Dragons
Contient : dragons (33)DragonsAnimal fabuleux, héros maléfique ou bienfaisant de nombreux récits et légendes, objet de culte, de terreur sacrée ou de lutte acharnée, le Dragon a marqué de son empreinte presque toutes les civilisations. (...)
En revanche, d'autres mythes réunissent ces deux forces, primitivement antagonistes, en un être hybride, appelé 'serpent à plumes', comme Quetzalcoatl, ou 'dragon'. Dans les légendes de l'Inde et de tout le Sud-Est asiatique, desdragonsà tête humaine surmontée d'un capuchon à tête de cobra, les nagas, sont les habitants du domaine souterrain où ils gardent jalousement les trésors de la Terre. Ils ont pour ennemis naturels des vautours mythiques appelée Garudas,dragonsaériens opposés aux Nagas,dragonsdes eaux et de la terre. Mais Naga et Garuda ne sont en fait que deux incarnations de Vishnou, les deux aspects de la substance divine, en qui ils se réconcilient. Le Naga représente le cycle du temps, tout comme l'Ouroboros des Grecs. (...)
Céleste et chtonien, gardien des eaux, crachant le feu, à la fois Yin et Yang, le Dragon chinois réunit les principes opposés de l'univers : le feu et l'eau, le ciel et la terre. Lesdragonsfont partie des mythes fondateurs de la civilisation chinoise, et ils sont souvent à l'origine des Dynasties. (...)
Tous les empereurs de Chine ont régné sous le signe du Dragon, et ils étaient même considérés comme 'Fils du Dragon' : leurs vêtements de parade, comme les murs de leurs palais, étaient abondemment décorés deDragonsà 5 griffes, (les hauts dignitaires devant de contenter dedragonsà 3 ou 4 griffes), et il n'était pas rare qu'un empereur envoie en présent à un chef rebelle qu'il n'avait pu vaincre par la force, une somptueuse robe brodée dedragons. Ce dragon est la manifestation de la toute-puissance impériale : la 'Face de Dragon' désigne l'empereur, la 'Perle du Dragon' la sagesse du chef, la perfection de sa pensée et de ses ordres. Mao dit un jour, paraît-il : 'on ne discute pas la perle du dragon'. (...)
Un sacrifice humain s'imposait pour conjurer les mauvais esprits, et Vortigern allait condamner le jeune Merlin, que sa naissance illégitime désignait comme victime idéale, lorsque celui-ci lui donna la solution : 'il y a dessous le sol, juste au point où la construction doit prendre appui, deuxdragonsénormes. Lorsqu'ils commencent à éprouver sur eux le poids de la bâtisse, ils s'agitent, et les murs s'écroulent.' Le tyran fit creuser plus profond, et l'on découvrit deuxdragons, l'un rouge et l'autre blanc, qui, sitôt mis à jour, s'affrontèrent en un terrible combat, que gagna finalement le Dragon Blanc. Merlin donna alors la signification de ce combat : 'Roi, je te dirai que cesdragonsreprésentent, le blanc, la nation Bretonne, le rouge, toi, Vortigern. Ce pays, tu le possèdes indûment. (...)
Mais le Dragon blanc est en route, malheur au Dragon rouge, car il court sa perte.' Nous retrouvons cesdragonshabitant la terre dans les légendes concernant Mélusine, et, plus généralement, le Vouivre. La terre, elle-même, a longtemps été comparée à un dragon, et les anciens nommaient Veines du Dragon ces courants telluriques qu'ils essayaient de concentrer en y élevant pierres levées et monuments. (...)
Retournons en Chine, où paraît-il, en 1894, ce n'est pas si lointain, le gouverneur de la Province de Moukden interdit la construction d'un chemin de fer : on croyait en effet qu'un dragon vivait sous terre à cet endroit, et l'on craignait que les trains ne lui brisent la colonne vertébrale... De nombreuxdragonshantent le ciel de la Chine. Certains poursuivent inlassablement le Soleil et la Lune, provoquant les éclipses. (...)
Son souffle provoque les tempêtes. Le tonnerre est une manifestation de sa colère, ou de ses combats avec d'autresdragons. Toujours en Chine, lesdragonsjouent également un rôle essentiel dans l'agriculture. Gardiens des eaux, ils sont plutôt bienfaisants, mais ils peuvent être maladroits, se tromper de tâche, s'endormir, voire même s'enivrer, et c'est alors la catastrophe : le fleuve déborde, la tempête ravage les côtes, ou bien, au contraire, les sources tarissent, la sécheresse menace. Il faut alors les rappeler à l'ordre, ou même les punir : si la pluie tarde trop malgré les prières, on sort la statue du Dragon hors de son temple pour l'exposer au grand soleil : car il est bien connu que lesDragonsn'aiment pas trop le soleil... Le Dragon représente aussi le cycle de la végétation. Il est figuré par l'hexagramme K'ien, principe du ciel et de la création, et dont les 6 traits pleins représentent les 6 étapes de la manifestation : La première de ces manifestations est le 'dragon invisible', à l'image de la semence enterrée, le pouvoir de la création non encore exprimée. (...)
On retrouve cette association du dragon avec l'élément eau et le cycle végétal dans la fête des bateaux-dragons, qui se déroule sur les lacs de certaines provinces chinoises, en souvenir du suicide en 290 avant J. (...)
Ces cérémonies sont à rapprocher des Fêtes des rogations qui au printemps, au moment du réveil de la terre, allient les prières et les bénédictions des champs aux processions d'effigies dedragonsliées à la tradition locale, et variant selon les régions : Tarasque et Drac dans la vallée du Rhône, Lézarde à Provins, Chair-Salée à Troyes, Graouilly à Metz, Dragon-Doré à Douai, Grand-Bailla à Reims, Gargouille à Rouen, et en Poitou Grande-Goule ou Galipote. (...)
Le rude combat qui mettait en lice dragon et soleil, serpent et oiseau, retraçant sans doute le combat que livraient nos premiers ancêtres contre les éléments, cède peu à peu la place aux grands exploits mythiques peuplés dedragonsgardiens de trésors, et dont les demi-dieux ou héros deviennent les acteurs. Du Proche-Orient à la Chine, de l'Irlande à la Méditerranée, le monde des traditions et légendes est peuplé de veilleurs et gardiens mono- ou multicéphales, munis d'écailles, de griffes et d'ailes, crachant le feu ou les vapeurs mortelles, et montrant la garde des trésors que seuls les plus courageux essaieraient de leur ravir. La mythologie grecque nous dresse un arbre généalogique particulièrement fourni endragons. Echydna engendra d'une première union avec Typhon aux cent têtes de dragon, l'Hydre de Lerne, Chimère et Cerbère, le chien aux trois têtes des Enfers. (...)
Le héros présentant le plus beau tableau de chasse est sans doute Héraklès qui, au cours des 12 travaux que lui imposa Héra, rencontra, entre autres, plusieurs de ces monstres que je vins de citer. Cesdragonsqu'affrontent les héros personnifient parfois des dangers naturels, tels Charybde et Scylla (autre fille d'Echydna), gouffre et rocher bien réels près du détroit de Messine, ou le dragon gardant le jardin des Hespérides, qui personnifie le Gulf-stream entourant ces îles, ce grand serpent de la mer, ou grand dragon des océans, tels que le connaissaient toutes les traditions de navigateurs, Vikings, Danois, Saxons, Celtes. Ce trésor que gardent lesdragons, quel est-il ? Souvent enfoui au fond d'une caverne, symbole du coeur caché de la Terre, de la matrice où le héros, tel le récipendaire des anciens Mystères d'Eleusis, doit mourir pour renaître, ou caché au fond des mers, le trésor (qu'il soit, selon les légendes, or, pierres précieuses ou Pierre du dragon, perle ou autres joyaux, Oeuf de serpent ou oursin des mers) représente la vie intérieure, et lesdragonsqui gardent ces trésors, gardiens féroces d'un lieu interdit au profane, ne sont que les images de nos désirs et de nos passions qui nous empêchent d'accéder à ce qu'il y a au plus profond de nous (pourrait-on mieux illustrer la célèbre formule : V.I. (...)
Et en fait, étymologiquement, le dragon est lui-même 'regard' : le mot grec Drakon vient de derkomai, regarder ou fixer du regard. Certainsdragonssont caractérisés par leur regard. Le serpent, le plus 'simple' desdragons, celui du Jardin d'Eden et qui a survécu jusqu'à nos jours, fixe sa proie du regard et la rend incapable de fuir. Le regard de la gorgone Méduse tue (ou pétrifie, selon la tradition) ceux qui le rencontrent (Persée parviendra à la tuer grâce au miroir qu'il utilisera pour ne pas rencontrer directement son regard). (...)
C., avaient donné à leurs troupes de cavaliers-archers chargés de surveiller les frontières le nom dedragons, et ce nom fut repris en France par des troupes royales, dont les expéditions punitives en pays protestant, sous le règne de Louis XIV, sont restées tristement célèbres sous le nom de dragonnades. (...)
Devenu méchant, destructeur, maléfique, le dragon-serpent peuple les contes. Certains évènements historiques alimentèrent cette image : l'arrivée dedragonsenvahisseurs. Ils arrivèrent par la mer, (ce qui n'étonna personne, à une époque où les navigateurs pouvaient lire sur leurs cartes marines : 'au-delà de cette limite, habitent lesdragons...'), Vikings venus du Nord sur leurs Drakkars et Snekkars à têtes dedragonsou de serpents ; mais aussi par la terre, Mongols et Tatares venus de l'Est, avec leurs étendards décorés dedragons. Le christianisme a intégré cette peur du dragon, en transformant sa signification. Il devint le symbole de tout ce qui est opposé au christianisme, symbole de la barbarie, de la Bête maléfique, incarnation de Satan. (...)
Les personnages apocalyptiques sont surtout illustrés dans les sculptures des chapiteaux et des porches d'églises. Lesdragonsornent souvent les majuscules et les fins de lignes des Psautiers enluminés. On ne compte plus les tableaux représentant St Michel ou St Georges terrassant le Dragon. (...)
Jean Markale : Le Mont St Michel et l'Enigme du Dragon (Edition Pygmalion, collection Histoire de la France secrète). Gilles Ragache et Francis Phillipps : LesDragons(Hachette Jeunesse, Collection Mythes et Légendes). Pierre Carnac : Les trois âges du Dragon (in Atlantis N° 306, Nov-Déc. 1979). Marie-France Gueusquin : Le Mois desDragons(Bibliothèque Berger-Levrault, Collection Arts et Traditions Populaires). Michèle Curcio : Le Dragon (Edition Sand, collection Astrologie Chinoise). (...)Animal fabuleux, héros maléfique ou bienfaisant de nombreux récits et légendes, objet de culte, de terreur sacrée ou de lutte acharnée, le Dragon a marqué de son empreinte presque toutes les civilisations. Il est symboliquement relié aux quatre éléments : par son caractère reptilien, le dragon appartient à la terre, et il vit souvent dans grottes et cavernes, mais il ne dédaigne pas non plus un habitat plus aquatique, fleuves ou mers, voire de gros nuages d'orage. Presque toujours pourvu d'ailes ...