Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : cours (9)(...) Otto Lidenbrock n'était pas un méchant homme, j'en conviens volontiers ; mais, à moins de changements improbables, il mourra dans la peau d'un terrible original. Il était professeur au Johannaeum, et faisait uncoursde minéralogie pendant lequel il se mettait régulièrement en colère une fois ou deux. Non point qu'il se préoccupât d'avoir des élèves assidus à ses leçons, ni du degré d'attention qu'ils lui accordaient, ni du succès qu'ils pouvaient obtenir par la suite ; ces détails ne l'inquiétaient guère. (...)
Donc, dans la ville, on connaissait cette pardonnable infirmité de mon oncle, et on en abusait, et on l'attendait aux passages dangereux, et il se mettait en fureur, et l'on riait, ce qui n'est pas de bon goût, même pour des Allemands. Et s'il y avait toujours grande affluence d'auditeurs auxcoursde Lidenbrock, combien les suivaient assidûment qui venaient surtout pour se dérider aux belles colères du professeur ! (...)
» Ma foi, faute de réplique, j'allais me prosterner, genre de réponse qui doit plaire aux dieux comme aux rois, car elle a l'avantage de ne jamais les embarrasser, quand un incident vint détourner lecoursde la conversation. Ce fut l'apparition d'un parchemin crasseux qui glissa du bouquin et tomba à terre. (...)
La lanterne, placée extérieurement, éclaire très suffisamment dans les profondes obscurités ; elle permet de s'aventurer, sans craindre aucune explosion, au milieu des gaz les plus inflammables, et ne s'éteint pas même au sein des plus profondscoursd'eau. M. Ruhmkorff est un savant et habile physicien. Sa grande découverte, c'est sa bobine d'induction qui permet de produire de l'électricité à haute tension. (...)
On se brûlait les mains sans y parvenir ; la pression était trop considérable, et nos efforts demeurèrent infructueux. « Il est évident, dis-je, que les nappes supérieures de cecoursd'eau sont situées à une grande hauteur, à en juger par la force du jet. - Cela n'est pas douteux, répliqua mon oncle, il y a là mille atmosphères de pression, si cette colonne d'eau a trente-deux mille pieds de hauteur. (...)
Il va sans dire que, dans cette faille, le Hans-bach s'était fait cascade au détriment de son volume ; mais il suffisait et au delà à étancher notre soif ; d'ailleurs, avec les déclivités moins accusées, il ne pouvait manquer de reprendre soncourspaisible. En ce moment il me rappelait mon digne oncle, ses impatiences et ses colères, tandis que, par les pentes adoucies, c'était le calme du chasseur islandais. (...)
« D'ailleurs, pensai-je, j'ai un moyen sûr de ne pas m'égarer, un fil pour me guider dans ce labyrinthe, et qui ne saurait casser, mon fidèle ruisseau. Je n'ai qu'à remonter soncours, et je retrouverai forcément les traces de mes compagnons. » Ce raisonnement me ranima, et je résolus de me remettre en marche sans perdre un instant. (...)
Machinalement je promenai mes mains brûlantes sur le sol. Que ce roc me sembla desséché ! Mais comment avais-je abandonné lecoursdu ruisseau ? Car, enfin, il n'était plus là ! Je compris alors la raison de ce silence étrange, quand j'écoutai pour la dernière fois si quelque appel de mes compagnons ne parviendrait pas à mon oreille. (...)
Comment n'y avais-je pas songé plus tôt ! Il y avait évidemment là une chance de salut. Le plus pressé était donc de retrouver lecoursdu Hans-bach. Je me levai et, m'appuyant sur mon bâton ferré, je remontai la galerie. La pente en était assez raide. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...