Histoire de Marin : Prise d'un Convoi Espagnol
Le brouhaha de la salle enfumée de l'auberge du Rat qui Pète fait lentement place au silence le plus complet. Tous les regards se tournent vers le vieil homme, maigre et ratatiné, qui se tient debout au comptoir. Son visage rouge de chaleur est marqué par des années d'une consommation immodérée de rhum. Comme s'il ignorait être au centre de l'attention, le vieil homme sort sa corde de tabac, qu'il mord pour en retirer une chique énorme. « Sang du diable, te fais pas prier, vieux Ben. Tu la racontes ...Contient : pirate (3)(...) Par ma chique, je peux vous dire qu'il a pris cher, le Lefranc, parce qu'il s'y connaît Bichon, pour botter les culs. » Tous les regards se tournent vers lepirate, grand, maigre et aux muscles saillants sous sa chemise sale et déchirée. Il grommelle un bon coup avant de lancer un regard furibond à l'auditoire hilare. (...)
Le temps semble s'être arrêté dans l'auberge du Rat qui Pète, quand quelqu'un s'exclame : « Tu t'endors tavernier, tu vois pas que le bois-sans-soif est à cours d'inspiration. Le diable m'emporte, voudrais-tu par hasard goûter de mon sabre ? ». Pour appuyer ses dires lepiratemet sa jambe de bois sur le tabouret et lève la lame qu'il avait entrepris d'astiquer amoureusement depuis le début de la soirée. (...)
Comme le convoi s'était assez distendu pendant la nuit, le temps qu'il rapplique, nous avons largement le temps de simuler une prise du navirepirateet de hisser les pavillons indiquant notre victoire. Le Pélican, beaucoup plus petit que le Libertad, est attaché en allège à la poupe du Libertad, toutes voiles carguées, pour se présenter comme un navire tout à fait inoffensif. (...)