Le Sang de la Révolte : Un Autre Regard sur le Clan
Brujahsur La Cour d'Obéron au format (126 Ko)
Eternels Rebelles ? Reconnaissons-le : les Brujah sont trop souvent dépeints comme un ramassis de brutes totalement dénuées de finesse, toujours prêtes à ruer dans les brancards et à se faire manipuler par le premier Ancien venu. La scission du Clan en trois grandes factions n'arrange pas grand chose, chacune d'elles ayant donné naissance à son propre stéréotype : le gang member pour l'Iconoclaste, l'intellectuel de gauche pour l'Idéaliste et le type solitaire qui ne demande rien à personne ...Contient : camarilla (21)(...) La scission du Clan en trois grandes factions n'arrange pas grand chose, chacune d'elles ayant donné naissance à son propre stéréotype : le gang member pour l'Iconoclaste, l'intellectuel de gauche pour l'Idéaliste et le type solitaire qui ne demande rien à personne pour l'Individualiste... Autre vision caricaturale et réductrice du Brujah : celle de l'opposant systématique, toujours contre et jamais content - une approche qui soulève une question aussi épineuse qu'intéressante, celle de la place du Clan au sein de laCamarilla... En effet, si les Brujah détestent tellement les règles en général et celles de laCamarillaen particulier, pourquoi ont-ils participé à la fondation de cette secte et pourquoi s'obstinent-ils à y demeurer ? Si la différence entre Brujah anarchs et Brujah de laCamarillaest si faible, pourquoi le Clan ne bascule-t-il pas tout entier du côté des Anarchs ? Le Clan et laCamarilla: Pour rendre leur identité et leur crédibilité aux Brujah de laCamarilla, il convient de redéfinir, ou plus exactement de préciser, leur statut au sein de la secte en examinant les choses sous un angle résolument politique. A mon sens, si certains Brujah ont choisi laCamarillaplutôt que le mouvement anarch, c'est justement parce qu'ils diffèrent sensiblement de leurs cousins plus extrémistes, exactement comme les cadres d'un parti d'opposition parlementaire diffèrent fondamentalement des membres d'un mouvement révolutionnaire radical, ce qui ne les empêche pas de partager certaines idées. Si les Brujah anarchs représentent l'opposition totale et radicale à laCamarillaou à toute autre forme de société hiérarchisée, les Brujah de laCamarillaincarnent quant à eux la notion d'opposition constructive, opérant à l'intérieur de la société non pas pour la renverser mais pour la faire progresser... ou, plus prosaïquement, pour en prendre progressivement le contrôle. En tant que force d'opposition interne à laCamarilla, les Brujah contestent évidemment le pouvoir de leurs vieux adversaires les Ventrue, qui tiennent les rênes de la secte. En schématisant les choses, on peut dire que les Brujah se définissent a contrario des Ventrue : alors que les Ventrue sont des aristocrates résolument élitistes, les Brujah se veulent égalitaires et progressistes. Cet axe d'interprétation rend également beaucoup plus parlante l'existence des trois factions du Clan Brujah : les Ventrue, en dignes héritiers d'une oligarchie fondée sur le sang, se définissent d'abord par leur lignage, tandis que les Brujah se définissent par leur adhésion volontaire à certains critères de pensée, d'action et de comportement. Cette notion d'engagement et de libre arbitre constitue d'ailleurs le seul point commun entre Iconoclastes, Idéalistes et Individualistes, ou entre anarchs et Brujah de laCamarilla: tous ont choisi leur camp - ce qui reste une liberté assez rare chez les Vampires. L'Héritage des Anciens : Les deux grandes civilisations où les Brujah sont supposés avoir joué un rôle majeur, Carthage et la Grèce Antique, peuvent également servir de points de repère, surtout pour comprendre la mentalité des Anciens du Clan. (...)
Les Grecs sont les inventeurs du concept de démocratie, notion qui peut donc être attribuée, au moins en partie, aux penseurs du Clan et qui sous-tend à mon avis son positionnement politique à l'intérieur de laCamarilla. Il n'est sans doute pas inutile de rappeler ici que la démocratie telle que la concevaient les Grecs de l'Antiquité obéissait à des critères que nous considèrerions aujourd'hui comme fortement élitistes et inégalitaires : ainsi, les citoyens étaient (censément) libres et égaux, mais la dignité de citoyen ne s'appliquait ni aux femmes, ni aux esclaves, ni aux métèques, ce qui excluait tout de même une partie appréciable de la population. Dans cette interprétation particulière du terme, une vision 'démocratique' de laCamarillan'a donc rien de ridicule ou d'incohérent, cette société incorporant dans sa structure et dans son fonctionnement de nombreuses notions héritées de la Grèce antique : la cité, le respect des lois, les assemblées, le statut, les mentors, les archontes... En pratique, laCamarillas'apparente sans doute davantage à une sorte d'oligarchie féodale fondée sur l'ancienneté et sur les liens du sang : en tant que force d'opposition constructive au sein de la Secte, les Brujah se doivent évidemment de proposer un autre modèle de société, censément plus fidèle aux idéaux de ses fondateurs. On retrouve ici le vieil axe d'opposition Brujah/Ventrue : alors que les Ventrue sont les tenants d'un système aristocratique hérité de l'empire romain et de la féodalité médiévale, les Brujah se posent en partisans d'une société plus égalitaire, où le pouvoir est accordé par le peuple souverain à celui qui se montre suffisamment digne de servir et de défendre ses intérêts. (...)
En premier lieu, la réputation d'impulsivité des membres du Clan ne joue certainement pas en leur faveur, et nombre d'Anciens réfléchiront à deux fois avant d'accorder leur soutien, même tacite, à un Prince susceptible d'entrer dans une rage dévastatrice à la première déconvenue; cet aspect des choses sert évidemment les efforts mis en oeuvre par leurs ennemis Ventrue pour exclure les Brujah des hautes sphères politiques de laCamarilla. Il est toutefois certain que la cause principale provient des Brujah eux-mêmes : forts des leçons du passé et désireux de se démarquer clairement de leurs adversaires politiques, de nombreux Anciens du Clan refusent délibérément de briguer le rôle de Prince, qu'ils jugent par trop despotique, préférant rester dans l'opposition et exercer une fonction de contre-pouvoir. (...)
Bien sûr, la plupart des Princes n'accordent aucune importance à ces considérations théoriques et se comportent en purs despotes, sûrs de leur autorité et forts de leur pouvoir - mais même un despote peut être raisonnablement 'éclairé' et savoir qu'il a tout intérêt à ne pas s'aliéner la totalité de ses sujets, particulièrement les plus influents ou les plus dangereux d'entre eux. Suivant ce principe, les Brujah qui agissent au sein de laCamarillaen tant que force d'opposition organisée considèrent le conseil des Primogènes comme une sorte de parlement et ceux qui la composent comme les tribuns de leurs Clans respectifs. (...)
Le Rôle du Primogène : Si l'on suit cette interprétation, le conseil des Primogènes représente la clé du système politique défendu par les Brujah de laCamarilla, du moins par ceux qui cherchent à agir de façon constructive au sein de la Secte. En théorie, cette assemblée possède le pouvoir et le devoir de faire (ou de défaire) les Princes ; en pratique, elle constitue souvent le seul contrepouvoir capable de s'opposer efficacement à un Prince tyrannique ou de renverser un Prince fantoche. (...)
A tout cela s'ajoute une faille fondamentale, inhérente à la condition des Caïnites : les vampires étant potentiellement immortels, leur société reste inévitablement figée et ne peut bénéficier de l'éternel renouvellement des forces et des esprits indispensable au fonctionnement d'une véritable démocratie. Les Brujah de laCamarillasemblent donc condamnés à lutter pour une cause impossible, une chimère irréalisable car portant en ellemême les germes de sa propre érosion. (...)
Face à tant d'obstacles, d'échecs et de contradictions, on comprend mieux pourquoi tant de Brujah se laissent tenter par une révolte plus radicale et quittent laCamarillapour rejoindre les rangs des Anarchs... Frères Ennemis : Quant aux Brujah du Sabbat, les suppléments officiels en donnent une vision qui semble bien terne, comparée à la plupart des autres antitribus. (...)
Il est à mon avis indispensable de mieux différencier les Brujah du Sabbat de leurs frères ennemis de laCamarillaou même de leurs cousins Anarchs... De quelle façon, par quels biais cette différence peut-elle s'exprimer, en dehors de quelques références culturelles anecdotiques ? Sur le plan politique, tout d'abord : le Sabbat n'est pas laCamarillaet ne fonctionne pas du tout selon les mêmes règles. Il est évident que les Brujah du Sabbat n'ont ni le désir ni le besoin de jouer les 'forces d'opposition constructive' au sein de leur Secte, dans laquelle ils occupent un rôle fondamentalement martial. (...)
Sur un plan plus individuel, la façon de considérer l'héritage de leur sang peut être vue comme diamétralement opposée à celle de leurs frères ennemis de laCamarilla: pour un Brujah antitribu, la difficulté à contrôler sa Bête n'est pas vécue comme une faiblesse, mais au contraire comme un atout, une plus grande facilité à libérer cette rage destructrice qui constitue à ses yeux l'apanage de son Clan, tout particulièrement s'il suit une Voie favorisant les Instincts au détriment de la Maîtrise de Soi. (...)