Voyage au Centre de la Terre
sur Les Ludopathes
Contient : plantes (14)(...) répondis-je en lui montrant la succession variée des grès, des calcaires et les premiers indices des terrains ardoisés. - Eh bien ? - Nous voici arrivés à cette période pendant laquelle ont apparu les premièresplanteset les premiers animaux ! - Ah ! tu penses ? - Mais regardez, examinez, observez ! » Je forçai le professeur à promener sa lampe sur les parois de la galerie. (...)
Cela devait être, car, à l'époque silurienne, les mers renfermaient plus de quinze cents espèces végétales ou animales. Mes pieds, habitués au sol dur des laves, foulèrent tout à coup une poussière faite de débris deplanteset de coquille. Sur les parois se voyaient distinctement des empreintes de fucus et de lycopodes ; le professeur Lidenbrock ne pouvait s'y tromper ; mais il fermait les yeux, j'imagine, et continuait son chemin d'un pas invariable. (...)
En dépit des théories du professeur Lidenbrock, un feu violent couvait dans les entrailles du sphéroïde ; son action se faisait sentir jusqu'aux dernières couches de l'écorce terrestre ; lesplantes, privées des bienfaisantes effluves du soleil, ne donnaient ni fleurs ni parfums, mais leurs racines puisaient une vie forte dans les terrains brûlants des premiers jours. Il y avait peu d'arbres, desplantesherbacées seulement, d'immenses gazons, des fougères, des lycopodes, des sigillaires, des astérophylites, familles rares dont les espèces se comptaient alors par milliers. (...)
L'écorce élastique du globe obéissait aux mouvements de la masse liquide qu'elle recouvrait. De là des fissures, des affaissements nombreux. Lesplantes, entraînées sous les eaux, formèrent peu à peu des amas considérables. Alors intervint l'action de la chimie naturelle ; au fond des mers, les masses végétales se firent tourbe d'abord ; puis, grâce à l'influence des gaz, et sous le feu de la fermentation, elles subirent une minéralisation complète. (...)
« Ce n'est qu'une forêt de champignons », dit-il. Et il ne se trompait pas. Que l'on juge du développement acquis par cesplanteschères aux milieux chauds et humides. Je savais que le « lycoperdon giganteum » atteint, suivant Bulliard, huit à neuf pieds de circonférence ; mais il s'agissait ici de champignons blancs, hauts de trente à quarante pieds, avec une calotte d'un diamètre égal. (...)
Ils étaient faciles à reconnaître ; c'étaient les humbles arbustes de la terre, avec des dimensions phénoménales, des lycopodes hauts de cent pieds, des sigillaires géantes, des fougères arborescentes, grandes comme les sapins des hautes latitudes, des lépidodendrons à tiges cylindriques bifurquées, terminées par de longues feuilles et hérissées de poils rudes comme de monstrueusesplantesgrasses. « Etonnant, magnifique, splendide ! s'écria mon oncle. Voilà toute la flore de la seconde époque du monde, de l'époque de transition. Voilà ces humblesplantesde nos jardins qui se faisaient arbres aux premiers siècles du globe ! Regarde, Axel, admire ! (...)
- Vous avez raison, mon oncle. La Providence semble avoir voulu conserver dans cette serre immense cesplantesantédiluviennes que la sagacité des savants a reconstruites avec tant de bonheur. - Tu dis bien, mon garçon, c'est une serre ; mais tu dirais mieux encore en ajoutant que c'est peut-être une ménagerie. (...)
Les animaux auxquels ils appartiennent ont vécu sur les rivages de cette mer souterraine, à l'ombre de cesplantesarborescentes. Tenez, j'aperçois des squelettes entiers. Et cependant... - Cependant ? dit mon oncle. (...)
Vers midi, des algues immenses vinrent onduler à la surface des flots. Je connaissais la puissance végétative de cesplantes, qui rampent à une profondeur de plus de douze mille pieds au fond des mers, se reproduisent sous une pression de près de quatre cents atmosphères et forment souvent des bancs assez considérables pour entraver la marche des navires ; mais jamais, je crois, algues ne furent plus gigantesques que celles de la mer Lidenbrock. (...)
Notre radeau longea des fucus longs de trois et quatre mille pieds, immenses serpents qui se développaient hors de la portée de la vue ; je m'amusais à suivre du regard leurs rubans infinis, croyant toujours en atteindre l'extrémité, et pendant des heures entières ma patience était trompée, sinon mon étonnement. Quelle force naturelle pouvait produire de tellesplantes, et quel devait être l'aspect de la terre aux premiers siècles de sa formation, quand, sous l'action de la chaleur et de l'humidité, le règne végétal se développait seul à sa surface ! (...)
Je passe comme une ombre au milieu des fougères arborescentes, foulant de mon pas incertain les marnes irisées et les grès bigarrés du sol ; je m'appuie au tronc des conifères immenses ; je me couche à l'ombre des Sphenophylles, des Asterophylles et des Lycopodes hauts de cent pieds. Les siècles s'écoulent comme des jours ! Je remonte la série des transformations terrestres. Lesplantesdisparaissent ; les roches granitiques perdent leur dureté ; l'état liquide va remplacer l'état solide sous l'action d'une chaleur plus intense ; les eaux courent à la surface du globe ; elles bouillonnent, elles se volatilisent ; les vapeurs enveloppent la terre, qui peu à peu ne forme plus qu'une masse gazeuse, portée au rouge blanc, grosse comme le soleil et brillante comme lui ! (...)
Sur leurs bords croissaient des fougères arborescentes semblables à celles des serres chaudes du globe habité. Seulement, la couleur manquait à ces arbres, à ces arbustes, à cesplantes, privés de la vivifiante chaleur du soleil. Tout se confondait dans une teinte uniforme, brunâtre et comme passée. (...)Jules Verne. Édition du groupe « Ebooks libres et gratuits ». I - Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock, revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19 de Königstrasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier de Hambourg. La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine. « Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus impatient des ...