Le Journal de Lycia (Premières chroniques) - Ombre
Alors que nous tentions de calmer avec peine nos montures affolées, quelques-uns des jurons de Random me parvinrent, surmontant le vacarme assourdissant des éboulements rocheux. Tous devaient avoir compris ce qui jaillissait du sol devant nous. Passant la main sur l'encolure de mon cheval, je me tournais vers le Roi, attendant un signe de sa part. Il avait démonté, tout comme Eric et Flora. Leurs regards convergèrent un instant encore sur moi, suspicieux, puis se tournèrent vers Random. Rien ne bougeait ...Contient : frères (4)(...) Sur la pierre, gravé profondément mais sans qu'aucune mousse n'y ait pris naissance, un dessin sinueux parcourait toute la façade. Une épitaphe. 'Mes soeurs, mesfrères, ci-gît votre haï frère. Père, Mère, ici repose votre maudite engeance.' Le tombeau de Brand. (...)
Nous démontâmes, les yeux de la foule toujours rivés sur nous, et approchâmes de l'échafaud. Un cri s'éleva alors, bientôt recouvert par d'autres : ' Ce sont lesfrèresdieux de notre maître !' Avant que nous n'ayons compris la situation, nous étions encerclés et assaillis par une foule d'explications, toutes plus confuses et inaudibles les unes que les autres. (...)
Pendant que Yarick adoptait le ton du maître blanc s'adressant à ses esclaves, je m'interrogeais de mon côté sur la signification de cette méprise. Qu'entendait l'homme par 'lesfrèresdieux de notre maître ?'. Se pouvait-il que Random ait eu raison ? L'un de sesfrèresou soeurs aurait vécu ici et laissé un tel souvenir aux habitants ? Très probable, mais comment alors expliquer qu'ils nous aient reconnus alors que quelques semaines seulement auparavant, tous en Ambre ignoraient mon existence ? (...)