Duels et conséquences
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Contient : gabriel (27)(...) Le noble qui l'avait engagée et son témoin, une femme vêtue de couleurs vives, emmitouflée dans une pèlerine écarlate bordée de fourrure, accompagnée d'un mignon, et, enfin, la personne qu'elle devait affronter, dans un duel au premier sang,Gabrield'Echiny. L'arbitre fut choisi au hasard entre les témoins. Les deux duellistes se placèrent en face l'un de l'autre. (...)
" commença l'arbitre - le témoin du noble. " En garde... Etes-vous prêts ?... Allez ! " Le duel s'engagea aussitôt.Gabrielporta la première attaque, qu'elle para machinalement, avant d'engager une série de feintes, sans grande conviction. (...)
- Désolée, " répondit Camille en exécutant un enveloppement, qu'elle fit immédiatement suivre d'une prise de fer en sixte. Elle se retrouva à moins d'un pas deGabriel, qui plongea les yeux dans les siens. Des yeux verts. Il fait beau et chaud. Les tilleuls sont en fleurs et dégagent des effluves printanières. (...)
Elle contemplait sa blessure, les yeux dans le vague et paraissait ne pas avoir conscience de ce qui l'entourait. " Madame... " Elle sursauta, releva la tête.Gabrield'Echiny, compagnon de Valroux et maître dans le style Boucher, avait de longs cheveux châtain, des yeux gris vert bordés de cils épais, une bouche généreuse et portait une petite cicatrice sur la pommette droite. (...)
" dit-elle en détachant la longe de l'étalon, " On retourne à Charousse. " Elle se hissa sur sa monture et s'éloigna au pas.Gabrield'Echiny observa, intrigué, cette grande femme dont la réputation avait fait le tour de nombreuses villes du pays. (...)
On lui avait également dit qu'elle avait fait du duel un art, que la devise de son école était quelque chose du genre " le panache avant tout "... PourGabriel, dans " panache ", il y avait " feu " et " passion ". Et Camille de Basconne en était complètement dépourvue. (...)
" Je me demande de qui cela peut venir..." osa la domestique. Camille haussa un sourcil et décacheta la missive. "Gabrield'Echiny " répondit-elle brièvement. " Une invitation, ce soir, au théâtre. Attends quelques minutes... " Elle se rendit jusqu'à son secrétaire, prit une feuille de papier, trempa sa plume dans l'encrier et rédigea une brève réponse. (...)
" Vous écrivez à l'encre violette ? " s'étonna l'adolescente. " Je déteste le noir. - Est-il beau ? - Qui donc ? " demanda Camille. "Gabrield'Echiny... C'est votre soupirant ? " Camille leva les yeux au ciel, exaspérée. " Oui à la première question, non à la deuxième ! (...)
Le maître d'armes examina son image dans le reflet de la fenêtre - comme la plupart des Montaginois, elle préférait éviter les miroirs, par crainte des fantômes parfois emprisonnés à l'intérieur - et haussa les épaules. Elle ne savait qu' attendre de cette soirée mais s'était résolue à accepter l'invitation deGabrield'Echiny, parce qu'elle savait avoir besoin d'un divertissement - même éphémère. Le Théâtre du Lierre, situé à l'entrée du Quartier des Arts de Charousse, avait été aménagé dans une ancienne chapelle, désaffectée depuis près de dix ans, puis rachetée par un noble mécène et transformée peu à peu en institution théâtrale. (...)
" Nicolas lui fit une invraisemblable révérence et prit congé. Elle avança un peu plus sur la place, cherchantGabrield'Echiny du regard. Elle le repéra enfin, appuyé nonchalamment contre le mur de l'ancienne chapelle, qui discutait avec une courtisane - la même qui l'avait engagé pour se battre en duel. (...)
La femme, vêtue d'une robe entièrement rouge et d'une coiffe assortie, se tourna vers elle, tandis queGabriels'inclinait brièvement. " Eh bien, madame, lança la courtisane, " vous paraissez bien plus à votre avantage qu'hier au matin ! (...)
" L'autre ouvrit la bouche, mais Camille ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit ; elle fit une brève révérence, saisit le bras deGabrielet, avec un sourire moqueur, lui souhaita le bonsoir. - " Vous vous êtes fait une ennemie, je pense " murmuraGabrieltandis qu'ils s'installaient dans une loge, non loin de la scène. " Une de plus, une de moins... J'espère simplement que cela ne vous nuira pas. (...)
Un homme mince et sec profita du retour de la lumière pour annoncer un entracte d'un quart d'heure et le rideau tomba. " Décidément, " commentaGabriel, " j'apprécie de plus en plus le travail du Maestro. Ses pièces possèdent toutes une vivacité et une finesse inégalables ! (...)
Paralysée, incapable de réagir, le maître d'armes ne parvenait pas à détacher les yeux des siens. Instinctivement,Gabriella prit par la taille et mit la main sur le pommeau de sa rapière. " Inutile, monsieur " lança l'homme d'un ton calme. (...)
Un verre de brandy était posé près d'elle, sur un guéridon. Elle se redressa en grimaçant, avala la boisson d'un seul trait et s'assit précautionneusement.Gabrield'Echiny était assis à une table, sur laquelle avaient été disposées quelques victuailles et l'observait, l'air impassible. (...)
Lorsqu'il en est parti, il était la risée d'une bonne partie des courtisans, déshonoré et convaincu que j'étais un monstre. - Est-ce vous qui l'avez ridiculisé ? " demanda calmementGabriel, en leur resservant du vin. " Oui... Et il est inutile d'essayer de m'enivrer, vous n'y arriverez pas. "Gabrieléclata de rire. " Au moins, j'aurai essayé ! " Il en but une gorgée, reposa son verre et observa : " Si j'ai bien compris, vous avez humilié publiquement votre frère - qui ignorait ce qu'il était pour vous - pour des raisons qui m'échappent... J'en déduis donc que vous avez appris son retour et que vous êtes depuis rongée par le remords... Ce que je me demande, en revanche, c'est pourquoi vous avez fait cela. (...)
- Afin lui sauver la vie... " répondit Camille d'une voix presque inaudible. Elle se mordit les lèvres, essayant d'ignorer la grosse boule qui s'était formée dans sa gorge.Gabrielposa la main sur la sienne. Elle lui saisit fortement les doigts et, de nouveau maîtresse de ses émotions, lui raconta toute l'histoire : comment son oncle, la baron Victor Basconne de la Mothe, avait fait assassiner son frère par ambition ; comment sa mère avait été obligée de dissimuler la naissance de son fils et de l'envoyer, au loin, sur les terres d'Avalon ; comment le baron l'avait fait chanter durant des années, alors qu'elle savait que c'était un criminel et l'avait forcée à renoncer à ses biens ; comment il avait découvert qu'elle avait un fils, quelques jours avant que James n'arrive à la Cour du Soleil ; comment Camille s'était arrangée pour que James soit à jamais écarté de sa vie ; comment, enfin, après de longues années, elle avait réussi à venger son père, sa mère et avait finalement hérité de la somme de trois mille sols, tandis que le reste de sa famille était destitué de toute charge et tout titre de noblesse. (...)
Dix ans... Je n'oublierai jamais son visage, ce jour là. Il est passé de l'incrédulité à l'horreur, puis à la haine absolue avec une telle rapidité... "Gabriell'avait écoutée avec attention, tout au long de son récit, sans l'interrompre une seule fois. (...)
" Mais je croyais que cet abominable petit arriviste, prétentieux et lâche s'était exilé en Vodacce ? Voilà qui est étonnant... " Elle sourit àGabriel. Parler lui avait fait du bien ; elle se sentait un peu plus lucide, à présent. " Pourquoi, maintenant que ces histoires sont réglées, ne parlez-vous pas avec votre frère ? " interrogea son compagnon. " Cela fait dix ans,Gabriel. Dix ans. On ne renonce pas si facilement à une vengeance que l'on prépare depuis des années... Il ne m'écoutera pas. (...)
Et puis je crois que le rôle de martyr ne me convient pas très bien ! Demain matin, j'irai chercher mes preuves et je lui parlerai. - A la bonne heure ! " lançaGabrielen levant son verre. " Demain matin, avez-vous dit ? " La jeune femme lui répondit par un sourire auquel il jugea inutile de résister. Lorsque Camille quitta la demeure deGabriel, il restait un peu plus d'une heure avant l'aube. Emmitouflée dans une épaisse cape d'homme, elle traversa la moitié de la ville avant d'arriver rue des Petits Pas. (...)
Tous ceux que vous aimez... Cette petite fera une très bonne prostituée non ? Après tout, c'est mieux que de mourir ! Quant à votreGabriel, il ne mettra que peu de temps à s'apercevoir qu'il vaudrait mieux pour lui qu'il quitte la Montaigne. (...)
" Je vous promets... Je vais disparaître à jamais de votre existence, vous n'entendrez plus parler de moi... - Pitié ? Avez-vous eu pitié de mon frère ? Auriez-vous eu pitié deGabriel, de Marinette ou de moi-même ? Pas que je sache ! Vous ne valez pas mieux que votre père ! Vous êtes même pire, car vous ne possédez pas une once de son allure et vous avez hérité de ses pires côtés ! (...)
Instinctivement, elle se retourna. Face à elle, chancelant mais de nouveau sur pied, se tenait James, soutenu par unGabrielencore mal réveillé, mais assez content de lui. Soudain, elle entendit le sifflement d'une arme que l'on dégaine et vit un éclair se précipiter sur le traître. (...)Le cliquetis des armes résonnait dans la vaste pièce aux fenêtres hautes, décorée de lambris, qui servait de salle d'entraînement pour les apprentis spadassins de l'école La pointe au coeur . Il y avait là une douzaine d'élèves, âgés de quinze ans tout au plus, qui, vêtus de chemises colorées et de plastrons de cuirs, s'exerçaient à l'art du fleuret, sous le regard impitoyable de leur maître d'armes. Un cri de rage retentit soudain, suivi de près par le bruit d'une chute. Les assauts cessèrent ...