Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : femme (41)(...) Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de mafemme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues des chairs marquées par les éléments et le temps, couverts de haillons de cuir et de tissus misérables. (...)
Quelques talismans de fer froid pour les choses qui hantent les entrailles de la terre et les brumes à l'horizon, trop belles, trop féroces pour être humaines et trop puissantes pour simplement se contenter de notre sang, notre chair et notre vie. J'ai unefemme, un fils, une vieille lance, un boeuf, une maison et un champ. Dans ce monde, c'est peu mais ici c'est déjà beaucoup pour un mortel. (...)
Ces histoires, je les transmettrai le jour venu à mon fils, lorsqu'il apercevra dans le regard d'unefemmele même feu que j'ai perçu dans celui de la mienne. Mafemme, Aube Grise, est une petite créature au regard gris, dont la flamme est trop souvent éteinte par la fatigue, ses cheveux sombres grisonnent prématurément sous le poids de la fatigue et des ans. Des taches de rousseurs sur son visage, un sourire rare et précieux comme le diamant. (...)
Je me redresse péniblement, recrache la boue qui s'est glissée entre mes dents. - Peine perdue, P‘pa ! La voix de Brin d'Herbe est épuisée. La voix de mafemmeinterrompt sa douce mélopée, et le boeuf se plante là. Nous regardant d'un air triste. - Le boeuf est aussi épuisé que toi, dit-elle. (...)
Reposer la charrue doit être un peu comme revenir des enfers. Brin hurle de joie malgré la fatigue, mafemmesoupire. Moi, je me laisse choir dans la boue, le bruit de ma respiration couvrant celle du boeuf. (...)
- Qu'est-ce qui t'amène ? Boeuf Assoiffé regarde autour de lui. Il jette un regard sur la charrue, sur mafemmeet mon fils : mauvais présage. - Le Héraut est là, dit-il. Regard Vif veut tenir conseil. L'hiver, la plaine est blanche rude et froide. (...)
Homme, bête et fourrage partent alors vers le trône du ciel. Parfois les appétits du Seigneur de la tour sont plus charnels et une jeunefemmeou un jeune homme partent avec eux et ne reviennent pas. C'est un déchirement que de voir ainsi parfois des familles s'éteindre, mais les âmes se déchirent silencieusement et crânement car désobéir au maître du vent coûte très cher. (...)
Nous nous regardons tous. Nous savons de quoi il parle. Le maître des Hauts Vents peut avoir envie de n'importe qui.Femme, homme, enfant. N'importe lequel d'entre nous peut-être choisi, même s'il à une préférence pour les êtres jeunes. (...)
« Brume sera l'élue. » Brume est la fille adoptive de Regard Vif. On murmure qu'il la prise autant comme fille que pourfemme. La tradition interdit aux hommes comme Regard Vif de prendrefemmeparmi les familles du village. Brume avait perdu sa famille dans des conditions si étranges que personnes n'avait voulut d'elle à part Regard Vif. (...)
» Il reste silencieux, à regarder le contenu de son bol, malheureux. Finalement, il va dormir sans manger. Mafemmerange le peu qu'il reste à manger et s'arrange pour conserver la nourriture. La tristesse endort l'appétit mais la misère le réveille. - Un premier amour.., dit mafemme. - Sans doute... quel idiot ! - Tu n'étais pas mieux à son âge. - Malheureusement. - Tu regrettes de m'avoir épousée ? (...)
mais il pense différemment de nous. Il devient un homme. La famille de Chêne... Un autre ancien, on l'avait retrouvé lui, safemmeet ses quatre enfants vidés de leurs sangs et suspendus aux poutres du plafond, pendus par les pieds comme des porcs, décoration sinistre de cauchemar. (...)
- Oui, moi, Boeuf et Pigeon Fou, peut-être un des petits-fils de Flocon. Veille sur Brin. Nous avons élevé un idiot. Mafemmehoche la tête. Aube est tombée enceinte trois fois. La première est morte de maladie un an après la naissance, et elle a fait fausse couche du second. (...)
Brume est sortie, accompagné de Regard Vif, silencieusement. Les phalanges du Shaman étaient blanches, crispées sur les poignets de sa fille. Brume : Petitefemmeà peine sortie de l'enfance, gracieuse, les cheveux bruns, les yeux bleus, la peau pâle et le regard en permanence concentré sur quelque chose qui perpétuellement nous échappe. (...)
Regard Vif aussi. Il ne t'en a pas parlé ? - Non, jamais. Depuis mes huit ans, je suis... j'ai été sa fille et safemme, jamais son apprentie. Je voudrais savoir. Une nausée sèche me prend. Les secrets de Shaman sentent rarement bon. (...)
Cinq silhouettes apparaissent dans l'océan de lumière blanche qui semble être contenus dans la forteresse de jade bleu : Unefemmeet quatre hommes. La fille du Seigneur des Hauts Vents. On l'oublie souvent, tant l'aura de son père plane sur la nation, pourtant elle est presque aussi terrible que lui. (...)
Les hommes qui l'accompagne sont deux fois plus larges qu'elle, leurs visages et leurs corps massifs invisibles sous leurs armures de mailles et leur regard froid occulté dans l'obscurité de leurs casques, armés de Hallebardes pourtant, il y a plus de pouvoir dans un seul geste de cettefemmeque dans un régiment entier d'entre eux. Belle, mince, presque frêle, le regard distrait et triste, la crinière bleue, revêtue de blanc par dessus une armure d'argent étincelante, elle porte cette épée de jade aux proportions épiques. (...)
Avant de sombrer, elle m'indiqua un village voisin, où une caravane de marchand s'était arrêtée, où ils vendaient des médicaments. Je confiais mes parents à une vieillefemmedu village avant de partir, montant la vieille bourrique qui nous servait de cheval. Le chemin prit trois jours. (...)
J'ai regardé le ciel gris et pluvieux de cette journée, et j'ai senti pour la première fois quelque chose en moi s'agiter. Quelques secondes après le début du combat lafemmede Sillon hurla de désespoir : Sillon avait porté un coup pour m'entailler la jambe, je crois qu'il voulait m'épargner. (...)
La mère d'Aube Grise a accepté, avant de mourir l'année suivante, une infection, aggravée par son chagrin, sans doute. J'ai épousé Aube Grise l'année où elle est devenue unefemme. Elle n'avait pas assez connu son frère pour me tenir rigueur de sa mort. Je subvenais déjà en grande partie à ses besoins et elle vivait déjà chez moi. (...)
J'ai une chance de le prendre par surprise, en tout cas j'entretiens cette illusion jusqu'au moment où j'aperçois sa silhouette, projetée par la lumière du feu, une silhouette defemme. La silhouette de la Princesse Bleue. Je serre les dents. Elle passe devant moi, silencieuse, revêtue de son armure, l'épée dans son fourreau. Elle a le corps d'unefemmequi n'a jamais connu les champs, mais la démarche de celle qui ne sait que trop bien ce qu'est un combat. (...)
Il parle à Jaï et ce dernier sort en criant. Je me retrouve seul avec le vieux, et encore plus inquiet. Unefemmeentre et accompagne Jaï. Cheveux noirs en natte, taille moyenne, mince et vêtue d'une tunique blanche et brune, ces yeux bridés me scrutent comme si j'allais la dévorer. (...)
- Le Dieu des vents est changeant, il est trop libre et trop puissant. Asseyez-vous. Je m'assois. Hakka s'approche et parle à Mahe. Lafemmereste silencieuse un instant, et se tourne vers moi doucement, comme si j'étais un loup prêt à mordre. (...)
Je remarque Jaï nous observer d'un air mauvais et inquiet au loin. - Et toi ? Mahe parait surprise que je pose la question. - Moi ? Je suis unefemme. » Elle soupire. « C'est moins grave si je meurs. » Je souris. Beaucoup d'hommes aussi pensaient ainsi dans notre village, leur niaient tout droit au savoir et après coup, se demandaient pourquoi ils avaient affaire à un ramassis d'idiotes haineuses parmi lesquelles ils devaient choisir leurs épouses. (...)
Son bras droit clignote, et les flèches retombent à ses pieds, brisées tandis qu'il marche vers la jeunefemme, immobile. Ses soldats ne bougent même pas. Pendant un instant, je pense m'enfuir, je pense à courir et aller me cacher au-delà de la frontière, pour trouver le destin qui m'y attend, quel qu'il soit. (...)
C'est sa nature, tu as simplement vu, ce qu'elle reflétait de toi ce que tu connaissais de mieux en matière defemme. Cette créature n'est que le reflet de ce que ton âme considère comme lafemmeidéale, c'est tout. Il rit. Je sens une colère sourde m'animer. - Ca te fait rire ! Son ton est apaisant, engourdissant. (...)
Tout à coup, je me sens décontenancé. - Je ne crois pas que je le pourrais. - Allons, tu n'as jamais rêvé un jour de crever un oeil à tafemme, ou au moins de lui donner une gifle ou un coup de poing ? Je crie à nouveau. - Non ! Il sourit, un sourire aussi doux que de la neige. (...)
Ma chambre est une pièce de glace bleue, et mon lit un bain de neige moelleuse et tendre comme du duvet d'oie et tiède comme le sein d'unefemme. Malgré la nervosité, je m'y endors comme un enfant. Je rêve de froid, de vent hurleur, de douleur et de choses réelles. (...)
Je vois des ombres s'étioler, s'éteindre seule sans que les ombres de couleurs les aient même effleuré. Sa voix est calme, porte un regret étrange dans son ton, comme unefemmeenceinte porte l'enfant. « Où était la gloire ? Où était le combat pour la survie ? Ce n'était rien de tout cela, c'était juste un carnage à sens unique. (...)
Heureusement, tu écoutes cette partie de ton âme qui est sauvage et qui n'écoute jamais. Tu pourras faire revenir tafemmeet tes enfants, autant de fois que tu le désire, mais voilà ce qui les attend, et si tu détruis cette chose qu'on appelle le destin, ce ne sera pas réel. (...)
J'apprécie : plus d'une fois, nous avons vus des marchands et des aristocrates en voyage rougir bêtement après avoir aperçu un homme ou unefemmenue, et je n'ai pas envie de m'embarrasser de pudeur mal placée. Aewyll reprend conscience avec la grimace d'une petite fille, gémit lascivement, d'une façon qui me perturbe tant et si bien que mes instincts virils s'éveillent instantanément, et se rendorment presque aussitôt, lorsque son corps tout entier semble se tordre étrangement lorsque sa perfection se revêt de ses amalgames de personnalités, de gestes familiers et de regards qui forment la somme de ce qu'elle est. (...)
La Princesse Bleue est la plus vacharde de mes deux enseignantes mais aussi la plus claire et la plus efficace. Aewyll, est comme une mère, comme une soeur, unefemmeou une fille avec son vieux père gâteux, bref, Aewyll est comme Aewyll, et c'est bien le problème : aimante et aimable. (...)
Le souvenir de mon lopin de terre boueux m'étreint, et les journées (y) passées aux champs en compagnie de mon fils et de mafemmeme reviennent. J'étouffe une bouffée de nostalgie, frotte mes yeux humides et continue à ramper. (...)
S'il ce n'est le pouvoir, je finirais, broyé, aplatis, déchiré, éparpiller par les forces telluriques démentielle qu'il déploie contre moi. Je pense un instant à mafemme, à mon fils. Il ne restait rien d'eux. Leurs agonies effleurent mon imagination. Je secoue la tête pour chasser cette pensée. (...)
La seule chose qui s'approche de moi, ce sont ces quelques silhouettes de femmes, vêtues de parures magnifiques et légères, les courtisanes du Seigneur des Hauts Vents sans doute, qui traînent une jeunefemmevaguement familière. L'une d'elle chuchote à cette dernière : « Tu le connais, toi, il est de ton village. (...)
Tu es l'Anathème ! L'Exalté Solaire ! Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir ! - Ah non ? Mafemmeet mon fils non plus, Boeuf a grillé comme une sardine sur le feu, il a choisis son destin pour me sauver, moi et ceux du village. (...)
Je ne la regarde pas. - Plus au nord, dis-je, de l'autre coté du fleuve noir, dans le pays des morts, pour retrouver mafemmeet mon fils. - La terre des morts... tu ne pourras pas survivre là-bas, personne ne le peut ! Reste ici, avec moi, Là-bas, c'est le royaume de la mort ! (...)