Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : poussière (26)(...) Le soir tombe lorsqu'un grondement similaire à celui du tonnerre roulant dans la plaine m'avertit que la Princesse Bleue m'a retrouvé. Ce n'est encore qu'un sombre nuage depoussièredans la steppe, rampant à toute vitesse sur l'horizon rouge sang, tel un monstre cyclope, dont l'oeil serait une étoile projetant une lumière bleutée. (...)
Je reste éveillé, attendant à nouveau, je ne sais quoi. Le lendemain matin, avant l'aube, ils repartent vers l'une des failles, dans le nuage depoussièredans lequel ils sont venus, et je vis toujours, sans savoir pourquoi. Je m'endors, m'éveille, fouille les restes de leurs campement, découvre une gourde d'eau oubliée, puis repart plus tard dans l'après midi. (...)
C----- Vers la fin du troisième jour, le vent souffle plus fort, Il gronde sur la plaine comme un titanesque fauve sur sa proie. Je vois des nuages depoussièrequi tourbillonnent, qui cachent les cieux et plongent la plaine dans les ténèbres, ils sont aspirés par des fleuves d'air invisibles qui filent dans ma direction, passent par-dessus ma tête en hurlant et qui me jettent au sol lorsque leurs souffles m'effleurent. Au loin, mon esprit vide aperçoit un gigantesque nuage depoussièrese soulever au point de rencontre de ces étranges tornades. Un vent brutal balaie ensuite la plaine, me fouette le visage. (...)
Le heaume et le crâne du premier sont pulvérisés, la cotte de maille du second explose dans un étrange carillon métallique, leurs corps sont projetés dans les airs, retombent dans un sifflement suraigu non loin du Héraut. L'onde de choc soulève un nuage depoussièreautour de nous. Je disperse le nuage d'un geste du bras. Le silence tombe sur le campement. (...)
A l'autre bout de mon bras ensanglanté, c'est Jaï, que la force de l'impact traîne dans la terre dans un bruit obscène et un nuage depoussière. Je crois prononcer le mot « non ». Nouvel instant de silence. Il ne dure pas plus que l'ancien. (...)
Je peux sentir mes cheveux se hérisser sur tout mon corps et quand je me retourne, les fauves blanc sont partout, ici et là, sous forme de monceaux de chair calcinée et fumante et parfois même depoussièrenoire. Lewellyn m'adresse un regard hautain. - Tu aurais pu tout avoir ! Tu n'auras rien ! (...)
Nous étions aux frontières de la nation des vents, il me faut bien quatre jours pour retrouver le village inféodé au maître des vents le plus proche, tant et si bien que lorsque j'y arrive, je ne suis plus qu'un mendiant couvert depoussière, la barbe naissante rendue chiche par le manque de nourriture. Je connais l'endroit. Le village de l'OEil Céleste. (...)
Je cours sur le toit, saute à nouveau au milieu des cris, et j'atteins le chemin de ronde lorsque l'un des gardes me décoche une flèche de son arc court, j'esquive le projectile en baissant simplement la tête, plus par réflexe qu'autre chose, oubliant bêtement le pouvoir. Le bond suivant me conduit sur la pente de la colline que je dévale debout dans un nuage depoussière. Le temps d'arriver dans les champs, j'évite encore deux flèches mal ajustée dans l'obscurité. (...)
Sans voir vers où, je tends la main dans la direction du bruit, attrape une patte engoncée dans une chitine bleuâtre et la ramène vers moi brutalement. La chose s'agite dans tous les sens comme un chat pris au piège, et elle glisse dans un nuage depoussièrevers moi, cliquetant de surprise. Je sens ma main droite s'engourdir douloureusement dans un éclair glacé au contact de la carapace. (...)
Je nettoie mes yeux, et j'aperçois l'étendue de la menace : tout l'horizon se soulève, une raz-de-marée depoussièrequi dévale la steppe telle une vague titanesque qui déferle sur l'univers comme un monstre avide. (...)
Je prends une inspiration profonde, me campe sur mes deux pieds et fais face : il n'y a pas réellement de choc mais je suis aveuglé par lapoussière, des mottes de terres et des cailloux tombent comme une pluie drue sur moi, explosant dans un bruit sec. (...)
Je prends quelques plaies, quelques bosses, mes vêtements sont déchirés et ma gourde se brise, mais dans l'ensemble, je suis indemne et j'avance sans répit, petit à petit. L'herbe et le sol ont entièrement disparut sous la terre et lapoussière, moi-même je manque d'être enterré plus d'une fois par lapoussière. Mais le fleuve du pouvoir est là, et je m'y accroche obstinément, sans faillir, et j'apprends que le pouvoir ne me faillit pas tant que ma volonté n'échoue pas elle-même. Mon anima brille presque en permanence, mais il me reste encore des réserves de pouvoir qui se reconstitue lorsque je prends le temps de me reposer. (...)
Dans l'après-midi, je me remets en route après ma dixième chute, les nuées soufflent toujours lorsque le messager ailé réapparaît dans un éclat de lumière qui traverse le nuage depoussièrequ'est devenu l'univers. « Tu es très fort, mais ce n'est pas fini. Pars tant qu'il en est encore temps, tant que je ne me lasse pas. (...)
Je cours pour gagner le plus de distance possible, et j'avance d'un bon kilomètre ainsi lorsque tout à coup, le vent cesse complètement et le silence envahit la plaine comme la mort, seulement rompu par le bruit de mes pas et ma respiration. Je suis si surpris que je m'arrête. Une intuition me fait lever la tête lorsque le nuage depoussières'écarte d'un coup de ma personne, comme s'enfuyant aux quatre coins de la plaine du vent, révélant un désert depoussièrebrun et aride s'étalant à perte de vue. Soudain, les cieux bouchés par les nuages s'écartent à toute vitesse, révélant un ciel bleu immaculé et une explosion de soleil éblouissante, puis l'air explose littéralement. (...)
Une seconde plus tard, je me retrouve loin au-dessus des nuages. Pendant ma chute, j'ai le temps d'observer le troupeau des gigantesques mastodontes depoussièrequi semble tourner lentement au-dessus de la plaine des vents. Au loin, je crois apercevoir la mer tandis qu'audessous de moi, l'impact a balancé des milliers de tonnes depoussièredans les airs. Je tombe, et lorsque j'atterris, creusant un nouveau cratère, je suis sourd comme un pot, ma chemise et ma cape ne sont plus que des souvenirs. (...)
Derrière moi, dans la brume brunâtre, je devine de nouvelles collines et de nouveaux vallons, creusés par les fureurs élémentaires et englouties dans le brouillard. L'air est empli depoussière, de colère et de fureur. A l'affût de l'attaque suivante, j'hésite à m'endormir, le pouvoir me soutient aisément, et je sens que je pourrais marcher encore deux bonnes journées avant de m'effondrer, mais je n'ai pas encore rencontré le Seigneur des Hauts Vents en personne. (...)
Je fonce vers le Trône, certains éclairs me foudroient, le pouvoir réduit leurs impacts à une sensation de brûlure vive et furtive. Je ne m'arrête pas. Je cours au milieu de l'odeur d'ozone étrange qui sature la zone, de lapoussièrebrûlante soulevée et projetée en tout sens par les impacts des éclairs sur les rares troncs d'arbres encore debout. (...)
Là, il n'y a plus de plaine, seulement une suite de collines, de vallées désertiques sur lesquelles planent encore de lourds nuages depoussièrebrune, emmenée par le vent. « Qu'ai-je accomplis là ? » Mes pensées se perdent dans le hurlement des vents et je reviens au présent. (...)
Je regarde autour de moi rapidement, l'air bouge tout près de moi. Je lui expédie un pied accompagné d'un torrent de pouvoir. La puissance du coup soulève toute lapoussièredes lieux. En vain. Puis l'acier vient mordre dans mon ventre et la souffrance explose rageusement. (...)
Nous chevauchons depuis deux semaines, et depuis une dizaine de jour, l'air est à peine respirable, saturé depoussière. Brume est resté muette depuis notre départ. Elle ne croise jamais mon regard, je ne lui parle qu'en cas d'absolue nécessité. (...)
Reste ici, avec moi, Là-bas, c'est le royaume de la mort ! Des larmes coulent sur ses joues maculées depoussière. - J'essaierais quand même. Ma vie et ma mort m'appartiennent. Ce sont les feux qui m'aident à forger mon destin et qui me permettent de dire que je suis un homme libre. (...)
Elle ne veut pas de la liberté, ni de la justice, elle veut juste être protégée. C'est quelque chose que je ne peux pas lui offrir là où je vais. Vers midi, le vent tombe et lapoussièreavec lui. Je franchis les collines grises et du sommet de ces dernières, je perçois une odeur humide portée par les vents venus du fond des mers, là où ils vont et viennent à leur guise, libres du pouvoir du Seigneur des Hauts Vents et portés par leurs seules volontés. (...)