Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : main (61)(...) Le professeur prit alors le livre et le parchemin, et les compara tous les deux. « Ces deux écritures ne sont pas de la mêmemain, dit-il ; le cryptogramme est postérieur au livre, et j'en vois tout d'abord une preuve irréfragable. (...)
Puis, l'instant de la récréation venue, nous sortions tous les deux, nous prenions par les allées touffues de l'Alster, et nous nous rendions de compagnie au vieux moulin goudronné qui fait si bon effet à l'extrémité du lac ; chemin faisant, on causait en se tenant par lamain. Je lui racontais des choses dont elle riait de son mieux. On arrivait ainsi jusqu'au bord de l'Elbe, et, après avoir dit bonsoir aux cygnes qui nagent parmi les grands nénuphars blancs, nous revenions au quai par la barque à vapeur. (...)
» Il y avait un reste de feu dans la cheminée. Je saisis non seulement la feuille de papier, mais le parchemin de Saknussem ; d'unemainfébrile j'allais précipiter le tout sur les charbons et anéantir ce dangereux secret, quand la porte du cabinet s'ouvrit. (...)
Sa pensée dominante ne lui laissait pas un instant de répit ; il avait évidemment scruté, analysé l'affaire, mis en oeuvre toutes les ressources de son imagination pendant sa promenade, et il revenait appliquer quelque combinaison nouvelle. En effet, il s'assit dans son fauteuil, et, la plume à lamain, il commença à établir des formules qui ressemblaient à un calcul algébrique. Je suivais du regard samainfrémissante ; je ne perdais pas un seul de ses mouvements. Quelque résultat inespéré allait-il donc inopinément se produire ? (...)
Quand je me réveillai, le lendemain, l'infatigable piocheur était encore au travail. Ses yeux rouges, son teint blafard, ses cheveux entremêlés sous samainfiévreuse, ses pommettes empourprées indiquaient assez sa lutte terrible avec l'impossible, et, dans quelles fatigues de l'esprit, dans quelle contention du cerveau, les heures durent s'écouler pour lui. (...)
Il secoua la sienne avec une sorte de pitié, comme s'il avait affaire à un fou. Je fis un geste plus affirmatif. Ses yeux brillèrent d'un vif éclat ; samaindevint menaçante. Cette conversation muette dans ces circonstances eût intéressé le spectateur le plus indifférent. (...)
Il composa une boule métallique faite principalement des métaux dont je viens de parler, et qui figurait parfaitement notre globe ; lorsqu'on faisait tomber une fine rosée à sa surface, celle-ci se boursouflait, s'oxydait et formait une petite montagne ; un cratère s'ouvrait à son sommet ; l'éruption avait lieu et communiquait à toute la boule une chaleur telle qu'il devenait impossible de la tenir à lamain. » Vraiment, je commençais à être ébranlé par les arguments du professeur ; il les faisait valoir d'ailleurs avec sa passion et son enthousiasme habituels. (...)
» Mais, en me regardant, Graüben ne put se méprendre à mon air inquiet, bouleversé. « Qu'as-tu donc ? dit-elle en me tendant lamain. - Ce que j'ai, Graüben ! » m'écriai-je. En deux secondes et en trois phrases ma jolie Virlandaise était au courant de la situation. (...)
Pendant quelques instants elle garda le silence. Son coeur palpitait-il à l'égal du mien ? Je l'ignore, mais samainne tremblait pas dans la mienne. Nous fîmes une centaine de pas sans parler. « Axel ! me dit-elle enfin. (...)
« Graüben, repris-je, nous verrons si demain tu parleras de cette manière. - Demain, cher Axel, je parlerai comme aujourd'hui. » Graüben et moi, nous tenant par lamain, mais gardant un profond silence, nous continuâmes notre chemin, j'étais brisé par les émotions de la journée. (...)
Pendant la nuit mes terreurs me reprirent. Je la passai à rêver de gouffres ! J'étais en proie au délire. Je me sentais étreint par lamainvigoureuse du professeur, entraîné, abîmé, enlisé ! Je tombais au fond d'insondables précipices avec cette vitesse croissante des corps abandonnés dans l'espace. (...)
Pietursson, le coadjuteur de l'évêque, et M. Finsen, maire de Reykjawik. En retour, mon oncle lui octroya les plus chaleureuses poignées demain. Le 2, à six heures du matin, nos précieux bagages étaient rendus à bord de la Valkyrie. Le capitaine nous conduisit à des cabines assez étroites et disposées sous une espèce de rouffle. (...)
Nous pensons que des livres, au lieu de moisir derrière une grille de fer, loin des regards curieux, sont destinés à s'user sous les yeux des lecteurs. Aussi ces volumes passent-ils demainenmain, feuilletés, lus et relus, et souvent ils ne reviennent à leur rayon qu'après un an ou deux d'absence. - En attendant, répondit mon oncle avec un certain dépit, les étrangers... - Que voulez-vous ! (...)
- Parce que Arne Saknussemm fut persécuté pour cause d'hérésie, et qu'en 1573 ses ouvrages furent brûlés à Copenhague par lamaindu bourreau. - Très bien ! Parfait ! s'écria mon oncle, au grand scandale du professeur de sciences naturelles. (...)
C'était la maison d'un paysan, mais, en fait d'hospitalité, elle valait celle d'un roi. A notre arrivée, le maître vint nous tendre lamain, et, sans plus de cérémonie, il nous fit signe de le suivre. Le suivre, en effet, car l'accompagner eût été impossible. (...)
Sa femme, après lui, prononça les mêmes paroles, accompagnées du même cérémonial ; puis les deux époux, plaçant lamaindroite sur leur coeur, s'inclinèrent profondément. Je me hâte de dire que l'Islandaise était mère de dix-neuf enfants, tous, grands et petits, grouillant pêle-mêle au milieu des volutes de fumée dont le foyer remplissait la chambre. (...)
Le désert se faisait de plus en plus profond ; quelquefois, cependant, une ombre humaine semblait fuir au loin ; si les détours de la route nous rapprochaient inopinément de l'un de ces spectres, j'éprouvais un dégoût soudain à la vue d'une tête gonflée, à peau luisante, dépourvue de cheveux, et de plaies repoussantes que trahissaient les déchirures de misérables haillons. La malheureuse créature ne venait pas tendre samaindéformée ; elle se sauvait, au contraire, mais pas si vite que Hans ne l'eût saluée du « saellvertu » habituel. (...)
En arrivant à la porte de la maison du recteur, simple cabane basse, ni plus belle, ni plus confortable que ses voisines, je vis un homme en train de ferrer un cheval, le marteau à lamain, et le tablier de cuir aux reins. « Saelvertu, lui dit le chasseur. - God dag, répondit le maréchal-ferrant en parfait danois. (...)
Mais je fus ramené au sentiment de la réalité par l'arrivée du professeur et de Hans, qui me rejoignirent au sommet du pic. Mon oncle, se tournant vers l'ouest, m'indiqua de lamainune légère vapeur, une brume, une apparence de terre qui dominait la ligne des flots. « Le Groënland, dit-il. (...)
Je sentis le centre de gravité se déplacer en moi et le vertige monter à ma tête comme une ivresse. Rien de plus capiteux que cette attraction de l'abîme. J'allais tomber. Unemainme retint. Celle de Hans. Décidément, je n'avais pas pris assez de « leçons de gouffre » à la Frelsers-Kirk de Copenhague. (...)
Il déroula une corde de la grosseur du pouce et longue de quatre cents pieds ; il en laissa filer d'abord la moitié, puis il l'enroula autour d'un bloc de lave qui faisait saillie et rejeta l'autre moitié dans la cheminée. Chacun de nous pouvait alors descendre en réunissant dans samainles deux moitiés de la corde qui ne pouvait se défiler ; une fois descendus de deux cents pieds, rien ne nous serait plus aisé que de la ramener en lâchant un bout et en halant sur l'autre. (...)
Elle se fit dans un profond silence, troublé seulement par la chute des débris de roc qui se précipitaient dans l'abîme. Je me laissai couler, pour ainsi dire, serrant frénétiquement la double corde d'unemain, de l'autre m'arc-boutant au moyen de mon bâton ferré. Une idée unique me dominait : je craignais que le point d'appui ne vint à manquer. (...)
Je m'en servais le moins possible, opérant des miracles d'équilibre sur les saillies de lave que mon pied cherchait à saisir comme unemain. Lorsqu'une de ces marches glissantes venait à s'ébranler sous le pas de Hans, il disait de sa voix tranquille : « Gif akt ! (...)
« Maintenant, Axel, s'écria le professeur d'une voix enthousiaste, nous allons nous enfoncer véritablement dans les entrailles du globe. Voici donc le moment précis auquel notre voyage commence. » Cela dit, mon oncle prit d'unemainl'appareil de Ruhmkorff suspendu à son cou ; de l'autre, il mit en communication le courant électrique avec le serpentin de la lanterne, et une assez vive lumière dissipa les ténèbres de la galerie. (...)
Le marbre, le schiste, le calcaire, les grès des murailles, faisaient place à un revêtement sombre et sans éclat. A un moment où le tunnel devenait fort étroit, je m'appuyai sur sa paroi. Quand je retirai mamain, elle était entièrement noire. Je regardai de plus près. Nous étions en pleine houillère. « Une mine de charbon ! (...)
- Moi, je sais, répliqua le professeur d'un ton bref, et je suis certain que cette galerie percée à travers ces couches de houille n'a pas été faite de lamaindes hommes. Mais que ce soit ou non l'ouvrage de la nature, cela m'importe peu. L'heure du souper est venue. (...)
Le samedi, à six heures, on repartit. Vingt minutes plus tard, nous arrivions à une vaste excavation ; je reconnus alors que lamainde l'homme ne pouvait pas avoir creusé cette houillère ; les voûtes en eussent été étançonnées, et véritablement elles ne se tenaient que par un miracle d'équilibre. (...)
Heureusement nous étions éclairés par les ingénieux appareils de Ruhmkorff. Si, par malheur, nous avions imprudemment exploré cette galerie la torche à lamain, une explosion terrible eût fini le voyage en supprimant les voyageurs. Cette excursion dans la houillère dura jusqu'au soir. (...)
Au besoin, nous l'aurions contraint à regagner les hauteurs du Sneffels ! Je m'approchai de Hans. Je mis mamainsur la sienne. Il ne bougea pas. Je lui montrai la route du cratère. Il demeura immobile. Ma figure haletante disait toutes mes souffrances. (...)
L'obscurité se faisait dans le tunnel. Je regardai plus attentivement, et il me sembla voir l'Islandais qui disparaissait, la lampe à lamain. Pourquoi ce départ ? Hans nous abandonnait-il ? Mon oncle dormait. Je voulus crier. Ma voix ne put trouver passage entre mes lèvres desséchées. (...)
La lumière incertaine commençait à glisser sur les parois, puis elle déboucha par l'orifice du couloir. Hans parut. Il s'approcha de mon oncle, lui mit lamainsur l'épaule et l'éveilla doucement. Mon oncle se leva. « Qu'est-ce donc ? fit-il. - Vatten », répondit le chasseur. (...)
Le torrent, après s'être longtemps soutenu au-dessus de notre tête, courait maintenant dans la paroi de gauche, mugissant et bondissant. Je passais fréquemment mamainsur le roc, espérant y trouver des traces de suintement ou d'humidité. Mais en vain. Une demi-heure s'écoula encore. (...)
Hans se mit à ce travail, que ni mon oncle ni moi nous n'eussions accompli. L'impatience emportant notremain, la roche eût volé en éclats sous ses coups précipités. Le guide, au contraire, calme et modéré, usa peu à peu le rocher par une série de petits coups répétés, creusant une ouverture large d'un demipied. (...)
Le ruisseau courait sans précipitation en murmurant sous nos pieds. Je le comparais à quelque génie familier qui nous guidait à travers la terre, et de lamainje caressais la tiède naïade dont les chants accompagnaient nos pas. Ma bonne humeur prenait volontiers une tournure mythologique. (...)
Si elle servit autrefois de passage aux matières éruptives vomies par le Sneffels, je ne m'expliquais pas comment celles-ci n'y laissèrent aucune trace. Nous descendions une sorte de vis tournante qu'on eût cru faite de lamaindes hommes. De quart d'heure en quart d'heure, il fallait s'arrêter pour prendre un repos nécessaire et rendre à nos jarrets leur élasticité. (...)
XXIX Lorsque je revins à moi, j'étais dans une demi-obscurité, étendu sur d'épaisses couvertures. Mon oncle veillait, épiant sur mon visage un reste d'existence. A mon premier soupir il me prit lamain; à mon premier regard il poussa un cri de joie. « Il vit ! il vit ! s'écria-t-il. - Oui, répondis-je d'une voix faible. (...)
Mais il fallait de telles épreuves pour provoquer chez le professeur un pareil épanchement. En ce moment Hans arriva. Il vit mamaindans celle de mon oncle ; j'ose affirmer que ses yeux exprimèrent un vif contentement. « God dag, dit-il. (...)
Plus haut, le Protopithèque, le premier singe apparu à la surface du globe, gravit les cimes ardues. Plus haut encore, le Ptérodactyle, à lamainailée, glisse comme une large chauvesouris sur l'air comprimé. Enfin, dans les dernières couches, des oiseaux immenses, plus puissants que le casoar, plus grands que l'autruche, déploient leurs vastes ailes et vont donner de la tête contre la paroi de la voûte granitique. (...)
Mon corps se subtilise, se sublime à son tour et se mélange comme un atome impondérable à ces immenses vapeurs qui tracent dans l'infini leur orbite enflammée ! Quel rêve ! Où m'emporte-t-il ? Mamainfiévreuse en jette sur le papier les étranges détails. J'ai tout oublié, et le professeur, et le guide, et le radeau ! (...)
« Prends garde, Axel, tu vas tomber à la mer ! » En même temps, je me sens saisir vigoureusement par lamainde Hans. Sans lui, sous l'empire de mon rêve, je me précipitais dans les flots. « Est-ce qu'il devient fou ? (...)
Il est d'une humeur massacrante, à voir l'océan se prolonger indéfiniment devant ses yeux. Il hausse les épaules à mes paroles. « Nous aurons de l'orage, dis-je en étendant lamainvers l'horizon, ces nuages s'abaissent sur la mer comme pour l'écraser ! » Silence général. Le vent se tait. (...)
A mon arrivée sur le rivage, j'aperçus Hans au milieu d'une foule d'objets rangés avec ordre. Mon oncle lui serra lamainavec un vif sentiment de reconnaissance. Cet homme, d'un dévouement surhumain dont on ne trouverait peut-être pas d'autre exemple, avait travaillé pendant que nous dormions et sauvé les objets les plus précieux au péril de sa vie. (...)
Il fallait marcher en avant. J'allais donc prendre sur le radeau ma place accoutumée, quand mon oncle m'arrêta de lamain. « Nous ne partirons que demain », dit-il. Je fis le geste d'un homme résigné à tout. « Je ne dois rien négliger, reprit-il, et puisque la fatalité m'a poussé sur cette partie de la côte, je ne la quitterai pas sans l'avoir reconnue. (...)
Sans doute, à l'époque quaternaire, des troubles considérables se manifestaient encore dans l'écorce terrestre ; le refroidissement continu du globe produisait des cassures, des fentes, des failles, où dévalait vraisemblablement une partie du terrain supérieur. Je ne me prononce pas, mais enfin l'homme est là, entouré des ouvrages de samain, de ces haches, de ces silex taillés qui ont constitué l'âge de pierre, et à moins qu'il n'y soit venu comme moi en touriste, en pionnier de la science, je ne puis mettre en doute l'authenticité de son antique origine. (...)
C'était à confondre la raison des classificateurs les plus ingénieux de la botanique terrestre. Soudain je m'arrêtai. De lamain, je retins mon oncle. La lumière diffuse permettait d'apercevoir les moindres objets dans la profondeur des taillis. (...)
On eût dit une véritable crinière, semblable à celle de l'éléphant des premiers âges. Il brandissait de lamainune branche énorme, digne houlette de ce berger antédiluvien. Nous étions restés immobiles, stupéfaits. (...)
- Et cet homme ? - Cet homme a gravé son nom avec ce poignard ! Cet homme a voulu encore une fois marquer de samainla route du centre ! Cherchons, cherchons ! » Et, prodigieusement intéressés, nous voilà longeant la haute muraille, interrogeant les moindres fissures qui pouvaient se changer en galerie. (...)
Ton nom gravé d'étapes en étapes conduit droit à son but le voyageur assez audacieux pour te suivre, et, au centre même de notre planète, il se trouvera encore inscrit de ta propremain. Eh bien ! moi aussi, j'irai signer de mon nom cette dernière page de granit ! Mais que, dès maintenant, ce cap vu par toi près de cette mer découverte par toi, soit à jamais appelé le cap Saknussemm ! (...)
Voyez, il y a des fissures récentes qui sillonnent ce plafond de granit ; il est fait de morceaux rapportés, de pierres énormes, comme si lamainde quelque géant eût travaillé à cette substruction ; mais, un jour, la poussée a été plus forte, et ce bloc, semblable à une clef de voûte qui manque, a glissé jusqu'au sol en obstruant tout passage. (...)
J'ouvris ma lanterne, et je saisis l'extrémité de la mèche. Le professeur tenait son chronomètre à lamain. « Es-tu prêt ? me cria-t-il. - Je suis prêt. - Eh bien ! feu, mon garçon ! » Je plongeai rapidement dans la flamme la mèche, qui pétilla à son contact, et, tout en courant, je revins au rivage. (...)
En cherchant à mettre un peu d'ordre dans la cargaison, je vis que la plus grande partie des objets embarqués avaient disparu au moment de l'explosion, lorsque la mer nous assaillit si violemment ! Je voulus savoir exactement à quoi m'en tenir sur nos ressources, et, la lanterne à lamain, je commençai mes recherches. De nos instruments, il ne restait plus que la boussole et le chronomètre. (...)
Je crois véritablement que nous ne glissions plus. Nous tombions. J'avais en moi l'impression d'une chute presque verticale. Lamainde mon oncle et celle de Hans, cramponnées à mes bras, me retenaient avec vigueur. Tout à coup, après un temps inappréciable, je ressentis comme un choc ; le radeau n'avait pas heurté un corps dur, mais il s'était subitement arrêté dans sa chute. (...)
m'écriai-je. - Oui, nous montons ! nous montons ! » J'étendis le bras ; je touchai la muraille ; mamainfut mise en sang. Nous remontions avec une extrême rapidité. « La torche ! la torche ! » s'écria le professeur. (...)
La maison de Königstrasse, ma pauvre Graüben, la bonne Marthe, passèrent comme des visions devant mes yeux, et, dans les grondements lugubres qui couraient à travers le massif, je croyais surprendre le bruit des cités de la terre. Pour mon oncle, « toujours à son affaire », la torche à lamain, il examinait avec attention la nature des terrains ; il cherchait à reconnaître sa situation par l'observation des couches superposées. (...)
Nous sommes encore à l'époque primitive ; mais nous montons ! nous montons ! Qui sait ? » Qui sait ? Il espérait toujours. De samainil tâtait la paroi verticale, et, quelques instants plus tard, il reprenait ainsi : « Voilà les gneiss ! (...)
- Cependant, dis-je en tâtant la paroi, cette muraille est brûlante ! » Au moment où je prononçai ces paroles, mamainayant effleuré l'eau, je dus la retirer au plus vite. « L'eau est brûlante ! » m'écriai-je. Le professeur, cette fois, ne répondit que par un geste de colère. (...)
Une dernière fois, la figure de Hans m'apparut dans un reflet d'incendie, et je n'eus plus d'autre sentiment que cette épouvante sinistre des condamnés attachés à la bouche d'un canon, au moment où le coup part et disperse leurs membres dans les airs. XLIV Quand je rouvris les yeux, je me sentis serré à la ceinture par lamainvigoureuse du guide. De l'autremainil soutenait mon oncle. Je n'étais pas blessé grièvement, mais brisé plutôt par une courbature générale. Je me vis couché sur le versant d'une montagne, à deux pas d'un gouffre dans lequel le moindre mouvement m'eût précipité. (...)
Une heure après avoir quitté le bois d'oliviers, nous arrivions au port de San-Vicenzo, où Hans réclamait le prix de sa treizième semaine de service, qui lui fut compté avec de chaleureuses poignées demain. En cet instant, s'il ne partagea pas notre émotion bien naturelle, il se laissa aller du moins à un mouvement d'expansion extraordinaire. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...