Ciel et Terre
sur Chaodisiaque au format
Le maître du vent. Je m'appelle Ciel Noir. Je ne suis qu'un homme. Le sang qui coule dans mes veines n'est pas celui des dieux, ni celui des dragons, il me permet juste d'animer ce corps, de pousser cette charrue qui creuse son sillon pour m'offrir de quoi me faire vivre, de parler, et parfois, faire naître un sourire sur le visage de ma femme. Ce village est petit, si petit qu'il ne porte pas de nom, à peine une centaine de paysans l'animent, survivant avec moi, leurs âmes revêtues ...Contient : surface (10)(...) Cette terre, vaste, s'étendant à l'infini, presque aussi vide que la paume de ma main, sans presque aucun relief pour nous abriter du vent, craquelée de ces longues et profondes failles où sommeillent des choses inhumaines qui remontent à lasurfaceles nuits de pleine lune et les jours de tempête. D'autres choses moins étranges remontent aussi à lasurfacede la terre : arbres, pommes de terre, salades et légumes, elle nous offre ce qui nous appartient de droit et ce que nous nous devons de partager et de donner pour continuer à vivre. Certains dans ce village ne cultivent pas ces terres, ils y élèvent celles des bêtes qui ne sont pas trop féroces. (...)
Bien entendu, il est trop tard. Je manque de le dépasser car il ne reste rien, ou presque : effacé de lasurfacedu monde, seule la butte de Regard Vif est encore là, amoindrie, l'entrée disloquée et bouchée par un effondrement. (...)
Nous restons un instant silencieux tout les deux. - Que désirez-vous ? Je l'observe un moment. Le désir que j'éprouve pour elle remonte à lasurfacede mon esprit comme un glaçon à lasurfaced'eau dégelée. Elle le perçoit, s'approche de moi doucement, avec la grâce de toutes ces femmes que j'ai aimées, que j'ai pu désirer et qui m'ont échappées... (...)
Mais pas l'obscurité, la lumière émanant de mon aura éclaire un spectacle étrange et sinistre, le corps de dizaines de fauves blancs qui coulent, saignent, ou remontent vers lasurface, laissant échapper des coulées de sang de leur sang blancs ou bleu, étrange. Au loin, j'aperçois un survivant, nageant comme un chien pour s'éloigner d'une aura de lumière d'azur. (...)
Le froid est polaire, je sens mes membres qui s'engourdissent, j'y envoie une coulée de pouvoir, et malgré la température, je remonte vers ce qui ressemble à lasurface. Quand je l'atteints, je suis gelé mais vivant. Je m'accroche à un rocher et m'y hisse. Du coin de l'oeil, j'aperçois la Princesse Bleue sortir de l'eau, puis s'abattre sur le rocher, frigorifiée. (...)
Avec un rire de petite fille animé par la voix d'Aube Grise, elle se défait de moi avec une agilité de chatte, souple et douce comme du lait, légère comme un flocon de neige, elle bascule de mes bras, mon coeur s'emballe lorsqu'elle se balance un instant au-dessus du vide, puis elle me grimpe dessus, sans user de ses mains, s'appuyant avec ses pieds, sur mon coudes, mon menton, mon genoux et finalement se dirige vers lasurface, gloussant toujours. Je m'étrangle presque. - Elle pouvait grimper seule depuis toujours... Le rire cristallin de Brume, qui n'est pas le sien, me répond. (...)
Pendant une fraction de seconde, je manque de me noyer bêtement, j'avale de l'eau par fleuves entiers, et je remonte à lasurface. Je lève les yeux à nouveau vers le Trône d'Orage. Des éclairs courent à lasurfacedu bâtiment, se rassemblent dans le donjon central avant de s'élancer vers le ciel sous la forme d'un long dragon antique de lumière pure. Je le suis du regard et le regrette aussitôt, le dragon disparaît dans les cieux, le monde entier devient étrangement noir et blanc et puis ce n'est plus qu'une grande explosion lumineuse suivie d'un grondement assourdissant. (...)