Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : mal (34)(...) Les autres accueillent bien la nouvelle. Ils s'endorment rapidement. Quand mon tour de garde s'achève, j'ai dumalà trouver le sommeil. Deux jours plus tard je me retrouve à courir comme un dément. Je lui ais dit de ne pas s'éloigner, mais Chien Enragé est trop sûr de lui. (...)
- J'vois rien, c'est moche ? - Ce n'est pas beau à voir, mais je ne peux pas dire. Tu peux marcher ? - Non, ça faitmalrien que lorsque je bouge. - D'accord, je vais te porter jusqu'au chariot. - Ca ira ? Laisse-moi, je crois que j'vais crever. (...)
Une rage froide s'empare de moi. Ils tentent de me prendre en tenaille en apparaissant chacun d'un coté, mais ils sontmalcoordonnés. L'un d'eux est trop pressé. La terre vole vers lui, l'aveugle, et mon coutelas perfore son oeil. (...)
Ils croyaient que nous nous laisserions égorger comme des porcs, et ils en ont eut pour leur argent. Un, deux, trois. Pasmal. Je ne crois pas que la Princesse Bleue soit morte. Boeuf était déjà affaiblis, et les Exaltés sont infiniment plus résistant que les mortels, le Seigneur des Hauts Vents vivait déjà du temps de l'arrière grand-père de mon grand-père, et on dit que leurs membres et leurs organes repoussent comme ceux des démons et des dieux, rien ne me pousse à croire que la Princesse Bleue est différente de son père. (...)
L'été était venu comme un coup de massue étouffant, l'année de mes treize ans. La pluie tombait si drue qu'elle faisaitmallorsque l'on se trouvait en dessous, mais il faisait effroyablement chaud. Trempé par la sueur à l'abri, trempé par la pluie à l'extérieur. (...)
Les constellations brillent au-dessus de moi dans le ciel nocturne. Je tente de me redresser, mon épaule me fait unmalde chien. Pas la peine d'essayer à nouveau, j'ai besoin de repos, alors je ferme les yeux et prie silencieusement pour qu'une bande de loups ne m'ait pas pisté. (...)
Je me résous à respirer à nouveau. Je saisis une pierre traînant non loin de moi. Mes brûlures aux mains ne fontmalmais je réprime un sourire à l'idée que j'organise une embuscade sur quelqu'un de plus puissant qu'un demi-dieu avec une épaule trouée et un caillou ! (...)
Le ciel est bleu, la plaine semble presque dorée tant il a frappé dessus. Je revois le regard d'Aube Grise. Je ferme les yeux si forts que cela me faitmal. - Tout va bien ? J'ouvre les yeux. - Oui. Ne te met plus en danger. Apprenez à Hakka à parler ma langue. (...)
Je ne suis plus un homme. Je suis un Anathème, une puissance ancienne et infinie. Il n'empêche, mon avant-bras me fait unmalde chien. Toute la chair est à vif. J'ai déchiré un drap pour l'envelopper et arrêté le saignement, mais mon bras dégouline à travers et le tissu est littéralement imbibé de sang. Curieusement, depuis mon combat, ma hanche me fait moinsmal. La lumière émanant de moi s'étiole petit à petit, finit par s'éteindre, mais je peux sentir le fleuve d'énergie capter la vie autour de moi, enfler, en un processus lent et inéluctable. (...)
Il faut que je m'entende respirer pour me rendre compte que je suis en vie. Je suis presque enterré vivant dans la glace qui se trouve sous la couche de neige. J'ai toujoursmalau bras, ma hanche reste douloureuse lorsque je tente de la bouger mais elle répond néanmoins. Mes autres membres répondent présent eux aussi. (...)
Pas le temps de me poser trop de question. Il fait froid, il faut que je parte d'ici. Je me mets en marche tant bien quemal. Plutôt bien, étant donné les circonstances. Les murs de glace sont lisses et sans prise comme de gigantesque miroirs. (...)
L'angoisse m'étreint soudain lorsque je remarque soudain que les fauves ont disparut sans laisser de trace. - Ce que je veux, reprend-t-il, c'est te prouver que je ne te veux aucunmal. - Pourquoi ? - Parce que je suis comme toi, je suis un exilé, un réprouvé, et que je connais la souffrance que cela cause que d'être seul, d'avoir l'univers pour ennemi et de n'avoir personne avec qui partager quoi que ce soit. (...)
- Excuse-moi, dit la créature revêtue de neige et de glace, mais pourrais-tu entrer ? J'aimerais éviter les courants d'air ! Le ton est badin et j'ai dumalà ne pas rire de la plaisanterie. Je prends une inspiration, et je franchis le seuil en espérant que cela ne soit que de la lumière. (...)
- Oui, dit-il, la mort des mortels est définitive, mais suis-moi, veux-tu ? Il sort. Je le suis. Il continue de parler et moi d'écouter sans avoir trop l'air de me sentirmalà l'aise dans mes vêtements hors de prix. « Nous sommes immortels, toi et moi, la partie de ton âme qui possède ton pouvoir est impérissable, et aucun de nous n'a jamais réussi à dévorer réellement une Exaltation. (...)
Nous sortons d'un corridor immaculé, passons au-dessus d'un pont de glace magnifique, fait de dentelle de glace qui traverse une salle de grotte emplie de stalagmites et de stalactites aiguisés comme des rasoirs, renvoyant des arcs en ciels de lumières prismatiques. Le spectacle est grandiose mais je tente de me concentrer sur Lewellyn. - Je vois que tu as dumalà saisir, je vais donc te faire un exemple... Et Lewellyn s'élance, se jette du pont dans le vide vers les Stalagmites sans un cri, sans un avertissement de plus. (...)
- Parce que toi, tu en es capable, dit-elle, parce que tu as le pouvoir réel, et lui n'à que l'illusion. J'éprouve un soudainmalde tête. - Je ne comprends pas... - Tu veux savoir ? Regarde ! Soudain, la lumière se fait moins forte. (...)
Ma peau est gelée, mais le pouvoir me préserve, mais la Princesse Bleue, elle, tremble comme une feuille dans son armure : elle va mourir de froid, de l'autre coté de la berge. Pas après tout lemalque je me suis donné ! Je saute par dessus le torrent. J'atterris près d'elle, l'humidité rend le rocher glissant et mon équilibre précaire, mais peu importe : le pouvoir est encore assez puissant en moi pour permettre à mes doigts d'avoir assez de force pour y creuser des sillons dans la roche auquel me retenir, mais l'eau continue à monter, la glace fond sur les parois. (...)
J'apprécie : plus d'une fois, nous avons vus des marchands et des aristocrates en voyage rougir bêtement après avoir aperçu un homme ou une femme nue, et je n'ai pas envie de m'embarrasser de pudeurmalplacée. Aewyll reprend conscience avec la grimace d'une petite fille, gémit lascivement, d'une façon qui me perturbe tant et si bien que mes instincts virils s'éveillent instantanément, et se rendorment presque aussitôt, lorsque son corps tout entier semble se tordre étrangement lorsque sa perfection se revêt de ses amalgames de personnalités, de gestes familiers et de regards qui forment la somme de ce qu'elle est. (...)
Au milieu de la pluie de roche, je saute et fonce vers un autre rocher en amont qui semble dépasser de la paroi. Je calculemalmon bond : je trouve néanmoins le temps de me retourner pour protéger Aewyll du choc une seconde avant l'impact. (...)
- C'est mon pouvoir, dit-elle, mon rêve, et il me supporte autant que je le supporte, toi, tu portes les rêves d'élégance d'autrui, des rêves de mortels, mais les rêves ne survivent pas longtemps dans ce monde. - Les choses du Beau Peuple surviventmalà Création, elles n'existent pas vraiment. C'est la Princesse Bleue, amusée par l'idée que j'ai du me balader nu pendant plus d'une semaine et je le suis aussi. (...)
- Je suis venue chercher quelqu'un, dit-elle, mais qui que ce fut cette personne étais déjà morte. Et toi ? Tu as beau me dévorer du regard, j'ai dumalà croire que tu es venu jusqu'au bord du monde juste pour venir me chercher. Un rire s'échappe de ma gorge. (...)
Aujourd'hui, s'ils avaient plus de moyens et d'hommes aujourd'hui, ils bâtiraient des tours qui permettraient à leur sentinelle de ne pas avoir à faire leur ronde sur le sentier de garde, mais les bois de la nation du vent sont rares etmalfréquentés. Au moins, visiblement, leurs sentinelles ont apprit à ne plus s'endormir la nuit. J'attends néanmoins qu'elles passent, et dès qu'elles se sont éloignées, je me glisse lentement pardessus le parapet naturel et à peine aménagé qui protège le chemin de ronde. (...)
Je m'avance pour saisir le pain trop rapidement, trop sûr de moi, mon pied s'entrave dans quelque chose, je manque de tomber, mes mains s'agrippent à un mur tout proche et m'évite la chute, mais lemalest fait : une bonne demi-douzaine de cloche en bronze, du genre de celles que les riches fermiers mettent autour du cou des bêtes de leurs troupeaux, se mettent à sonner avec traîtrise et fracas. (...)
Le bond suivant me conduit sur la pente de la colline que je dévale debout dans un nuage de poussière. Le temps d'arriver dans les champs, j'évite encore deux flèchesmalajustée dans l'obscurité. Je rigole presque. Presque, parce que les chiens sont derrière moi, et que ce sont de gros limiers agressifs, assez rapides pour me rattraper, plus féroces que leurs maîtres et capables de tuer n'importe lequel des loups qui maraudent dans la région. (...)
Je m'abats dans un champ de chaume, m'accroupis, et laissent les mastiffs s'approcher, du coin de l'oeil, les paysans descendent la pente à leur tour, tant bien quemal, les yeux fixés sur leurs chiens. Je réfléchis à toute vitesse. Ils pourraient me poursuivre longtemps, peut-être des jours, me pistant comme à la chasse, comme une bête. (...)
Avec le chien, j'ai de quoi manger suffisamment jusqu'au Trône d'Orage, et les vêtements ne me vont pas tropmal: des vêtements de paysans, gris sombres, avec quelques lanières et quelques ceintures, uniquement ornementés de la cape bleue de la fille du Maître des Hauts Vents. (...)
Je reprends, le vent se lève encore, fort, toujours plus fort, son hurlement devient toujours plus fort, assourdissant. Les larmes coule sur mes yeux et je me retrouve à avancer à l'aveuglette. J'ai dumalà respirer. Ma peau s'étire vers l'arrière sous l'effet du vent. Continuer. Chaque pas devient un effort, quand soudain, j'entends un grondement devant moi, qui englouti même le hurlement du vent. (...)
» Puis il disparaît à nouveau, en projetant son onde prismatique et ses flocons d'étincelles. Je m'inquiète, « pire ? » J'ai dumalà le croire et je n'arrive même pas à l'imaginer, mais quand bien même, cherche-t-il à détruire Création toute entière où quoi ? (...)
J'arrête la course de la hache en saisissant le tranchant à pleine main tendit que j'arrache vivement les derniers lambeaux de vêtements de l'autre. Je le repousse d'un geste, il percute le mur simalqu'il s'y étourdit tout seul comme un grand. Un autre se roule par terre en hurlant comme un fou, étreignant son visage d'où dégouline un flot de sang. (...)
A voir comment le sang coule, je ne lui donne que peu de chance. Sans savoir trop pourquoi, j'essaie quand même et arrache le bout de métal,mallui en prend. Le sang jaillit brutalement comme un geyser, il hurle une dernière fois et meurt. Je soupire. (...)
Puis sans un mot, je tourne bride. Brume me suit et personne ne nous arrête. Les chevaux hennissent, ont dumalà respirer au milieu de la purée de pois brunâtre. Nous chevauchons depuis deux semaines, et depuis une dizaine de jour, l'air est à peine respirable, saturé de poussière. (...)
Je descends de cheval et commence à grimper le long de la pente trop abrupte pour lui. Brume me suit tant bien quemal. Près de la grotte, je perçois une odeur de nourriture, de viande et de légume bouillis. J'en salive presque. (...)
Je te pardonne, mais je ne peux pas t'emmener. Je joue des éperons, le cheval se met en route. Elle me suit à pied tant bien quemal. - Mais, où vas-tu aller ? Je ne la regarde pas. - Plus au nord, dis-je, de l'autre coté du fleuve noir, dans le pays des morts, pour retrouver ma femme et mon fils. (...)