Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : nuages (18)(...) J'aperçus les maisons aplaties et comme écrasées par une chute, au milieu du brouillard des fumées. Audessus de ma tête passaient desnuageséchevelés, et, par un renversement d'optique, ils me paraissaient immobiles, tandis que le clocher, la boule, moi, nous étions entraînés avec une fantastique vitesse. (...)
Les sommets rugueux des masses trachytiques s'estompaient à l'horizon dans les brumes de l'est ; par moments quelques plaques de neige, concentrant la lumière diffuse, resplendissaient sur le versant des cimes éloignées ; certains pics, plus hardiment dressés, trouaient lesnuagesgris et réapparaissaient au-dessus des vapeurs mouvantes, semblables à des écueils émergés en plein ciel. (...)
Pas un animal, sinon quelques chevaux, de ceux que leur maître ne pouvait nourrir, et qui erraient sur les mornes plaines. Parfois un faucon planait dans lesnuagesgris et s'enfuyait à tire-d'aile vers les contrées du sud ; je me laissais aller à la mélancolie de cette nature sauvage, et mes souvenirs me ramenaient à mon pays natal. (...)
Notre direction était alors à l'ouest ; nous avions en effet tourné la grande baie de Faxa, et la double cime blanche du Sneffels se dressait dans lesnuagesà moins de cinq milles. Les chevaux marchaient bien ; les difficultés du sol ne les arrêtaient pas ; pour mon compte, je commençais à devenir très fatigué ; mon oncle demeurait ferme et droit comme au premier jour ; je ne pouvais m'empêcher de l'admirer à l'égal du chasseur, qui regardait cette expédition comme une simple promenade. (...)
C'était comme une aurore boréale, un phénomène cosmique continu, qui remplissait cette caverne capable de contenir un océan. La voûte suspendue au-dessus de ma tête, le ciel, si l'on veut, semblait fait de grandsnuages, vapeurs mobiles et changeantes, qui, par l'effet de la condensation, devaient, à de certains jours, se résoudre en pluies torrentielles. (...)
Mais alors « il faisait beau ». Les nappes électriques produisaient d'étonnants jeux de lumière sur lesnuagestrès élevés ; des ombres vives se dessinaient à leurs volutes inférieures, et souvent, entre deux couches disjointes, un rayon se glissait jusqu'à nous avec une remarquable intensité. (...)
L'effet en était triste et souverainement mélancolique. Au lieu d'un firmament brillant d'étoiles, je sentais par-dessus cesnuagesune voûte de granit qui m'écrasait de tout son poids, et cet espace n'eût pas suffi, tout immense qu'il fût, à la promenade du moins ambitieux des satellites. (...)
Les deux bras du rivage s'ouvraient largement comme pour faciliter notre départ. Devant mes yeux s'étendait une mer immense. De grandsnuagespromenaient rapidement à sa surface leur ombre grisâtre, qui semblait peser sur cette eau morne. (...)
La côte reste à trente lieues sous le vent. Rien à l'horizon. L'intensité de la lumière ne varie pas. Beau temps, c'est-à-dire que lesnuagessont fort élevés, peu épais et baignés dans une atmosphère blanche, comme serait de l'argent en fusion. (...)
» A ces paroles, je me lève, je consulte l'horizon ; mais la ligne d'eau se confond toujours avec la ligne desnuages. XXXIII Samedi 15 août. - La mer conserve sa monotone uniformité. Nulle terre n'est en vue. L'horizon paraît excessivement reculé. (...)
Je porte mes regards vers les vapeurs suspendues dans l'atmosphère, et je cherche à sonder leur profondeur. Le ciel est tranquille. Lesnuages, emportés au plus haut de la voûte, semblent immobiles et se perdent dans l'intense irradiation de la lumière. (...)
De sourdes détonations éclatent par instants, et l'énorme jet, pris de colères plus violentes, secoue son panache de vapeurs en bondissant jusqu'à la première couche denuages. Il est seul. Ni fumerolles, ni sources chaudes ne l'entourent, et toute la puissance volcanique se résume en lui. (...)
L'atmosphère se charge de vapeurs, qui emportent avec elles l'électricité formée par l'évaporation des eaux salines, lesnuagess'abaissent sensiblement et prennent une teinte uniformément olivâtre ; les rayons électriques peuvent à peine percer cet opaque rideau baissé sur le théâtre où va se jouer le drame des tempêtes. (...)
Les « cumulus11 » entassés dans le sud présentent un aspect sinistre ; ils ont cette apparence « impitoyable » que j'ai souvent remarquée au début des orages. L'air est lourd, la mer est calme. Au loin lesnuagesressemblent à de grosses balles de coton amoncelées dans un pittoresque désordre ; peu à peu ils se gonflent et perdent en nombre ce qu'ils gagnent en grandeur ; leur pesanteur est telle qu'ils ne peuvent se détacher de l'horizon ; mais, au souffle des courants élevés, ils se fondent peu à peu, s'assombrissent et présentent bientôt une couche unique d'un aspect redoutable ; parfois une pelote de vapeurs, encore éclairée, rebondit sur ce tapis grisâtre et va se perdre bientôt dans la masse opaque. (...)
Il me semble que, si mes compagnons me touchaient en ce moment, ils recevraient une commotion violente. 11Nuagesde formes arrondies. A dix heures du matin, les symptômes de l'orage sont plus décisifs ; on dirait que le vent mollit pour mieux reprendre haleine ; la nue ressemble à une outre immense dans laquelle s'accumulent les ouragans. (...)
Il hausse les épaules à mes paroles. « Nous aurons de l'orage, dis-je en étendant la main vers l'horizon, cesnuagess'abaissent sur la mer comme pour l'écraser ! » Silence général. Le vent se tait. La nature a l'air d'une morte et ne respire plus. (...)
Le bruit général ne paraît pas s'en accroître ; il a dépassé la limite d'intensité que peut percevoir l'oreille humaine, et, quand toutes les poudrières du monde viendraient à sauter ensemble, « nous ne saurions en entendre davantage ». Il y a émission continue de lumière à la surface desnuages; la matière électrique se dégage incessamment de leurs molécules ; évidemment les principes gazeux de l'air sont altérés ; des colonnes d'eau innombrables s'élancent dans l'atmosphère et retombent en écumant. (...)
Peut-être même cette eau, ayant eu à lutter contre des feux souterrains, s'était vaporisée en partie. De là l'explication desnuagessuspendus sur notre tête et le dégagement de cette électricité qui créait des tempêtes à l'intérieur du massif terrestre. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...