Celui qui défiait la légion du Crépuscule
« La route vers le succès est souvent celle qui se dissimule le mieux à nos sens. » -Gil Galad Pointe d'Argent. Je voyageais déjà depuis deux jours en compagnie d'Ombre Blanche et au fur et à mesure de notre avancée, les Monts Throal ne cessaient de gagner en immensité sur la ligne de l'horizon. Les évènements récents qui avaient vu la libération des caravaniers du kaer Keroll avaient profondément bouleversé notre existence. En ce qui me concerne, une subtile odeur de cannelle m'entourait désormais ...Contient : hanto (19)(...) Ainsi, Charboyya en vint droit au but, il souhaitait en contrepartie d'une forte somme d'argent que nous lui rendions un service. Le nain était originaire du petit village d'Hantositué à l'ouest de Grand-Foire, sur la traversée du Fleuve Serpent et à proximité du lac Vorst. (...)
Or, depuis que ses affaires prospéraient, ce dernier n'avait pas reçu de nouvelles de ses proches. Le tailleur nain nous demanda donc de se rendre àHantopour y délivrer des lettres. Les missives étaient au nombre de quatre: la première s'adressait à sa mère Laveria qui assumait le rôle de chef du village, la seconde se destinait à son frère Emberica dont il nous avertit de la susceptibilité et enfin les deux dernières étaient pour ses deux amies orques Orweia et Chereca. (...)
Essayant de se rattraper, l'adepte humain ordonna à sa créature de capturer du gibier afin de partager un repas convenable. Par malchance, la route qui menait de Grand-Foire àHantojalonnait des plaines désertiques dont la faune et la flore n'avaient rien de comestible. La chasse de l'espagra se révéla bien infructueuse et ce dernier nous ramena à plusieurs reprises des carcasses de scorpions géants nauséabondes et des cadavres à l'état de décomposition. (...)
Je commençais à croire que la présence de Raven ressemblait à ces tournois de maîtres d'armes où l'on imposait aux duellistes les plus expérimentés des handicaps pour les pousser à se dépasser... Tant bien que mal, c'est grâce à l'eau que nous avions à profusion et aux maigres restes des rations de voyage que nous arrivâmes aux abords du village d'Hanto, avec une faim démente qui tiraillait nos estomacs. Tandis que nous dressions notre campement pour la nuit, non loin de la périphérie du village, nous aperçûmes un jeune homme vêtu à la manière d'un mendiant qui semblait provenir du village d'Hanto. Ce dernier tenait entre ses mains un panier d'osier rempli de fruits des plus appétissants. Sans même tarder, nous invitâmes l'adolescent à partager avec nous une boisson chaude, autour du feu de camp. (...)
Il s'agissait de l'adepte humain guerrier Izraphaël Chant-de-Guerre qui depuis quelques années déjà, menait une vie d'errance et de pauvreté en parcourant Barsaive. Dans le cours de la soirée, il s'était présenté aux portes d'Hantopour demander l'hospitalité, celle-ci lui fut refusée à l'entrée mais un panier de fruits lui fut accordé en compensation. (...)
Nous touchions au but, le village étant juste devant nous et les lettres à nos côtés, il ne restait plus qu'à les livrer... Le village d'Hantoétait de taille moyenne, de larges et épaisses murailles se dressaient sur son pourtour, empêchant quiconque de s'introduire clandestinement et réduisant le danger d'une éventuelle attaque de voleurs. (...)
De la vue d'ensemble du village que nous possédions, nulle activité ne semblait transparaître de la bourgade natale du tailleur nain Charboyya. Le chemin de terre qui menait aux portes d'Hantoétait dénué de tout passage: pas de caravanier, pas de commerçant, pas de chariot, ni même de cavalier. (...)
L'orque pris une position de supériorité et entama sa petite déclaration, avec un sourire non dissimulé. D'après ses dires, le village d'Hantoétait placé sous le joug d'une quarantaine dont la durée restait pour le moment indéterminée. Nulle personne ne pouvait sortir du village et aucune ne pouvait y rentrer. (...)
Il ajouta que cette opération était menée à bien par l'adepte orque nécromancienne Moltaa, la Purificatrice qui envisageait de brûlerHanto, si la Légion du Crépuscule n'arrivait pas à circonscrire le mal. La Légion du Crépuscule, voyons...maintenant que les détails me revenaient, il s'agissait d'une société secrète de Barsaive composée d'un flot extrémiste d'adeptes dont les seules motivations étaient d'annihiler les Horreurs. (...)
Voilà une complication à laquelle nous ne nous attendions pas... En ma qualité de membre de la fondation d'Amarante, je pris les devants et m'expliquai avec Kwam des lettres que j'avais pour mission de livrer aux habitants d'Hanto. Après que l'adepte orque eut consulté sa supérieure, il me proposa l'arrangement suivant. Il promit, sur sa parole de maître d'armes, de remettre en main propre et le soir même les lettres aux personnes concernées, et m'assura que nous pourrions en obtenir les réponses le lendemain. (...)
Nous acceptâmes donc et installâmes notre camp pour la nuit, au même endroit que la veille, il ne nous restait plus qu'à attendre... Le lendemain, comme promis, Kwam amena Laveria, Emberica, Orweia et Chereca aux portes d'Hanto. L'atmosphère qui régnait lors de cette entrevue était imprégnée d'un sentiment de peur et de crainte oppressant. (...)
Dans la tension la plus totale, des regards tacites s'échangeaient entre les membres de la Légion du Crépuscule et les villageois qui semblaient soumis à la loi du silence. Etant donné que nul papier à lettres, ni encre ne pouvait sortir du village d'Hanto, Izraphaël se chargea de transcrire les réponses orales de chacun des villageois en inscriptions runiques qu'il traçait, sur la lame de son épée courte. (...)
Pendant que les villageois transmettaient leurs réponses, il devenait de plus en plus évident que des forces étranges étaient à l'oeuvre àHanto: Laveria réputée pour être une dynamique dirigeante de village était plus proche de la non vie que les Cadavéreux et Emberica que Charboyya nous avait décrit comme susceptible ne répondait pas à nos multiples et répétées provocations... Une fois les réponses transmises, l'affaire semblait donc bouclée pour les membres de la Légion du Crépuscule. Nous nous retranchâmes dans la forêt aux alentours d'Hantoet à partir de cette retraite, nous envoyâmes le shakta de Raven au siège de la fondation d'Amarante de Grand-Foire, avec ma Rose des Vents en tant que preuve de bonne foi, afin de recueillir de l'aide. (...)
Nous nous apprêtions à attendre son retour, lorsque le cri d'une femme soumise à la douleur se fit entendre en provenance du village natal de Charboyya. Le danger rôdant àHantodevenait désespérément trop grand pour que nous puissions attendre le retour du shakta, ainsi nous décidâmes d'un plan afin de nous frayer un chemin dans la zone de quarantaine. (...)
Les conséquences prises à mon encontre en cas de défaite risquaient d'être sévères, mais le jeu en valait la chandelle et par ailleurs, aucune autre solution ne s'offrait à nous... En conséquence, je me présentai à l'entrée du village et fis appeler Kwam. Lorsque celui-ci arriva aux portes d'Hanto, je le provoquai en duel pour avoir manqué à sa parole maître d'armes, en me fournissant ainsi qu'à mes camarades, des simulacres de réponses édulcorées aux lettres du tailleur nain Charboyya. (...)
Raven nous ayant faussé compagnie, nous décidâmes, un bleu à l'âme, de fuir vers la capitale devant notre impuissance face à la situation, condamnant probablementHantoaux flammes... Le retour à Grand-Foire s'était effectué dans la consternation la plus totale, nul n'osait repenser au fiasco qui avait pris forme àHantoet encore moins au récit de notre mission que nous allions devoir exécuter auprès de Charboyya. Nous nous rendîmes à l'échoppe du tailleur qui nous reçut ainsi qu'Izraphaël dans son bureau. (...)