le sensei du dojo en duel et prenait également sa place. (...)
Kakita Kaneda-sensei nous invita à profiter de l'hospitalité de 'son' château et nous prévint que lepetitconcours de poésie commencerait le soir même. L'essentiel des invités était bien évidemment constitué par des personnages mineurs de mon clan mais aussi par une petite délégation du Clan du Phénix qui avait traversé la moitié de l'Empire pour venir voir leur égérie Isawa Hanako déclamer des vers dans un château minuscule d'une province insignifiante. (...)
La dame devait assurément être une artiste de tout premier ordre pour que l'on fasse un tel voyage afin d'avoir le plaisir de l'écouter. Lepetitvillage de pécheurs, la plupart portant de grossiers tatouages faits avec de l'encre de sèche, était d'apparence misérable. (...)
D'un commun accord et sans que cela nous amène à prononcer un mot, nous nous sommes tous trois attablés dans l'auberge et avons volontairement payé largement plus que nécessaire de notre point de vue pour le repas que nous y avons pris. Lepetitchâteau était d'apparence réellement misérable et il était visible qu'on avait fait des efforts importants pour le rendre accueillant. (...)
Ou alors, sa jeunesse lui avait donné l'occasion d'établir des relations fructueuses avec de puissants personnages. Lepetitport de pèche du village abritait également un kobune militaire du Clan du Crabe dont nous pensions à tort qu'il venait faire escale pour se ravitailler en eau potable. (...)
Doji Akameshi gisait les yeux ouverts, affaissée sur elle même, la gorge tranchée à la manière rituelle. Dans sa main droite crispée, elle tenait encore lepetitkaiken que portent toutes les femmes nobles qui ne sont pas des samurai-ko afin de se donner la mort pour éviter le viol ou le déshonneur. (...)
Il semblait avoir depuis peu changé de maitre et son nouveau capitaine, l'Aigle des Mers, était réputé pour ses liens avec les puissances de l'autre côté du Mur des Bâtisseurs. Shiba Yoshitaru-san nous déclara alors que lors de notre arrivée aupetitchâteau de Tako Mura, il avait aperçu par la fenêtre un aigle de belle taille nous observer de manière très intense avant de s'envoler à tire d'aile. (...)
A un moment nous étions dans la caverne, près du corps en pleine décomposition de notre ennemi, le battement de coeur suivant, nous nous trouvions dans unpetitbosquet, à peu de distance de notre destination. Doji Satsume-sama nous reçut immédiatement lorsqu'il apprit notre arrivée. (...)
Mais j'étais déjà dans ma maison l'arme au poing, suivi de près par Fujifusa-san. Les yeux mouillés de larmes, Mariko-san était assise dans notre salon, sa main tenant sonpetitkaiken contre sa gorge, prête à se donner la mort. Je parvins à l'arrêter juste à temps. Juste à temps. (...)
Je ne saurai dire combien de temps nous sommes restés là, blottis l'un contre l'autre. Une de mes mains tenait toujours la sienne qui ne parvenait pas à lâcher lepetitpoignard. L'autre caressait tendrement ses cheveux alors que je tentais de la réconforter. J'avais du mal à conserver un peu de dignité car non seulement j'avais failli la perdre mais jamais elle ne s'était abandonnée ainsi devant moi. (...)