Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : mange (6)(...) Le maître des Hauts Vents nous protège parce qu'il le peut, toi, qu'estce que tu veux faire ? Je baisse le ton. « Maintenantmangeet prend des forces. » Il reste silencieux, à regarder le contenu de son bol, malheureux. Finalement, il va dormir sans manger. (...)
L'odeur de la nourriture pimentée parvient à mes narines. J'avale ma salive. Il prend une cuillère et la tend vers ma bouche. -Mange. Il a un accent à couper au couteau, mais le ton ne souffre pas de refus. J'ouvre la bouche et j'avale. (...)
La voix est incisive, tranche la pénombre comme une guillotine, mais dénuée d'hostilité, et comme d'habitude elle touche juste. Je hoche la tête. Plusieurs jours que je suis ici, que jemange, bois, dors et réfléchis. Parfois, je cours dans des couloirs sans fin, en ligne droite, pour découvrir la porte de ma chambre devant moi, ou au pire, à quelques mètres derrière moi à peine. (...)
Parfois, au matin, une bruine se lève, quelques petites gouttes d'eau minable qui me rafraîchissent à peine. Je suce des cailloux pour rompre la soif,mangedes fourmis et des racines pour briser la faim. Nous étions aux frontières de la nation des vents, il me faut bien quatre jours pour retrouver le village inféodé au maître des vents le plus proche, tant et si bien que lorsque j'y arrive, je ne suis plus qu'un mendiant couvert de poussière, la barbe naissante rendue chiche par le manque de nourriture. (...)
Lorsque les chiens m'atteignent, tout ce que les sentinelles voient et entendent, c'est quelques remous dans le champ, une série de grognements et d'aboiements suivis de jappements plaintifs et d'impacts sourds, et l'instant d'après, une pauvre bête qui sort du champ, revenant vers eux en clopinant et jappant douloureusement. Ils décident d'arrêter la poursuite et de ne pas pousser leur chance. Ils ont raison. Jemangele chien en premier. Un des mastiffs qui est mort dans le champ et dont j'ai emporté le cadavre. (...)
Il tombe, recule, tente de reprendre son souffle. Pendant ce temps, je repère dans l'abri le bouillon qui mijote. Je prends le bol, me sert etmangetandis que le Shaman récupère. Il parvient à reprendre son souffle, mais pas son courage. - Ne m'approche pas ! (...)