Le Sang de la Révolte : Un Autre Regard sur le Clan
Brujahsur La Cour d'Obéron au format (126 Ko)
Eternels Rebelles ? Reconnaissons-le : les Brujah sont trop souvent dépeints comme un ramassis de brutes totalement dénuées de finesse, toujours prêtes à ruer dans les brancards et à se faire manipuler par le premier Ancien venu. La scission du Clan en trois grandes factions n'arrange pas grand chose, chacune d'elles ayant donné naissance à son propre stéréotype : le gang member pour l'Iconoclaste, l'intellectuel de gauche pour l'Idéaliste et le type solitaire qui ne demande rien à personne ...Contient : société (7)(...) Si les Brujah anarchs représentent l'opposition totale et radicale à la Camarilla ou à toute autre forme desociétéhiérarchisée, les Brujah de la Camarilla incarnent quant à eux la notion d'opposition constructive, opérant à l'intérieur de lasociéténon pas pour la renverser mais pour la faire progresser... ou, plus prosaïquement, pour en prendre progressivement le contrôle. En tant que force d'opposition interne à la Camarilla, les Brujah contestent évidemment le pouvoir de leurs vieux adversaires les Ventrue, qui tiennent les rênes de la secte. (...)
Dans cette interprétation particulière du terme, une vision 'démocratique' de la Camarilla n'a donc rien de ridicule ou d'incohérent, cettesociétéincorporant dans sa structure et dans son fonctionnement de nombreuses notions héritées de la Grèce antique : la cité, le respect des lois, les assemblées, le statut, les mentors, les archontes... En pratique, la Camarilla s'apparente sans doute davantage à une sorte d'oligarchie féodale fondée sur l'ancienneté et sur les liens du sang : en tant que force d'opposition constructive au sein de la Secte, les Brujah se doivent évidemment de proposer un autre modèle desociété, censément plus fidèle aux idéaux de ses fondateurs. On retrouve ici le vieil axe d'opposition Brujah/Ventrue : alors que les Ventrue sont les tenants d'un système aristocratique hérité de l'empire romain et de la féodalité médiévale, les Brujah se posent en partisans d'unesociétéplus égalitaire, où le pouvoir est accordé par le peuple souverain à celui qui se montre suffisamment digne de servir et de défendre ses intérêts. L'influence de ce 'modèle grec' ne se limite pas à la seule sphère politique et peut également se retrouver sur un plan plus individuel. (...)
A tout cela s'ajoute une faille fondamentale, inhérente à la condition des Caïnites : les vampires étant potentiellement immortels, leursociétéreste inévitablement figée et ne peut bénéficier de l'éternel renouvellement des forces et des esprits indispensable au fonctionnement d'une véritable démocratie. (...)
Si ce second aspect est largement représenté dans le background du jeu, le premier reste beaucoup plus discret, sans doute parce qu'il est très difficile d'établir une vision précise et évocatrice de cette civilisation disparue, que ses ennemis romains se plurent à représenter comme une culture décadente et arrogante, effrayante de démesure et de cruauté... L'Histoire est toujours écrite par les vainqueurs et, dans le cas de Carthage, la défaite a ouvert les portes de l'oubli... On peut aussi supposer que la vision typiquement romaine d'une Carthage ténébreuse, avec ses orgies de sang et ses idoles terrifiantes, constitue un souvenir raisonnablement véridique d'un autre modèle desociétéBrujah, bien différent de l'idéal helléniste. A partir de là, rien n'interdit de penser que ces deux modèles, le Grec et le Carthaginois, correspondent en fait à deux courants bien distincts au sein du Clan, deux courants sans doute aussi vieux que la Seconde Cité et dont la scission pourrait bien remonter aux plus proches descendants de Troile... Ces deux courants auraient trouvé leur parfaite réalisation dans deux civilisations aux valeurs si différentes : le courant helléniste aurait perduré, devenant finalement la tendance majoritaire du Clan, tandis que le courant phénicien, foudroyé par la Chute de Carthage, aurait disparu dans les brumes de l'Histoire et ne serait plus représenté que par quelques terrifiants Methuselah, étrangers à toute Secte et attendant l'heure de rebâtir leur empire foudroyé, après avoir anéanti leurs ennemis mortels les Ventrue et châtié les traîtres ayant osé pactiser avec les destructeurs de Carthage. (...)