Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : soleil (38)(...) C'est un travail d'autant plus éprouvant que cette année est mauvaise pour les récoltes : il y a eut trop de pluie, trop de semences noyées et trop de chaleur. Il y a trois semaines, La réserve commune du village a brûlé comme lesoleil, et si nous n'étions pas fous au point de nous reposer sur elle, c'est quand même un coup dur. (...)
Aujourd'hui, c'est une journée calme et paisible. Je tente d'en profiter. La brume finit par disparaître, balayée par le vent, et lesoleiltape durement à travers un ciel clair et sans nuages. Des insectes nous tournent autours, et bourdonnent bruyamment. (...)
Mais Pigeon à réponse à tout, ce soir. - D'après la foi immaculée, ils ont volé le secret de l'Exaltation auSoleilet à la Lune. Certains disent qu'il s'agit de l'oeuvre des démons qui ont corrompu les hommes, d'autres que c'est le Beau Peuple qui leurs glissèrent l'idée. (...)
Le vent gronde en permanence, fait tournoyer de façon cyclopéenne d'obscurs nuages gris autour du donjon principal, tandis que les rayons dusoleilse déversent en cascade sur la toiture éclatante de la demeure du Seigneur des Hauts Vents. Nos capes claquent sous le vent, nos chevaux nerveux, hennissent, sentant la tempête tenue en laisse par le pouvoir de cette demeure que l'on sent plus vieille que la nation du vent ellemême. (...)
Je marche au milieu de flaque d'eau immense dans la plaine, rapidement, le ciel se dégage, balayé par le vent, laisse place ausoleilimplacable, et avant midi ma gorge est à nouveau aussi sèche que la steppe. Mon régime reste pareil : Insectes, eau de pluie, racines et baies sauvages. (...)
Approcher de ces buttes est de la folie au mieux, un blasphème au pire, mais je ne veux même pas penser à l'alternative. Je rampe entre les buttes silencieuses tandis que lesoleilcouchant baigne la steppe de sang et d'obscurité, et je me tapis dans un renfoncement tout proche, retient mon souffle, écoute et attend. (...)
Beaucoup d'hommes aussi pensaient ainsi dans notre village, leur niaient tout droit au savoir et après coup, se demandaient pourquoi ils avaient affaire à un ramassis d'idiotes haineuses parmi lesquelles ils devaient choisir leurs épouses. Je regarde l'horizon bleu baigné dusoleilde l'après-midi. Le ciel est bleu, la plaine semble presque dorée tant il a frappé dessus. Je revois le regard d'Aube Grise. (...)
Quand je me sens défaillir, je ferme les yeux, me concentre sur ce flot d'énergie, sur l'écho qu'il provoque dans tout mon corps. Je le sens qui imprègne chacun de mes muscles, chacun de mes os, et la fatigue disparaît. Lesoleilest tombé puis a émergé à nouveau depuis mon combat avec le Héraut, il l'a fait à nouveau lorsque j'ai atteint ce petit bois de bouleaux et de buissons chiches. (...)
Je n'y vois rien, la pluie m'empêche de dormir, et l'humidité irrite mes blessures, je les couvre de mon mieux et j'attends lesoleil. Finalement la pluie cesse, le ciel s'éclaire lentement et je reprends mon chemin, ce n'est que lorsque je sors du bois que je constate l'ampleur de ma bêtise. (...)
Je touche la paroi glacée de la main. Sur mon front, j'aperçois un cercle entouré de rayon représentant unsoleilrayonnant. Que suis-je devenu ? Pas le temps de me poser trop de question. Il fait froid, il faut que je parte d'ici. (...)
La lumière de mon aura s'étiole peu à peu, mais le pouvoir est toujours là, au fond de moi. Je le fais parfois jaillir sur mon front à travers le symbole dusoleilpour m'éclairer, les parois réfléchissantes comme des miroirs amplifient la lumière et font reculer la pénombre bleutée. (...)
Le regard interrogateur de Lewellyn est un feu froid et intense. Un mensonge me monte à la bouche : - Je m'appelleSoleilBleu. Il sourit. La lumière de son regard s'intensifie. - Un mensonge ? Distrayant, mais futile, je suis un mensonge vivant mon ami, et nous sommes très doués pour nous reconnaître entre nous, crois-moi. (...)
Les anneaux du pilier s'écartent, puis il s'enfouit dans le sol tel un vers, sans un instant d'hésitation, Lewellyn descend de son trône avec la grâce d'un tigre des neiges. - Ecoute-moi,SoleilBleu, tu es un exilé, un être que les siens ont rejeté dans un lieu étranger, où ils pourraient l'oublier et le laisser disparaître. (...)
« Oui, une Exaltation, c'est à la fois le nom de la part de l'âme qui transporte ton pouvoir, et de la transformation qui te permet d'être ce que tu es aujourd'hui. Elle est inaltérable, indestructible et donnée par leSoleil, qui nous éblouit de sa lumière chaque fois que ton pouvoir se manifeste massivement, au travers de l'Essence. (...)
Je le suis à nouveau, non sans jeter un oeil inquiet sur la stalagmite sur lequel il s'est empalé quelques minutes plus tôt. « Je voulais te dire,SoleilBleu, pour que tu comprenne qui est ton ennemi, et ton ennemi, c'est la destinée elle-même, et que tu dois la détruire pour libérer l'Essence. (...)
- J'étais un diplomate, répondit-il à la question sans que j'aie dit quoi que ce soit, « Je dois admettre que le destin des hommes me laisse indifférent, mais lors de la grande croisade que mena mon peuple pour détruire votre monde, j'ai entendu parler des tiens. » - Des miens ? - Les Solaires. Lorsqu'il prononce ce mot, la salle s'illumine d'unsoleilpâle, bleu... parcourant les lieux en une lente courbe majestueuse qui disparaît aussitôt dans les ténèbres. (...)
et il fallait coordonner des armées aussi nombreuses que vos peuples entiers, cette guerre devait être la mise à mort grandiose de votre monde, l'achèvement d'un drame mythique.» Des ombres formées par la lumière dusoleilbleu prennent forme, la plupart multicolores et parfaites, dissolvant de leurs couleurs des nuées d'ombres simples de mortels dans un massacre de lumière. (...)
Ils m'ont accusé de passer trop de temps en compagnie des hommes ! Leurs esprits s'effondraient sous le poids de leurs propres mesquineries ! Imagine,SoleilBleu, Imagine des univers entiers qui se moquent de toi, qui se rient de toi, qui t'humilient, qui t'ôtent cette grâce, cette gloire qui fait de toi ce que tu étais. (...)
Moi, ironiquement, je survécus uniquement parce que j'étais exilé, ici, loin du courroux de l'impératrice écarlate, et crois-moi, le maître du vent n'est qu'un médiocre reflet de la puissance de l'impératrice. » Lesoleilbleu disparut. Retour des ténèbres. - Et maintenant ? Sa gorge émit un son étrange, mélange de sanglot et de gloussement. (...)
La silhouette blanche de Lewellyn se découpe dans la lumière bleue s'arrête un instant avant de franchir la porte. - Prends ton temps...SoleilBleu. La porte se ferme, me laissant dans les ténèbres, seuls avec ma peur. Le domaine de Lewellyn chante. (...)
Sa réplique me réduit au silence, puis l'instant d'après, le vent, le vrai vent, pas ce gigantesque courant d'air glacé qui balaie la faille me caresse à nouveau le visage. La neige longe toujours la faille, mais au-delà, il y a l'herbe jaunie par lesoleil, qui ondule tranquillement, ses racines creusant tranquillement la terre et faisant bourgeonner un espoir printanier dans mes pensées. (...)
Son regard doux et moqueur, souvenir de petite fille espiègle de mon village disparut, rencontre le mien. - Vous en avez mit du temps ! Je souris. Savoure l'air frais et la caresse dusoleiltandis que la Princesse Bleue jaillit et se pose gracieusement à mes côtés. - Que fais-t-on maintenant ? (...)
Une étrange sensation s'empare de moi, ainsi qu'un froid relatif, lorsque je me rends compte que mes vêtements princiers, qui ont pourtant survécus à des impacts d'une puissance sans nom, fondent et s'évaporent sous l'effleurement des rayons dusoleilJe suis nu comme un verre. Je jure comme un charretier. La Princesse Bleue se contente de hausser les épaules et hausser les sourcils. (...)
Et toute sa personne est Aube Grise, et toute sa personne est Brin d'Herbe, et moi, je ne suis plus qu'un homme seul, poussé par sa seule volonté et l'écho de la puissance dusoleil, qui disparaît à l'horizon. Création finit par rompre l'instant envoûtant tissé par la Raksha. (...)
Au mieux m'ignoreront-t-ils, au pire ils tenteront de prendre ma tête pour la livrer au maître des haut vents, histoire de se faire bien voir. Je ne leur en veux pas pour ça. Nous aurions fait pareil. J'attends que la nuit tombe. Lesoleilfrappe sur son élu comme un sourd et je suis en sueur, harcelé sans cesse par les mouches, à tel point que je doute un instant de ces faveurs. (...)
Le lendemain, je prends ses dents, des choses froides comme la glace et blanche comme l'ivoire, en guise de trophée, ainsi qu'une de ses plaques dorsales, tout aussi froide et je me remets en route. Le jour suivant est chaud et lesoleilpesant, étouffant. Je glissé la plaque dorsale de la bête dans mon dos, emmitouflée dans la cape ; elle me rafraîchit et me permet de supporter la chaleur. (...)
J'estime être à encore deux jours de marche lorsque le vent tourne plein sud, puissant, ramenant d'énormes nuages sombres, annonçant l'orage, annonçant la colère du Seigneur des Hauts Vents. J'observe les titans sombres et célestes qui projettent leurs ombres sur la steppe, qui voilent lesoleilbrûlant. Je sens quelque chose d'obtus en moi, aussi sombre, lourd et enragé que les nuages qui s'avancent vers moi et cette chose me pousse en avant. (...)
Soudain, les cieux bouchés par les nuages s'écartent à toute vitesse, révélant un ciel bleu immaculé et une explosion desoleiléblouissante, puis l'air explose littéralement. Il n'y a aucune comparaison. Les impacts de la faille sont de petits divertissements en comparaison de celui-ci. (...)
Mon regard parcours le croisement baigné de lumière devant moi : luxe, jade et le pouvoir, invisible, saturant les lieux, mais enfermé dans le jade, aussi inaccessible pour moi que lesoleilet la lune. J'entends le grondement des gardes qui s'approchent dans le couloir, se dirigent vers moi. (...)
Je lève la tête et je le vois. A travers la grande baie vitrée qui orne le plafond, au centre du croisement, la lumière dusoleil, pâle, filtrée à travers les nuages gris et lourd s'amassant au-dessus de la forteresse. J'aperçois un mécanisme sur la vitre, et un sourire sauvage traverse mon visage. (...)
Le coup, empli d'essence, de pouvoir, s'abat sur moi. Je ne pare pas le coup. Je rassemble tout ce qui me reste d'énergie mystique, et le pouvoir dusoleilemplis mon corps comme une explosion aveuglante, et le coup rebondit sur ma poitrine. Maintenant ! (...)
Je ris et je pleure en même temps, j'en oublie la douleur et la prend dans mes bras, la serre contre moi, elle gémit de douleur et de peur : « Pitié ! » Je murmure, heureux, incrédule. - Tu es vivante ! Par tous les dieux ! » « Pitié, Seigneur dusoleil! » Elle a peur et comment pourrait-il en être autrement ? : Je suis nimbé de sang et de lumière, le cadavre d'un demi-dieu à mes pieds. (...)
Il avait vu que tu causerais sa mort. C'est pour ça qu'il a détruit le village ! Je devais lui dire que tu serais choisi par lesoleil! Je t'en supplie, épargne-moi ! » Je souris, passe une main dans ses cheveux. Elle est vêtue d'une robe de courtisane, légère, de satin, évanescente et parfumée. (...)
Et tu as choisi de sacrifier les autres pour sauver tes fesses, et tous tes efforts ont échoués : Lesoleilm'a élu, j'ai tué le Héraut, j'ai tué le Seigneur des Hauts Vents, j'ai détruit le Seigneur de la faille. (...)
Brume entre dans la caverne, ne dit rien et observe. - Tu ne sais pas ce que c'est ! pleurniche-t-il. Je l'ai vu dans la fumée montant vers lesoleil! L'un des membres du village serait élu par lesoleil, l'un des membres du village me tuerait ! - Pourquoi ? Pourquoi as tu fais ça ? - Parce que je voulais prendre mon destin en main ! (...)
: Toujours seul, toujours en dehors du village, peut-être pour vous aider à éloigner les morts, ah ça oui ! Et pareil pour le Beau Peuple, mais à part ça, rien ! Les légendes disent que les élus dusoleilet ceux des dragons sont ennemis, alors j'ai prévenu le Seigneur des Hauts Vents grâce à Brume, mais le destin. (...)
Je franchis les collines grises et du sommet de ces dernières, je perçois une odeur humide portée par les vents venus du fond des mers, là où ils vont et viennent à leur guise, libres du pouvoir du Seigneur des Hauts Vents et portés par leurs seules volontés. Dans le ciel, lesoleilbrille, puissant, majestueux. J'ignore toujours pourquoi il m'a choisi, mais il m'a donné le pouvoir et je m'en servirai pour retrouver ceux que j'ai aimés. (...)