Introduction
sur Le Terrier
C'était un hiver froid et sec, mordant, qui attaquait le sol et les arbres et ralentissait le cour des rivières. Les deux femmes cheminaient lentement en suivant le vieux sentier de hallage, le long de la Gisten. Le cheval de la première caracolait un peu en tête, le poitrail gonflé de son importance, les yeux à demi-plissés. Sa robe était d'un noir de jais, si on exceptait cette curieuse tâche sous l'œil qui lui avait valu son nom. Komma était un cheval eisenör puissant, immense, taillé pour des ...Contient : femmes (9)Introduction C'était un hiver froid et sec, mordant, qui attaquait le sol et les arbres et ralentissait le cour des rivières. Les deuxfemmescheminaient lentement en suivant le vieux sentier de hallage, le long de la Gisten. Le cheval de la première caracolait un peu en tête, le poitrail gonflé de son importance, les yeux à demi-plissés. (...)
Et seule la solitude accompagnait la marche silencieuse. C'est ainsi que, vers le milieu de l'après-midi du 4 primus 1667, les deuxfemmesentrèrent dans Seigburg, perdues dans des pensées rendues sombres par le paysage, la tête baissée, enfouie dans les poils odorants des fourrures hivernales. (...)
Bien qu'il semblât presque abandonné, le Hafen restait le lieu le plus dynamique de la ville, le seul qui lui donnât un semblant de normalité. Au-delà de l'enceinte, en remontant la rivière, les deuxfemmesatteignirent le coeur de la ville. Le quartier de l'Ewig était jadis le noyau bourgeois de la capitale du Wische. (...)
Maintenant, une population triste et effrayée s'était regroupée ici, investissant les maisons abandonnées qui restaient encore debout, occupant des porches dont on avait fermé les deux extrémités, émergeant à peine de caves enfumées qui subsistaient sous les décombres de demeures incendiées. C'étaient desfemmeset des vieillards essentiellement, trop fatigués, trop las, trop malades pour aller voir ailleurs. (...)
Quelques hommes, anciens soldats infirmes et ravagés par la guerre et l'alcool, se regroupaient pour jouer aux dés ou simplement attendre que le jour passe. Au détour d'une rue, les deuxfemmespurent apercevoir l'ancienne académie militaire du Pfeik, un peu plus haut sur les contreforts de la colline du Rowdy. (...)
Ils se réchauffaient près d'un brasero, graves et sérieux, plus attentifs et professionnels que les deuxfemmesauraient pu penser. Ils surveillaient un groupe d'hommes, de mercenaires qui semblaient eux-aussi monter la garde de l'autre côté du pont, braillards et dangereux. (...)
Quelques fidèles avaient dégagé l'ancienne nef qui béait désormais en plein ciel, ses objets de culte volés, ses travées inondées par la pluie et éclatées par le gel. Les deuxfemmesmarchaient dans un no-man's land qui se repeuplait de fantômes brisés et d'ombres assoupies. Les visages rendus hâves par la faim et le désespoir les fixaient comme on fixe un chien errant, une simple distraction fugace sur laquelle se concentrer un instant avant de retourner au vide. (...)
Ils avaient repéré les armes, le port guerrier, l'assurance des pas des chevaux. Il n'était pas dans leurs attributions d'inquiéter un tel équipage. Les deuxfemmess'engagèrent dans le quartier du Zorn, au sud de la rivière. L'essentiel des combats y avaient eu lieu et les maisons étaient encore plus abîmées que sur l'Ewig. (...)
Il faudrait se montrer vigilant, de jour comme de nuit, lorsqu'il faudrait sortir dans les rues... Enfin les hauts murs de l'auberge du Panzerfaust apparurent, renforcés de barres de métal, percés de portes blindées, les fenêtres fermées par des barreaux épais comme le poignet. Une simple pancarte en bois peint confirmait que les deuxfemmesétaient bien arrivées à destination. C'est ainsi que commençait la campagne de 7th Sea que j'ai fait jouer l'année dernière avec mes deux joueur-se-s habituels. (...)