Dossier d20 System
Contient : suppléments (14)(...) Dura lex, sed lex : Même si l'OGL et la d20 STL ont permis à de nombreux petits éditeurs semi-amateurs de produire dessupplémentsaussi 'officiels' que ceux des principaux acteurs du jeu de rôle actuel, il est important de comprendre que ces textes restent des contrats légaux, et qu'ils donnent des migraines aux juristes depuis leur publication en 2000 du fait de leur complexité et des zones d'imprécision qu'ils comportent. (...)
) à plus d'une centaine d'éditeurs et un millier de produits d20 d'actualité', en plus des anciennes gammes ou des jeux non-d20. L'apparition dessupplémentset jeux au format numérique ajoute encore au chaos ambiant. Dans ce contexte, les ventes sont encore plus éclatées entre les éditeurs et la lutte est rude pour se tailler une place sur les étagères des boutiques et des joueurs. (...)
Au niveau des perspectives, Shane Lacy Hensley estime que les éditeurs d20 anglo-saxons se répartissent plus ou moins en trois catégories : un premier tiers qui vend suffisamment et qui continuera à bien fonctionner, un dernier tiers composé de gens qui sortent dessupplémentsplus ou moins pour le plaisir mais ont conservé un emploi et qui donc n'arrêteront pas leur activité d'édition, et enfin un tiers médian qui n'atteint pas des chiffres suffisants pour survivre et qui est appelé à avoir de gros ennuis. (...)
En fait, à l'heure actuelle, seuls D&D3 et certains jeux à licence comme Star Trek, Babylon 5, Buffy, Angel ou le Seigneur des Anneaux peuvent se permettre de suivre le mouvement. Et bien souvent, les ventes du livre de base passées, lessupplémentsreviennent peu à peu à une qualité moindre : couverture souple, intérieur noir & blanc, etc. (...)
Jim Butler, son président, explique en substance que l'éditeur est assuré de perdre de l'argent en continuant à sortir dessupplémentsen couleur, au dessous d'un certain niveau de ventes. A contrario, Atlas Games, constatant une hausse des volumes des ventes pour lessupplémentsà couverture rigide, a choisi de passer finalement à ce format d'édition. Après l'aspect visuel des ouvrages, certaines choses ont aussi changé dans la façon de présenter le jeu et ses règles. (...)
Les concepteurs du d20 System ont fait preuve de la même rigueur pour bâtir D&D3 que celle appliquée pendant des années au jeu de cartes Magic the Gathering, important notamment dans le milieu du jeu de rôle la notion de 'game design'. Cette rigueur est visible notamment du point de vue des auteurs qui travaillent sur dessupplémentsau système, comme Matt Forbeck [7] ou Monte Cook [8]. Cette manière de présenter les règles s'est retrouvée dans un certain nombre d'autres jeux : Star Trek et son système CODA, ou Buffy et Angel avec l'Unisystem, entre autres. (...)
A la fin des années 90, dans une période plutôt morne pour le jdr, même un jeu dit 'de niche' pouvait espérer voir sessupplémentssur les rayonnages de nouveautés des boutiques et atteindre ainsi un succès d'estime suffisant pour assurer la survie à moyen terme du jeu en question. (...)
Lorsque, sur les étagères de nouveautés, on enlève la place occupée par le d20 et celle occupée par les jeux à succès et leurssuppléments, il ne reste généralement pas grand chose pour ces jeux de niche. Ainsi, depuis 2000, Blue Planet, Unknown Armies et Sengoku ont été plus ou moins abandonnés même si Unknown Armies trouvera peut-être une seconde vie via sa traduction française, Tribe 8 a connu une nouvelle incarnation 'dual-statted' compatible d20, et Trinity devrait ressortir sous peu dans une version d20. (...)
Là encore, les éditeurs sont confrontés à un cercle vicieux : nombre d'entre eux consacrent une partie de leurs efforts à produire dessupplémentspour le système d20 afin d'assurer leur subsistance et diminuent d'autant la visibilité de leurs autres gammes. (...)
Ce problème est d'autant plus critique que l'industrie du jeu a considérablement muté ces dernières années, passant d'un modèle de distribution 'backlist' à un modèle 'frontlist' : ce sont les nouveautés qui tirent les ventes vers le haut ou vers le bas et l'avenir d'un jeu peut être décidé en quelques mois à peine une fois les chiffres de vente obtenus, ou en quelques semaines selon les demandes de réassortiments. De fait, toute la production est orientée vers les nouveautés et lessupplémentsépuisés sont rarement réédités. Un éditeur comme Mongoose va même jusqu'à n'assurer le suivi d'une gamme que lorsque les nouveautés se vendent bien, sonnant le glas de gammes comme Slaine ou Judge Dredd. (...)
Un jeu sans nouveautés est de plus en plus rapidement considéré comme 'mort' et on a là un nouveau cercle vicieux pour les petites gammes : les ventes déclinent desupplémentsensuppléments, jusqu'à ce que l'éditeur ne puisse plus se permettre de sortir de nouveaux ouvrages. Le jeu est alors considéré comme mort par les joueurs et même les livres de base ne se vendent plus, jusqu'à ce que l'éditeur abandonne finalement l'idée de sortir quoi que ce soit. (...)
Certains tentent tout de même de juguler cela en modifiant au moins en partie leur mode d'édition : les saisons de COPS, le nombre limité desupplémentsd'Orpheus ou les ouvrages à bas prix de Post-Mortem ou Arkeos sont autant de tentatives visant à trouver un modèle économique plus viable et qui infléchisse enfin la courbe globale des ventes. (...)Depuis son apparition en 2000 avec la troisième édition de D&D, le d20 System basé sur l'Open Game License a changé le paysage du JdR. Ses détracteurs comme ses adeptes s'égosillent à n'en plus finir sur les forums du monde entier, les game designers les plus connus font la couverture des magazines de mode, et la souveraineté des Etats est battue en brèche par des mégacorpos nées de l'exploitation commerciale du d20. En attendant que le professeur Huntington consacre son prochain livre au choc des ...