Natis, la cité pensive
Contient : chats (5)(...) De ce côté, la Passe est écroulée, et la nécropole même, à cet endroit surnommée Mort-Basse, paraît un peu plus désolée qu'ailleurs. On n'y trouve que de vieuxchats, presque chauves et immobiles, qui se font chauffer au sommet de trognons de piliers. Les gens des tribus, Laffides, Banshas, Anaqides, peuplent le Quartier Courbe : ils forment de puissantes familles de négociants, de capitaines et d'armateurs. (...)
On trouve aussi les malheureux qui ont foulé le sol de la nécropole ou touché un Mort : on attrappe la mort très facilement à Tanis, il suffit de quitter les Passes pour être banni du monde des vivants. Les tombes dechatsabondent, et leschatsmorts sont très nombreux dans la nécropole, dès la nuit tombée. Un iconoclaste pourrait prétendre que rien ne différencie un chat de Natis d'un chat de Tanis, qui sont souvent les mêmes - mais les Natiséens comme les Morts de Tanis sont convaincus quechatsmorts etchatsvifs sont soigneusement répartis entre les deux cités. Les murs de Natis sont sévèrement gardés et garnis de plusieurs rangs de lampes et de clochettes sonnant à tout vent (les Morts craignent la lumière et le bruit des cloches), à cause des Goules : c'est le nom qu'on donne aux Morts qui viennent rôder à l'intérieur de Natis, brûlant de mordre, à la nuque et aux chevilles des vivants, le sang et la vie... Cela ne signifie pas que les Natiséens vivent dans la terreur des Taniséens ; d'ordinaire, ils vivent bien séparés, naturellement, mais entretiennent de francs rapports de voisinage. (...)Pour peu qu'il y passe une semaine, le voyageur, même le moins poète, ne tarde pas à sentir d'étranges nostalgies. Natis... Naguère l'orgueilleuse capitale d'un royaume chevauchant en maître Ménuzith, la Coralie et la Corbuzée, Natis n'est plus que l'ombre d'elle-même. Ses fiefs méridionaux ont été balayés comme châteaux de cartes par l'immense Urbis, les royaumes guerriers du Gandusran lui ont brisé les reins, la diplomatie vénéneuse de Zardonica a assoupi son cœur et l'a enchaîné... Les marchands ...