Duels et conséquences
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Contient : école (12)Duels et conséquences Le cliquetis des armes résonnait dans la vaste pièce aux fenêtres hautes, décorée de lambris, qui servait de salle d'entraînement pour les apprentis spadassins de l'écoleLa pointe au coeur . Il y avait là une douzaine d'élèves, âgés de quinze ans tout au plus, qui, vêtus de chemises colorées et de plastrons de cuirs, s'exerçaient à l'art du fleuret, sous le regard impitoyable de leur maître d'armes. (...)
Lorsqu'elle jugea que tout le monde était suffisamment attentif, elle prit la parole : " Je vais être claire avec vous, messieurs. J'ai ouvert cetteécolepour faire du duel d'escrime un art, pas un travail de boucher, ni une foire d'empoigne. Je vous ai accepté comme disciples parce que l'un et l'autre me sembliez posséder les qualités requises ; manifestement, je me suis trompée... Vous pouvez ramasser vos affaires et retourner chez vous. (...)
Camille de Basconne - la Dame de Coeur, ainsi qu'ils l'appelaient entre eux - était un professeur exigeant, sévère, mais, d'ordinaire, dans ce genre de situation, elle usait de paroles moqueuses et acerbes, ou donnait une leçon d'humilité de la pointe de son épée... La voir aussi froide, cassante et définitive était pour le moins inhabituel. Lorsque Camille quitta sonécole, c'était le crépuscule. Elle jeta un regard en arrière : sur l'arche de pierre de l'entrée était gravée la devise de La pointe au coeur : " Ce qui compte, dans un duel, ce n'est pas toujours de gagner, mais c'est... le panache ! (...)
En larmes, humiliée et folle de rage, Camille avait jeté son fleuret par terre et avait couru se réfugier dans le fond du parc de l'école. Frédéric était arrivé, quelques minutes plus tard et lui avait tendu son arme : " Camille, " avait-il dit, " c'est indigne de toi... Mon père m'a dit un jour que le fils d'un soldat ne doit jamais pleurer. (...)
De grosses cernes violettes creusaient ses joues et son visage, habituellement souriant et agréable, était en permanence empreint d'une expression soucieuse, presque hantée. Par égard pour ses élèves, elle avait fermé sonécolepour le reste de la semaine, arguant qu'ils avaient besoin d'un peu de repos afin de retrouver un minimum de concentration. (...)
" Vous ne réagissez pas, madame ? " railla-t-il. " Vraiment, j'attendais plus de panache de la part de la fondatrice d'uneécole, qui se vante de mettre cette vertu au coeur même de son enseignement ! - Désolée, " répondit Camille en exécutant un enveloppement, qu'elle fit immédiatement suivre d'une prise de fer en sixte. (...)
Une femme au visage blême et tiré, aux yeux cernés, aux cheveux sales et à peine coiffés, qui paraissait bien plus que son âge et était aussi lente qu'un paysan eisenör. On lui avait également dit qu'elle avait fait du duel un art, que la devise de sonécoleétait quelque chose du genre " le panache avant tout "... Pour Gabriel, dans " panache ", il y avait " feu " et " passion ". (...)
" Eh bien, madame, lança la courtisane, " vous paraissez bien plus à votre avantage qu'hier au matin ! J'avais en vérité peine à croire que c'était la fondatrice de l'écolede La pointe au coeur qui se battait en duel ! " Camille lui jeta un regard peu amène. De toute évidence, cette personne cherchait à la provoquer. (...)
Je vous fais confiance pour le lieu et l'heure... - A l'aube, demain " répondit Camille d'une voix tremblante. " Dans le parc de monécole. " James hocha la tête, tourna les talons et disparut dans la foule. Alors, pour le maître d'armes, tout devint noir. (...)
Elle lui saisit fortement les doigts et, de nouveau maîtresse de ses émotions, lui raconta toute l'histoire : comment son oncle, la baron Victor Basconne de la Mothe, avait fait assassiner son frère par ambition ; comment sa mère avait été obligée de dissimuler la naissance de son fils et de l'envoyer, au loin, sur les terres d'Avalon ; comment le baron l'avait fait chanter durant des années, alors qu'elle savait que c'était un criminel et l'avait forcée à renoncer à ses biens ; comment il avait découvert qu'elle avait un fils, quelques jours avant que James n'arrive à la Cour du Soleil ; comment Camille s'était arrangée pour que James soit à jamais écarté de sa vie ; comment, enfin, après de longues années, elle avait réussi à venger son père, sa mère et avait finalement hérité de la somme de trois mille sols, tandis que le reste de sa famille était destitué de toute charge et tout titre de noblesse. " C'est comme cela que j'ai pu ouvrir officiellement monécole" conclut-elle. " Et cela fait dix ans, exactement, qu'a eu lieu ce duel affreux. Dix ans... Je n'oublierai jamais son visage, ce jour là. (...)
- Mais oui, c'est ça... " Avec une rapidité foudroyante et une grâce inouïe, Camille exécuta alors une sorte d'entrechat et atterrit en une fente parfaite sur son adversaire, à présent complètement paniqué. " Et une ! Spécialité de l'école... La ballestra ! " Elle recula, exécuta quelques moulinets, grava de la pointe de sa rapière, un pendu pour compléter le gibet ... " Et deux ! (...)
C'était le petit matin, lorsque Marinette arriva pour la seconde fois de sa vie devant les portes de l'écolede La pointe au coeur. Mais ce jour-là, elle montait son propre cheval - cadeau de Camille - un magnifique hongre pommelé et portait ses propres vêtements, des pantalons et une chemise dans les tons verts, assortis à ses yeux. (...)Le cliquetis des armes résonnait dans la vaste pièce aux fenêtres hautes, décorée de lambris, qui servait de salle d'entraînement pour les apprentis spadassins de l'école La pointe au coeur . Il y avait là une douzaine d'élèves, âgés de quinze ans tout au plus, qui, vêtus de chemises colorées et de plastrons de cuirs, s'exerçaient à l'art du fleuret, sous le regard impitoyable de leur maître d'armes. Un cri de rage retentit soudain, suivi de près par le bruit d'une chute. Les assauts cessèrent ...