Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : marche (19), marché (2)(...) A mes pieds, je contemple distraitement une flaque d'urine entre les genoux de Rude, et Boeuf, ce pauvre fou, semble ressentir lui aussi le problème car il serre nerveusement dans un de ces poings posé par terre un bout de roche. - Montre-nous ! Dit le garde. Jemarchejusqu'au Chariot et lève la bâche. OEil Vert est éveillé, terrifié, allongé et silencieux. Brume est là. (...)
Le lac ne valait pas beaucoup mieux qu'un marais, la morsure de l'eau était froide, cruelle. La chaleur de l'après midi m'a permis de me sécher, et j'aimarché. Maintenant, je suis sale au delà de toute description, bien que trois jours de voyage ne m'aient pas arrangé. (...)
Je perds l'équilibre. Mes pieds trouvent malgré tout le sol, ou peut-être l'inverse et je repars. Jemarcheau milieu de flaque d'eau immense dans la plaine, rapidement, le ciel se dégage, balayé par le vent, laisse place au soleil implacable, et avant midi ma gorge est à nouveau aussi sèche que la steppe. (...)
Tandis que des hommes et des enfants montent de petits chevaux et des chiens, mettant en bon ordre des troupeaux massifs de moutons et de chèvres. L'un d'eux me jette un regard méprisant. Jemarcheun peu, mais la tête me tourne rapidement. Jaï me garde à l'oeil. D'autres hommes m'observent, l'air méprisant, je les ignore. (...)
La femme reste silencieuse un instant, et se tourne vers moi doucement, comme si j'étais un loup prêt à mordre. - Hakka dit que vous avez un pacte avec les morts. Vous avezmarchésur leurs territoires. - Je n'ai rien de tout ça, dis-je. Je sais que le sang attire et nourrit les morts au Solstice d'hiver, c'est tout. (...)
Ils lui décochent un essaim de flèches qui filent autour de Mahe en bourdonnant tel des guêpes. Son bras droit clignote, et les flèches retombent à ses pieds, brisées tandis qu'ilmarchevers la jeune femme, immobile. Ses soldats ne bougent même pas. Pendant un instant, je pense m'enfuir, je pense à courir et aller me cacher au-delà de la frontière, pour trouver le destin qui m'y attend, quel qu'il soit. (...)
Quand j'en ai fini, une dizaine d'entre eux gisent autours de moi, et les autres s'enfuient en hurlant. Tous sauf le Héraut, évidemment. Je suis perturbé. Ilmarche, parfaitement détendu, pourtant la lumière rageuse de son oeil est à peine contenue, mais sa voix est inchangée. (...)
Une nuit noire, sans lune, presque sans bruit, hormis le vent et quelques bêtes. Je me surprends à ne déjà plus les craindre. Jemarcheun long moment, sent l'air qui se refroidit peu à peu autour de moi... Il se met à pleuvoir. Vers minuit, je comprends que je me suis perdu. (...)
Je change de direction, longe la faille pour la contourner, mais sans succès. Je fais alors demitour, avec des pieds de plomb. Il me faut une nouvelle journée demarcheà travers les bois. A la fin de la journée, lorsque j'émerge, je retombe sur la neige, et un peu plus loin, la craquelure large et sombre de la faille déchirant la terre. (...)
J'aurais pu prendre une étendue de neige moins large, mais la glace de ces endroits me paraissait moins épaisse, plus transparente et moins solide. Jemarcheprudemment. La neige est froide sous mes pieds. Mes bottes de tissus ont été largement usées ces derniers temps. (...)
Pas le temps de me poser trop de question. Il fait froid, il faut que je parte d'ici. Je me mets enmarchetant bien que mal. Plutôt bien, étant donné les circonstances. Les murs de glace sont lisses et sans prise comme de gigantesque miroirs. (...)
Le ton est triste, mélancolique, et le choc est plus rude encore pour moi : Quelque chose de la mélancolie d'Aewyll me rappelle Aube Grise. Lorsque son regard croise le mien, c'est celui de ma mère, lorsqu'ellemarche, elle possède l'allure altière de la Princesse Bleue, et lorsqu'elle parle, la voix de Brume. (...)
D'autres tortues creuses glissent tout aussi silencieusement sur les tapis de neige, gracieusement, parfois elles collent sur les murs ou aux plafonds, et n'y glissent pas moins comme sur de la glace. Aewyllmarcheà mes côtés usant de la démarche de Brume, me présentant chaque pièce, des bains emplis d'un lait blanc immaculé, et brûlant comme une fièvre, et qui ne fait même pas fondre les piscines de glaces qui les contiennent. (...)
- Tu as fait tout ça pour me dire que nous n'avons aucune chance ? - Non, il lâche Aewyll, sourit et reprend samarche. Je le suis à nouveau, non sans jeter un oeil inquiet sur la stalagmite sur lequel il s'est empalé quelques minutes plus tôt. (...)
- Si fait ! Dit-il. Il saigne, il est admiratif, et il sourit. Malade. - Comment sort-on d'ici ? Jemarchevers Aewyll, tente de la réveiller, elle grogne comme Aube Grise au réveil. - La couronne..., grogne-t-elle. (...)
Nouveau gloussement d'Aewyll. - Tu y crois vraiment ? dit-elle avec la voix de Brume. Je la regarde. Aewyllmarcheà nos côté, la seule grâce de ses mouvements me transperce mon coeur, tant il à la fois ils sont inhumains et me rappellent pourtant Aube Grise. (...)
Le vent est présent, mais il est brûlant, et vient encore tanner ma peau comme du cuir. J'estime être à encore deux jours demarchelorsque le vent tourne plein sud, puissant, ramenant d'énormes nuages sombres, annonçant l'orage, annonçant la colère du Seigneur des Hauts Vents. (...)
Un sourire aux lèvres, je lui obéis. C'est le jour suivant que cela commence. Une heure après l'aube, jemarchecontre le vent, lorsque quelque chose explose dans une lumière multicolore à quelques centimètres de mon visage. (...)
Je finis par comprendre que le Seigneur des Hauts Vents à besoins de temps pour m'attaquer de toute sa puissance, un temps que je met a profit pour reconstituer mes réserves de pouvoir, au bout de sa troisième attaque, lors de la chute vertigineuse qui la suit immanquablement, je fini par apprendre que je peux diriger plus ou moins ma chute en m'inclinant de gauche à droite et d'avant en arrière, et je comprend qu'il ne pourra pas me vaincre par ce moyen là non plus. La nuit finit par tomber lorsque je me retrouve à une journée demarchedu Trône d'Orage. J'observe les arbres de la forêt qui entouraient ce dernier. Beaucoup ont disparu, d'autres ont été arrachés et jetés au sol, les autres ont résisté. (...)
Cette créature ailée parlante me fait me poser des questions sur la façon dont il me trouve : sorcellerie, assurément, mais encore ? Pendant mamarcheà travers les bois, je me mets à penser à la Princesse Bleue. Je me demande si elle est encore en vie. (...)
Je le rassemble pour le faire se fondre dans les muscles, prend une inspiration, et soulève le rocher à bout de bras pour me protéger de la grêle mortelle. Camarche, relativement. Je reprends ma route, de l'eau jusqu'aux jambes, progressant péniblement au milieu des arbres abattus. (...)