Annexe : Les chapitres manquants des Aventures d'Arthur
Gordon Pymsur Les Editions sans Détour au format
Contient : mer (7)(...) Nos maigres provisions ainsi que le corps de NuNu basculèrent dans le gouffre grondant, vers je ne sais quels lieux terribles dans les abysses de lamer. Depuis les jambes de la statue, il suffisait d'un saut pour rejoindre l'îlot pâle et sablonneux. (...)
Si nous ne trouvions pas quelque moyen de quitter cette île (un bosquet d'arbres ou peutêtre même une épave rejetée sur les berges par lamer), nous étions condamnés à rester en ce lieu pour le reste de notre existence. Nous nous employâmes donc à explorer l'îlot, en restant toujours proches de la rive, et non loin l'un de l'autre en raison de l'extrême épaisseur de la brume tourbillonnante, surpassant même les brouillards de Nantucket que j'avais connus enfant ; nous ne voulions pas nous perdre de vue. (...)
Nous avançâmes avec une grande prudence, habituant nos yeux à l'obscurité grandissante. Nous fûmes bientôt sous le niveau de lamer, car l'air était aussi moite qu'on l'aurait imaginé. Les parois suintaient d'une telle humidité qu'il m'en venait des visions de Jonas dans l'estomac de la baleine. (...)
Cette ignoble illumination projetée du haut de la tour colossale exhalait une telle malveillance que je sais ne jamais pouvoir effacer sa vue de ma mémoire ; monumentale comme une armada de navires sur lameret aussi terrifiante que le tonnerre sur l'océan. Il émanait de cet édifice païen une affreuse sensation de monstruosité, comme s'il ne s'agissait pas d'une construction terrestre, mais d'une énorme et blasphématoire Tour de Babel, érigée pour railler Dieu et toutes Ses saintes créations. (...)
Nous marchâmes pendant une journée avant d'atteindre la fin du tunnel et la surface de l'île, près de lamerbouillante. Nous n'avions pas eu besoin d'allumer notre dernière lanterne. Le coeur soulagé, nous surgîmes à l'air libre, découvrant alors d'importants changements : quelle qu'en ait été la source, la brume tourbillonnante avait disparu, de même que le grondement incessant de la cataracte. Marburg et Vredenburgh se précipitèrent vers la rive et découvrirent que lamer, bien que d'une température toujours extrêmement élevée, n'était plus parcourue par le puissant courant qui nous avait conduits à cet îlot. (...)
En l'absence de courant, il avait été aisé aux trois marins rescapés de mettre à l'eau le canoë des Tsalalis et de pagayer jusqu'à lamertandis que nous gémissions, inertes, au fond de l'embarcation. En s'éloignant de l'îlot, un froid de plus en plus intense s'était installé. (...)Voici les 14 pages des chapitres manquants des aventures de Gordon Pym : 22 mars - Les ténèbres s'étaient sensiblement épaissies et n'étaient plus tempérées que par la clarté des eaux, réfléchissant le rideau blanc tendu devant nous. Une foule d'oiseaux gigantesques, d'un blanc livide, s'envolaient incessamment de derrière le singulier voile, et leur cri était le sempiternel Tekelili ! qu'ils poussaient en s'enfuyant devant nous. Sur ces entrefaites, NuNu remua un peu dans le fond du bateau ...