Annexe : Les chapitres manquants des Aventures d'Arthur
Gordon Pymsur Les Editions sans Détour au format
Contient : créature (14)(...) Je compris pourquoi alors je m'employais à la tâche écoeurante de dépecer l'animal : ses yeux étaient d'un blanc uni et vitreux, complètement inutiles. Imitant Peters, j'écorchais lacréatureet retournais sa peau, de sorte que les minuscules plumes se trouvent contre ma peau et la tiennent au chaud. (...)
A moins d'un mille de là, visible au travers des rafales de vent et de neige, se tenait une tour titanesque - un repaire de géants, de dragons, ou de quelque fabuleuse mais répugnantecréature, car sa taille était bien trop élevée pour que l'on puisse envisager qu'elle ait pu être l'oeuvre de mains humaines. (...)
Je jure ici, devant Dieu, que cette Chose était non seulement animée, mais également intelligente, douée d'un esprit au moins aussi développé que le cerveau humain, mais malveillant, aussi vicieux que le Diable et tous ses démons. Sans l'ombre d'un doute, cettecréatureet ses congénères étaient responsables de l'érection de cet immonde phare infernal s'élevant audessus de nos têtes avec l'arrogance d'un Lucifer, car seul un esprit d'une telle malice aurait pu être en mesure de construire une horreur si étrangère aux lois naturelles de Notre Seigneur. (...)
Nous attendîmes pour sortir qu'elle y ait complètement disparu puis nous la suivîmes le plus furtivement possible : il était clair que lacréaturepouvait nous voir arriver de n'importe quelle direction de sa tête étoilée. Pour cette raison, nous prîmes grand soin de ne nous trahir d'aucune manière, progressant le long des parois de la pièce principale, puis observant la chambre dans laquelle s'était engagée lacréaturedepuis le seuil. Bien nous en prit, car nous découvrîmes, révélé par la lueur rougeâtre de la lanterne appartenant à la Chose, un tableau tiré des plus profonds abîmes de la perdition : en ce lieu gisaient les quatre Européens ayant survécu, immobilisés dans les liens grossiers noués par les Tsalalis. (...)
Tout comme de nombreux sols et parois de cette tour abandonnée de Dieu, l'autel était gravé d'étranges schémas et dessins que ni Peters ni moimême ne parvenions à comprendre. Tous les captifs semblaient étourdis ou inconscients, car ils ne réagirent pas lorsque lacréaturepénétra dans les lieux. Bien que n'étant pas en mesure d'embrasser du regard la totalité de la pièce, je pus observer qu'elle était plus large que celle dans laquelle nous nous trouvions précédemment, mais moins imposante que celle où se trouvait le puits. (...)
Nous étions toujours absorbés par l'étude de la pièce depuis notre point d'observation dissimulé, lorsque la terriblecréatures'approcha de l'un des captifs sans défense et l‘ agrippa de ses membres abdominaux. J'étais, tout comme Peters, paralysé d'horreur devant notre impuissance tandis que le pauvre malheureux était poussé lentement, le long de la plateforme inclinée, la tête la première, vers une fosse s'ouvrant au pied de l'épouvantable autel. (...)
Immédiatement, nous nous repliâmes en courant à toutes jambes, dévalant la rampe comme des flèches et priant pour que lacréaturene nous ait pas aperçus. Suivie uniquement par les hurlements atroces et s'affaiblissant, la Chose progressait avec une lente décontraction, portant sa lanterne rougeâtre à pas traînants vers la rampe, en direction des étages supérieurs. (...)
Nous retînmes notre respiration, n'osant ni bouger ni faire le moindre bruit tandis que les râles de l'agonisant résonnaient à travers la tour. Apparemment rassurée, lacréaturereprit son ascension, et disparut bientôt avec sa lanterne dans les hauteurs de la rampe en spirale. (...)
Peters menait la course, sa stature trapue et sa résistance exceptionnelle lui ayant permis de lutter mieux que nous contre les horreurs et les privations que nous avions endurées récemment. Mais tandis que nous traversions le dôme où se trouvait le puits, nous aperçûmes unecréaturese précipitant dans notre direction depuis les plus profonds abîmes de la tour, gravissant l'escalier en colimaçon ! (...)
Perdant tout espoir, nous comprîmes alors que, même à cinq, épuisés comme nous l‘ étions, nous n'avions aucune chance de nous défendre contre cettecréature. Finalement, Peters, se tenant à présent à l'arrière du groupe, lança notre lanterne vers lacréature, en un ultime geste de défi plus que dans l'espoir réel de causer des dégâts. A notre grand étonnement, aucune explosion ne survint. (...)
Totalement enveloppée de liquide, la Chose se débattit pendant quelques secondes puis se figea, tandis que la substance continuait à rougeoyer comme un feu de joie à son apogée. Avec horreur, nous contemplâmes lacréatureprisonnière dont les contours se ramollissaient tandis que la masse bouillonnante et aveuglante du fluide semblait littéralement les dissoudre. (...)
Mais, devant nos yeux ébahis, la substance sanguinaire, ayant maintenant l'apparence des flammes d'un violent incendie, projeta un tentacule rougeâtre qui s'empara de lacréatureet la ramena sur la plateforme, avant de la dévorer. Il n'y avait désormais plus aucun doute que ce fluide était vivant, et le véhicule de nos poursuivants se rapprochant implacablement du nôtre, la panique s'empara de nous. (...)Voici les 14 pages des chapitres manquants des aventures de Gordon Pym : 22 mars - Les ténèbres s'étaient sensiblement épaissies et n'étaient plus tempérées que par la clarté des eaux, réfléchissant le rideau blanc tendu devant nous. Une foule d'oiseaux gigantesques, d'un blanc livide, s'envolaient incessamment de derrière le singulier voile, et leur cri était le sempiternel Tekelili ! qu'ils poussaient en s'enfuyant devant nous. Sur ces entrefaites, NuNu remua un peu dans le fond du bateau ...