Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : manger (10)(...) Dans sa voix, j'entends aussi quelque chose d'autre, un sentiment familier, un émoi cruel que je ne connais que trop bien. Et je sais que je ne pourrai pasmangeren paix avant de régler cette discussion. - Il n'a pas le choix. - Mais il a des pouvoirs ! - Pas assez, crois-moi. (...)
« Maintenant mange et prend des forces. » Il reste silencieux, à regarder le contenu de son bol, malheureux. Finalement, il va dormir sansmanger. Ma femme range le peu qu'il reste àmangeret s'arrange pour conserver la nourriture. La tristesse endort l'appétit mais la misère le réveille. - Un premier amour. (...)
En fait il regarde n'importe quoi d'étranger comme des choses surgies de quelques enfers ou paradis célestes. Fort comme un ours, bête àmangerdu foin, mais assez malin pour savoir comment survivre. Comme nous tous, peut-être. Pigeon Fou l'aime bien visiblement. (...)
Signe de richesses, quelques serrures en fer sont installées sur plusieurs portes, mais la plupart de ces dernières restent de simples planches de bois tendues en travers de l'encadrement. Je repère un garde-manger, et dès que les gardes s'éloignent, je m'y rends furtivement. Un nouveau coup d'oeil à la ronde m'indique que tout est sûr. (...)
Je me glisse dans l'ombre, attend patiemment que la patrouille me dépassent et s'éloignent, puis rase les murs jusqu'au garde-manger. J'ouvre la porte lentement : ses gonds commencent à grincer. Je m'arrête, puis ouvre le plus rapidement possible pour réduire le grincement au minimum. (...)
Rien ne vient, à part un chat noir rabougri qui m'observe d'un air princier de ces yeux jaunes. Je m'engouffre dans le garde-manger. Dans ce dernier, règne la fraîcheur et des odeurs de pain, de viandes séchées et salées : tout ce qu'un homme dans ma position peut espérer de la vie. (...)
Je fais du feu avec ce que je trouve, pas grandchose, en fait, mais la viande n‘est pas mauvaise. Je n'ai pas l'habitude demangerce genre d'animal mais ce n'est pas la première fois, dans la plaine du vent, n'importe quel paysan doit savoir survivre (en usant) de tels expédients. Avec le chien, j'ai de quoimangersuffisamment jusqu'au Trône d'Orage, et les vêtements ne me vont pas trop mal : des vêtements de paysans, gris sombres, avec quelques lanières et quelques ceintures, uniquement ornementés de la cape bleue de la fille du Maître des Hauts Vents. (...)
Finalement, c'est mon flair de paysan, de crève-la-faim endurci qui me remet dans le bon chemin lorsque des odeurs de nourriture viennent caresser mes narines : je les suis comme un loup affamé et j'aboutis dans une salle àmanger, jouxtant une cuisine, au milieu de laquelle, se tient sur une bonne vieille table en bois, trône d'un poulet rôti encore chaud, entouré de légumes et de petites patates fumantes, siégeant comme d'éphémères joyaux comestibles abandonnés à ma rapacité. (...)