Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : mourir (15)(...) Il a passé trop de temps à parader dans le village avec sa foutue épée, à regarder les yeux des jeunes femmes de la barrière s'extasier sur ses muscles au petit matin. Il vamourirparce qu'il devait faire ses besoins avec un peu d'intimité. Il se croit encore au village. Il croit connaître la nature. (...)
A l'intérieur, OEil Vert hurle, impuissant. J'entends un garde jurer, un autre rire. Soudain, je réalise que je vaismourir. Ma blessure n'est pas grave, mais à long terme, je n'ai aucune chance. Je me redresse, regarde le ciel bleu et infini, laisse le vent courir sur mon visage. (...)
En réparation de la mort de son frère, Je me suis engagé à l'épouser pour ces douze ans et à m'occuper de sa veuve. La mère d'Aube Grise a accepté, avant demourirl'année suivante, une infection, aggravée par son chagrin, sans doute. J'ai épousé Aube Grise l'année où elle est devenue une femme. (...)
Lentement, la douleur s'étiole, se dissipe, et elle est tant liée à mon existence qu'un moment je croismourir. Mais je n'entends pas le souffle du vent du monde des morts, ni les voix de Boeuf, Pigeon et Rude. (...)
Lentement, la nuit plonge mon corps dans l'obscurité en même temps que la plaine. Mon esprit ne tarde pas à suivre. Je suis vivant. J'aurais dûmourir. Cahots. Hennissements de cheval. Bêlements de mouton et de chèvres me parviennent, assourdis. (...)
Je m'attends à oublier qui je suis, à devenir son esclave, à fondre comme de la neige, ou à simplement disparaître etmourir, mais rien ne se passe. Au début. Puis la terre tremble, et son reflet dans le mur de glace sourit, se divise en deux en même temps que l'immense paroi qui révèle une lumière bleuâtre aveuglante. (...)
Nous sommes dans un endroit où l'essence n'est pas aussi ordonnée que dans le reste de la Création. Moi et Aewyll, nous ne sommes pas autant liés à l'ordre de l'univers, c'est pour cela que je peuxmourir, encore et encore et encore ! - Mais tu es mort ! - Et alors ? Ici, c'est mon domaine, nous sommes au-delà des limites de l'univers, là où la destinée ne s'applique plus, dans le chaos. (...)
Nous entrons dans un autre couloir parfait de ce palais apparemment sans fin. - J'en suis conscient, mais la mort est propre à la Création, tu m'a vumourir, et revenir à la vie, c'est la liberté la plus absolue que je puisse t'offrir. Et pour cela tu dois détruire la destinée, qui forme les barreaux de l'existence. (...)
Imagine, Soleil Bleu, Imagine des univers entiers qui se moquent de toi, qui se rient de toi, qui t'humilient, qui t'ôtent cette grâce, cette gloire qui fait de toi ce que tu étais. C'était comme te retirer le pain de la bouche et te condamner àmourirde faim dans le plus cruel des déserts, tout cela, pour une petite guerre mesquine, pour une victoire minable arraché des mains d'un adversaire déjà mourant ! (...)
Ma peau est gelée, mais le pouvoir me préserve, mais la Princesse Bleue, elle, tremble comme une feuille dans son armure : elle vamourirde froid, de l'autre coté de la berge. Pas après tout le mal que je me suis donné ! Je saute par dessus le torrent. (...)
Malgré tout, il ne fait pas si froid, et la masse de glace qui est tombée du ciel est en train d'inonder la forêt. Je réfléchis un instant :mourirnoyé n'est pas une option. J'ai dormi, le sommeil a accéléré la régénération de mon pouvoir. Je le rassemble pour le faire se fondre dans les muscles, prend une inspiration, et soulève le rocher à bout de bras pour me protéger de la grêle mortelle. (...)
Elle ne croise jamais mon regard, je ne lui parle qu'en cas d'absolue nécessité. Nous sommes tous deux couverts de terre. Je guéris, alors que j'aurais dumourirvidé de mon sang ou rongé par la gangrène ou quelque autre infection, mais aucun de ses maux ne m'atteint, et mes plaies guérissent à une allure qui m'effraie autant que Brume. (...)
- Tu sais pourquoi je suis là ? - Tu es là pour me tuer ! Tu es l'Anathème ! L'Exalté Solaire ! Je ne veux pasmourir! Je ne veux pasmourir! - Ah non ? Ma femme et mon fils non plus, Boeuf a grillé comme une sardine sur le feu, il a choisis son destin pour me sauver, moi et ceux du village. Toi, tu as vu ton destin, hein ? (...)
- Pourquoi ? Pourquoi as tu fais ça ? - Parce que je voulais prendre mon destin en main ! Je ne voulais pasmourir, je voulais une autre vie ! Shaman, tu parles ! : Toujours seul, toujours en dehors du village, peut-être pour vous aider à éloigner les morts, ah ça oui ! (...)